Les afficheurs à Segments (LED)
Les afficheurs à LED sont des afficheurs qui permettent de visualiser un chiffre ou un nombre à l'aide de segments lumineux. Les sources lumineuses sont internes au composant et permettent l'affichage même en pleine nuit, ce qui n'est pas le cas des afficheurs LCD non rétro-éclairés. C'est quasiment toujours ce type d'afficheur qui est utilisé sur les radioréveils quand la couleur des chiffres est verte ou rouge. Les afficheurs à LED émettent la plupart du temps une lumière rouge ou verte, mais on en trouve aussi qui rayonnent dans le bleu, bien qu'ils soient moins répandus à cause de leur prix plus élevé. Il existe aussi des afficheurs fluorescents émettant une couleur bleue, mais il s'agit d'un type d'affichage de conception totalement différente, à ne pas confondre avec les afficheurs à LEDs bleues. A ma connaissance, on n'en trouve pas d'afficheur à LED diffusant de la lumière jaune.
Constitution d'un afficheur à LED
Les afficheurs à LED comportent
autant de LEDs que de segments à afficher, il y a une LED pour chaque segment.
Chaque LED est toute petite et forme juste un point émissif, et la lumière est
ensuite diffusée sous forme d'un bâton pour représenter un segment. Imaginez
simplement un triangle dont la pointe est dirigée vers le bas (pointe = LED) et
dont la surface rectiligne (base du triangle retourné) est la partie visible du
segment que l'on voit s'allumer.
Pour afficher un chiffre compris entre 0 et 9,
il faut au moins sept segments, et à ces segments ont été par convention
attribuées les sept premières lettres de l'alphabet : A, B, C, D, E, F et G.
Visualisation d'un chiffre
Pour afficher un chiffre donné,
il suffit d'allumer les segments qui vont bien. Par exemple, pour afficher le
chiffre 1, il faut allumer les segments (LEDs) B et C, et pour afficher le
chiffre 2, il faut allumer les segments A, B, G, E et D. Même principe pour les
autres chiffres.
Remarque :
l'affichage des chiffres 6 et 9 dépend du circuit de commande, on peut trouver
ces chiffres avec ou sans queue : segment A allumé ou éteint pour le chiffre 6,
et segment D allumé ou éteint pour le chiffre 9. Personnellement, je trouve
l'affichage plus joli quand les queues des chiffres sont allumées.
ou
et ou
Point décimal
Certains afficheurs numériques possèdent
une huitième LED ronde disposée à gauche ou à droite des segments, destinée à
représenter le point décimal (la virgule). Certains ont même deux points
décimaux, un à gauche et l'autre à droite. D'autres encore ont deux points
disposés du même côté, en haut et en bas. Et pour finir, d'autres ont deux
points diamétralement opposés, en bas. Le point décimal est généralement appelé
DP (Decimal Point).
Alimentation des segments
Comme chaque segment est une
LED, une résistance de limitation de courant doit être ajoutée en série avec
chacun d'eux. Le calcul de la valeur de cette résistance de limitation est le
même que celui à appliquer pour les LEDs "ordinaires", et est discuté à la page Alimentation
d'une LED). Exception : certains circuits intégrés de commande
d'afficheur disposent de sorties dont le courant est limité, par exemple à 10
mA. Comme dans ce cas précis le courant ne risque pas de dépasser cette limite
interne, l'absence de résistance en série avec les segments n'est pas
préjudiciable à l'afficheur.
Remarque : la consommation d'un afficheur unique ne doit pas être
prise à la légère. Quand tous les segments d'un seul afficheur classique sont
allumés (chiffre 8), cela représente tout de même une consommation de l'ordre de
70 mA. Pensez-y si l'alimentation se fait par pile...
Cathode commune ou Anode commune
Afin de limiter le nombre de
connexions au composant, toutes les LEDs sont réunies en commun avec une de leur
deux pattes de connexion. Pour sept segments (sept LEDs), cela permet de réduire
le nombre de pattes de 14 à 8. Afin de faciliter l'adaptation aux différents
circuits de commande existants, les constructeurs ont décidé soit de relier
toutes les anodes entre elles, soit de relier toutes les cathodes entre elles.
Un même afficheur peut donc parfois être décliné en version "Anode commune" ou
en version "Cathode commune" (abréviations AC et CC à ne pas confondre avec
Alternatif et Continu). Il existe de ce fait deux possibilités d'alimentation
des segments (LEDs). Si anode commune, on relie l'anode commune au pôle le plus
positif de l'alimentation, et on alimente chaque segment par une tension
"négative" (négative par rapport au pôle le plus positif). Si cathode commune,
on relie la cathode commune au pôle le plus négatif de l'alimentation, et on
alimente chaque segment par une tension positive. Les deux schémas ci-dessous
montrent comment procéder au raccordement des segments et de la connexion
commune pour l'affichage du chiffre 5, dans les deux cas de figure.
Certains circuits intégrés de commande d'afficheur, tel le CD4543,
permettent de choisir (par une simple broche de commande à placer à l'état
logique haut ou à l'état logique bas) si les sorties suivent une logique
positive ou une logique négative. Ce type de circuit est donc à même de pouvoir
piloter aussi bien des afficheurs à anode commune qu'à cathode commune. Bien
entendu, le point commun de l'afficheur doit être raccordé au bon pôle
d'alimentation.
Cathode Commune à la place d'un Anode Commune ?
Vous aimeriez bien installer un
afficheur à anode commune là où le circuit de commande est fait pour piloter un
afficheur à cathode commune. Ou l'inverse. Est-ce possible ? La réponse est
oui, dans certains cas. Je n'ai pas pris le temps d'explorer toutes les
cas possibles, mais si l'idée vous intéresse, je vous invite à réfléchir aux
deux adaptations proposées sur le schéma qui suit.
Ca n'a pas été testé en grandeur réelle, ce n'est pas sexy, mais ça
constitue un point de départ.
Exemples pratiques d'afficheurs
On voit parfois sur mes schémas
et sur ceux des autres des afficheurs LED sept segments avec des indications
sommaires de câblage. Bien souvent il s'agit d'afficheurs de type "générique" et
ne correspondent pas directement à un modèle que l'on peut acheter. La raison en
est que vous pouvez utiliser plusieurs modèles d'afficheurs à anode commune ou à
cathode commune. Pour ma part, j'utilise souvent les afficheurs de type D350PA
(anode commune) ou D350PK (cathode commune) qui possèdent deux rangées de 5
broches en haut et en bas.
Dans ce cas précis, les broches notées K1 et K2 correspondent aux
cathodes mises en commun dans l'afficheur, les deux broches sont reliées entre
elles en interne. Il en est de même pour les broches notées A1 et A2 qui font
référence aux anodes communes. Il existe d'autres types d'afficheurs (autres
références) qui adoptent le même brochage. Par exemple TDSR5150 (anode commune)
ou TDSR5160 (cathode commune). Mais vous pouvez bien sûr adopter d'autres
afficheurs avec des broches positionnées différemment.
Expérience avec mon fiston
Pour mettre ça en pratique, j'ai
monté sur une plaque d'expérimentation, un afficheur sept segments et quelques
microswitches pour allumer les segments à volonté, un par un :
Puis j'ai demandé à mon garçon d'activer les microswitches nécessaires
pour afficher tel chiffre ou telle lettre. La première manip s'est soldée par un
beau Pssshhhh suivi d'un Paff ! et un segment à rendu l'âme. C'est de ma faute,
j'avais laissé les pattes des résistances de limitation de courant trop longues,
et un court-circuit a eu lieu, alimentant le segment "a" directement sous 9V,
sans limitation de courant. Le segment s'est éclairé pendant 2 secondes en
faisant Bzzz (c'est la première fois que j'entend une LED faire du bruit), puis
à laissé une belle trace noire sur la plaque d'expérimentation, le substrat
ayant complètement fondu et cramé. Odeur aussi forte et désagréable qu'un de mes
pètes, Timothée et moi avons bien rigolé. Je suis sûr que vous aussi vous
rigolerez si cela vous arrive ;-).
Circuits de commande
Nous avons vu que pour afficher un chiffre, il faut alimenter en tension continue les segments qui correspondent au chiffre en question. A moins de toujours vouloir afficher le même chiffre, il est peu probable que vous reliez "en dur" chaque segment avec sa résistance de limitation de courant. Au lieu de ça, vous préfèrerez sans doute pouvoir afficher n'importe quel chiffre à partir d'un code binaire simple (de type BCD par exemple) ou effectuer un comptage à partir d'impulsions répétitives. Il faut admettre que ces opérations seraient relativement compliquées à mettre en oeuvre si vous deviez les réaliser avec des composants classiques tels que des portes logiques, car il faut transformer un mot binaire en un "mot spécial afficheur sept segments". Il existe heureusement des circuits spécialisés qui se chargent de toute la complexité du décodage, et permettent ainsi de grandement faciliter la conceptions des montages. Les circuits intégrés CD4511 et CD4543 sont deux exemples de circuits assurant ce décodage "complexe" (voir exemple d'utilisation avec un CD4543 à la page Compteur 1).
Afficheurs multiples
Quand il s'agit d'alimenter
plusieurs afficheurs pour représenter un nombre important (par exemple 2376),
il est recommandé de recourir au multiplexage avec un afficheur multiple, plutôt
que d'utiliser quatre afficheurs commandés chacun de son côté.
Ceci pour deux raisons. La première raison est que le nombre de
connexions peut encore être réduit, puisqu'il peut passer de 18 connexions à 10
connexions pour deux chiffres, et de 36 connexions à 12 connexions pour quatre
chiffres (avec point décimal).
La deuxième raison concerne la consommation électrique, qui est divisée
par le nombre d'afficheurs utilisés. Le multiplexage consiste en effet à
n'illuminer qu'un afficheur à la fois : le premier, puis le second, puis le
troisième, etc., mais à une vitesse suffisamment élevée pour que l'oeil n'y voit
que du feu. Pour plus de détails, merci de vous reporter à la page Affichage
et multiplexage. Ce procédé réduit un peu la puissance lumineuse
apparente, mais cela ne pose guère de problème dans la majorité des cas. Si la
vitesse de balayage des chiffres est trop faible, vous risquez d'observer un
scintillement, un peu comme si les afficheurs surfaient sur des vagues (on peu
observer ce phénomène sur certains radioréveils). On retrouve donc pour ces
afficheurs multiples, non pas une connexion commune (anode commune ou cathode
commune), mais autant de connexions communes qu'il y a de chiffres. Sur les
dessins ci-avant, les connexions communes sont appelées 1 et 2 ou 1, 2, 3 et 4.
En contrepartie de ces deux avantages, le circuit de commande peut être un peu
plus compliqué, surtout si on décide de le réaliser avec des circuits intégrés
ordinaires.
Remarque : vous pouvez tout à fait utiliser des afficheurs simples (isolés) pour constituer un afficheur multiple. Il suffit de relier en parallèle toutes les connexions des segments de même nom : connexion du segment A de l'afficheur N°1 relié en parallèle avec la connexion du segment A de l'afficheur N°2 et avec la connexion du segment A de l'afficheur N°3, connexion du segment B de l'afficheur N°1 relié en parallèle avec la connexion du segment B de l'afficheur N°2 et avec la connexion du segment B de l'afficheur N°3, etc.
Taille des afficheurs
Pour cet aspect mécanique, vous avez le choix. Il existe des affichages miniatures qui sont tellement petits, qu'une lentille (loupe) est nécessaire pour voir le chiffre (usage calculatrice ou appareils de mesures). Rassurez-vous, la loupe fait partie intégrante du système d'affichage. Il en existe aussi des très grands, destinés à l'affichage public (numéro d'étage dans les ascenseurs, affichage de scores sur tableaux de bord). Quand il s'agit d'afficher des chiffres qui doivent être visible depuis plusieurs dizaines ou centaines de mètres (scores dans les stades de sport), on n'utilise plus des afficheurs à segments simples, mais on crée des afficheurs géants avec des segments constitués... de LEDs individuelles (par exemple 60 LEDs pour un seul segment).
Afficheur à LED avec électronique intégrée
Pour faciliter la conception de certains circuits, des fabricants ont eu l'idée d'incorporer une électronique adaptée dans le boitier de l'afficheur même. Cette électronique peut être un simple circuit de décodage d'adresse (entrées BCD sur quatre fils), tout comme il peut intégrer toute une logique de comptage. Ces circuits sont certes bien pratiques mais ils coutent cher, c'est pourquoi on ne les trouve pas très souvent dans les réalisations personnelles. J'ai eu l'occasion de pouvoir utiliser des TIL311 pour réaliser un mini-fréquencemètre, il est vrai que la réduction de taille permise par l'intégration dans l'afficheur de toute l'électronique de comptage est intéressante.