Le Chardonneret jaune

photo d'un Chardonneret jaune

Le Chardonneret jaune Carduelis tristis, parfois surnommé serin sauvage, niche dans tout le sud du Canada, de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve, et dans la majeure partie du territoire situé au nord des États américains bordant le golfe du Mexique. Il préfère les arbres en terrain découvert, et on le trouve habituellement dans les vergers et le long des routes. À l'approche de l'hiver, il se déplace un peu vers le sud. Son aire d'hivernage comprend le sud de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse ainsi que la plupart des États américains.

Au printemps ou à l'été, le Chardonneret jaune est un oiseau qui se reconnaît facilement à sa livrée jaune vif et à son vol onduleux entrecoupé de " pèr-ri-o-ri, pèr-ri-o-ri " caractéristiques. Son bec conique court et fort en fait un représentant typique des oiseaux granivores nord-américains de la famille des Fringillidés.

Description

Le Chardonneret jaune mesure environ 11 cm; il a donc à peu près la même taille que le Moineau domestique. Au printemps, il se dépouille de tout son plumage, à l'exception des plumes noires des ailes et de la queue, et son bec tourne à l'orangé. La livrée du mâle devient alors jaune serin, et sa tête se pare d'une calotte d'un noir éclatant qui descend jusqu'au bec. Au vol, son croupion blanc fait contraste avec sa queue noire. Quant à la femelle, son plumage d'été est jaune olive, avec du jaune sur le cou et la poitrine.

Après une mue complète à l'automne, le plumage devient presque identique pour les deux sexes, chamois en dessous et brun olivâtre sur le dessus. Les ailes sont noires avec des barres blanches, et la queue, elle aussi noire, est bordée de blanc à son extrémité. La tête et le cou sont jaune pâle, et il ne subsiste plus que de légères traces du jaune éclatant du plumage d'été. Les petites sus-alaires (les plumes qui recouvrent les " épaules ") du mâle sont jaunes.

Au cours du premier automne et du premier hiver, les jeunes sont brun clair sur le dessus avec des barres alaires chamois plutôt que blanches, et les épaules sont d'un noir mat, ce qui les distingue des adultes.

On rencontre parfois en Colombie-Britannique un oiseau qui ressemble au Chardonneret jaune; il s'agit du Chardonneret mineur Carduelis psaltria. Celui-ci est légèrement plus petit puisqu'il mesure environ 10 cm. En été, le mâle adulte est noir ou olive sur le dessus, plutôt que jaune, et il conserve la calotte noire toute l'année. La femelle a un croupion olive plutôt que pâle. Les deux espèces nourrissent leurs jeunes de matières végétales régurgitées.

Parade nuptiale et comportement au nid

Au printemps, les mâles entreprennent la saison des amours en pourchassant une femelle, seuls ou en groupe. La femelle se défile en zigzaguant tandis qu'il arrive parfois que le mâle se mette soudainement à voler d'une manière lente et rectiligne. Pendant la période précédant l'accouplement, les couples décrivent des cercles, et le mâle gazouille pendant tout le vol. L'accouplement a lieu à la fin de l'été, et c'est aussi à ce moment-là que le nid est construit.

Le mâle délimite son territoire en gazouillant et en voltigeant d'une branche à l'autre. De plus, il décrit des cercles et vole de deux façons différentes : tantôt d'une manière lente et rectiligne, tantôt en exagérant son vol ondulé habituel. Dans ce dernier cas, il replie les ailes très près du corps, plonge vers le sol et redéploie ensuite les ailes pour remonter en exécutant une longue série de boucles.

Deux ou trois couples peuvent occuper des territoires adjacents et former un genre de colonie. Il se peut que ce regroupement facilite l'échange de renseignements au sujet des sources d'alimentation et des prédateurs. On observe une plus forte densité de nids là où il y a abondance de nourriture et d'eau.

Construction du nid

À la fin de l'été, la femelle construit son nid dans les branches terminales d'un buisson ou d'un arbre, à une hauteur pouvant atteindre 10 m. Les travaux s'effectuent par à-coups de 10 à 40 minutes au cours desquels les matériaux requis sont apportés et déposés à l'endroit choisi. Les périodes d'inactivité peuvent se prolonger pendant des heures ou des jours. Il s'écoule en moyenne huit jours entre le début de la construction du nid et la ponte du premier oeuf.

Pour construire l'extérieur du nid, la femelle arrache des fibres d'arbres morts, de mauvaises herbes et de lianes tout comme elle se sert aussi de chatons et d'herbes. Elle défait parfois les nids d'autres oiseaux afin de se servir de ces matériaux pour construire le sien. Elle renforce le pourtour du nid avec des bandes d'écorce maintenues en place à l'aide de la soie collante des araignées ou des chenilles. L'intérieur du nid est garni de duvet de chardons, d'asclépiades et de typhacées et a un diamètre d'environ 6,5 cm.

Le mâle accompagne généralement la femelle et l'aide parfois à réunir les matériaux nécessaires, mais c'est la femelle qui s'occupe de la construction comme telle du nid. Le mâle se perche tout près et chante afin d'attirer l'attention de sa compagne. Au premier signe de danger, l'un ou l'autre des partenaires fera entendre un sifflement (" souit ") ou un cri (" bèrbi, bèrbi, bi, bèrbi ").

Reproduction

De nombreux chercheurs se sont demandés pourquoi le Chardonneret jaune se reproduisait si tard dans l'année (de juillet à septembre). Parmi tous les Fringillidés, le Chardonneret jaune est le seul membre des Carduélinés à acquérir son plumage nuptial à la suite d'une mue. Chez la plupart des oiseaux de cette famille, les plumes s'usent graduellement avec le temps, et le plumage se transforme constamment jusqu'à la période de reproduction. Étant donné qu'il est inhabituel d'observer une mue prolongée chez un oiseau de la zone tempérée, on a avancé qu'il s'agissait peut-être là du seul moyen qu'ait trouvé cet oiseau au régime granivore hypoprotéique d'accumuler suffisamment d'énergie pour la reproduction. Ainsi, il se peut que ce soit la fin de la mue, plutôt que la quantité de nourriture disponible, qui détermine le moment de la reproduction, même si l'abondance des graines à la fin de l'été peut constituer un facteur important puisque les parents peuvent ainsi compter sur des réserves plus grandes qu'en mai ou juin pour nourrir les jeunes.

Le Chardonneret jaune pond de 4 à 6 oeufs d'un blanc bleuté et de la taille d'une arachide moyenne. Pendant que la femelle les couve, elle est nourrie par son partenaire. Ce dernier, l'oesophage rempli de graines, survole le nid en lançant des petits cris. La femelle affamée lui répond par des " tîtîtîtîtî " doux et ininterrompus. Parfois, la femelle quitte le nid pour recevoir la becquée. En d'autres occasions, le mâle se perche sur la bordure du nid et introduit son bec dans celui de sa compagne afin de la nourrir comme s'il s'agissait d'un jeune.

Les jeunes

À leur naissance, les jeunes sont recouverts d'un duvet gris, et leurs yeux commencent à s'ouvrir après trois jours. Ils ne deviennent vraiment actifs qu'au cours de la deuxième semaine; ils se disputent alors bruyamment la nourriture que leur apportent leurs parents à intervalles espacés. Cette nourriture consiste en une masse de graines non digérées, retenues ensemble par du mucus et régurgitées par les adultes.

Au début, les adultes retirent du nid les excréments des jeunes contenus dans des espèces de sacs, mais ces derniers apprennent plus tard à éliminer au-dessus de la bordure du nid, ce qui contribue à former un revêtement sur l'extérieur. Les oisillons se développent rapidement; lorsqu'ils quittent le nid, c'est-à-dire de 11 à 15 jours après leur éclosion, ils sont couverts de leur plumage juvénile jaune olivâtre.

Peu de temps avant d'apprendre à voler, ils commencent à émettre un cri juvénile qui ressemble à " tchic-ki " ou " tchic-oui ". Un premier jeune se hisse tant bien que mal hors du nid, va se percher sur une branche située tout près et essaye timidement ses ailes sur de courtes distances. Les autres ne tardent pas à suivre. La femelle peut alors commencer la construction d'un nouveau nid pour une seconde nichée. C'est le mâle qui se charge de nourrir les jeunes oiseaux. Leur cri juvénile lui permet alors de les localiser. À l'âge d'un mois, les jeunes sont totalement autonomes et ne lancent plus ce cri.

Alimentation

Le Chardonneret jaune a un régime varié. Principalement granivore, il bénéficie d'une abondance de nourriture pendant la majeure partie de l'année : graines de chardon, de pissenlit, d'ambroise, de molène, de cosmos, de salsifis, de tournesol et d'aulne.

Certains Fringillidés ne se servent pratiquement pas de leurs pieds pour se nourrir, mais le Chardonneret jaune s'en sert beaucoup. Il peut par exemple se poser sur une grappe de fleurs au sommet d'une onagre et s'agripper à la tige de manière à pouvoir délicatement en extraire les graines. Au printemps, les chatons qui pendent aux bouleaux et aux aulnes sont arrachés avec le bec et serrés contre la branche avec les doigts. Grâce à son habileté et à son poids minime (environ 11 g), le Chardonneret jaune peut tirer profit de sources d'alimentation relativement inaccessibles pour d'autres compétiteurs potentiels. À l'occasion, il mange aussi des insectes, notamment des pucerons et des chenilles, et il extirpe des larves des galles et des fruits.

Sauf pendant la période de nidification, le Chardonneret jaune est un oiseau sociable qui recherche la compagnie de ses semblables pour se nourrir et se déplacer. En hiver, il se mêle à ses cousins, les sizerins et les Chardonnerets des pins, afin de se nourrir dans les champs herbeux et les vergers situés près des régions boisés.

Dans son aire d'hivernage, il est facile d'attirer un Chardonneret jaune à un poste d'alimentation. Il préfère les mangeoires cylindriques suspendues munies de perchoirs. On peut les remplir de graines de tournesol ou, mieux encore, de chardon commercial ou guizotia, une graine importée d'Afrique. Il se pose aussi volontiers sur les plateaux fixés aux fenêtres ou installés dans la cour, où il peut se nourrir de sorgho, de millet, d'alpiste, de noix hachées et de graines de tournesol.

Avant une tempête, les oiseaux se nourrissent d'une manière frénétique aux mangeoires afin de se constituer des réserves importantes. Ce comportement peut accroître les chances du Chardonneret jaune de survivre dans des conditions climatiques difficiles.

Prédateurs

Divers prédateurs s'attaquent au Chardonneret jaune et à ses oeufs, notamment les chats, belettes, serpents, écureuils, geais, Éperviers bruns et Éperviers de Cooper. Il arrive aussi que le Chardonneret jaune meure accidentellement en s'accrochant dans les plantes du type bardane (ou artichaut, comme on l'appelle au Canada francophone).

Le Vacher à tête brune a l'habitude de déposer ses oeufs dans les nids d'oiseaux chanteurs plus petits que lui comme le Chardonneret jaune. Toutefois, la plupart des jeunes vachers mourront parce que le régime à base de graines des oiseaux chanteurs ne suffit pas à satisfaire leurs besoins alimentaires. Il est cependant vrai que la présence du vacher diminue les chances de mener à terme la couvée de chardonnerets.

Population

Le Relevé des populations d'oiseaux nicheurs du Canada nous donne une idée de la population de la plupart des espèces communes d'oiseaux. Les responsables de ce relevé considèrent que le Chardonneret jaune est un oiseau " commun ", mais les résultats indiquent un déclin des populations de couples reproducteurs dans les provinces Maritimes, dans le centre et le sud de l'Ontario et du Québec, et dans le centre des Prairies, de 1966 à 1983. Le Relevé des populations d'oiseaux nicheurs réalisé aux États-Unis a aussi démontré une diminution de la population de cette espèce au rythme moyen de 4 % par année. Ce déclin peut s'expliquer en partie par la destruction des habitats propices à la reproduction, l'évolution des pratiques agricoles et l'expansion des centres urbains.

Les données du recensement des oiseaux de Noël indiquent une augmentation du nombre de Chardonnerets jaunes qui passent l'hiver dans nos régions. Les résultats du Relevé des populations d'oiseaux nicheurs et du recensement des oiseaux de Noël ne sont pas nécessairement contradictoires. En effet, l'accroissement de la population pendant l'hiver peut être due à l'installation d'un plus grand nombre de mangeoires, tandis que la population totale peut continuer à diminuer.

Les populations d'oiseaux, notamment de Chardonnerets jaunes, fluctuent continuellement au gré des modifications subies par leur environnement. Pour comprendre ces fluctuations des effectifs, il est essentiel de surveiller et d'étudier les facteurs qui entrent en jeu.

Ouvrages à consulter

  • Godfrey, W.E. 1986. Les oiseaux du Canada. Éd. rév. Musée national des sciences naturelles, Musées nationaux du Canada. Éd. Broquet inc. La Prairie (Québec).


Publié en vertu de l'autorisation du ministre de l'Environnement
© Ministre des Approvisionnements et Services Canada, 1987
Réimprimé avec corrections en 1993
N° de catalogue CW69-4/70-1987F
ISBN 0-662-94264-4
Texte: E. Hayakawa
Photo: Tony Beck

 

 

 

 

 

 

 

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