Le Mésangeai du Canada

(Geai du Canada)

photo d'un Mésangeai du Canada

Dans les forêts de conifères du Nord, le Mésangeai du Canada Perisoreus canadensis ne passe pas inaperçu. Son comportement intrépide et fureteur le fait vite remarquer et met parfois à rude épreuve les personnes qui vivent, travaillent et séjournent en forêt.

Autrefois appelé Geai du Canada et Geai gris, il est aussi connu sous le nom populaire de " pie ".

Caractéristiques physiques

Le Mésangeai du Canada, qui mesure entre 25 et 33 cm de longueur, est légèrement plus gros qu'un merle. Il est semblable au Geai bleu, mais sans la huppe; sa queue est longue et ses ailes courtes et arrondies. Une tache gris foncé sur l'arrière de la tête se prolonge en une mince bande vers les yeux, ce qui contraste nettement avec le blanc du devant de la tête. Les épaules, le dos et la queue sont de teinte plus pâle, à reflet parfois bleuté, et le dessous de son corps est gris perle. Les oiseaux des deux sexes sont d'apparence identique.

Hors du nid, le petit se distingue facilement de ses parents par la couleur uniforme de son plumage gris foncé. Seules les plumes rigides servant au vol et celles de la queue sont, comme chez les parents, bordées de gris cendré. Le bec du jeune mésangeai est de teinte claire, passant de rose à la base à gris clair à noir.

Particulièrement soyeux et vaporeux, le duvet du Mésangeai du Canada, s'il est gonflé, fait paraître l'oiseau plus gros. Certaines plumes de ce duvet mesurent de 50 à 65 mm de longueur; elles fournissent une excellente protection contre le froid.

Les adultes muent une fois l'an. En mai et juin, après avoir couvé tôt dans la saison, ils peuvent paraître passablement dégarnis, des plumes manquant aux ailes et à la queue. Les jeunes commencent leur première mue en juillet. Dès la fin d'août, ils peuvent avoir perdu leur plumage gris foncé et ne plus se distinguer des adultes.

Aire de nidification

Aire de répartition

Au pays, le Mésangeai du Canada niche et hiverne dans la forêt boréale, autant dans l'ouest que dans l'est. Ce sont donc les forêts de conifères qui constituent son habitat de choix. Il réside également aux États-Unis, dans des régions forestières situées à des altitudes où la végétation et le climat correspondent à ceux de la forêt boréale canadienne.

L'aire d'hivernage de cet oiseau sédentaire est toutefois beaucoup plus vaste que son territoire de reproduction du fait qu'au cours de l'automne et de l'hiver, il doit parcourir de vastes régions à la recherche de nourriture. En quelques rares occasions, ses déplacements peuvent même se transformer en importantes migrations vers le sud.

Comportement

Le Mésangeai du Canada se déplace généralement seul ou en couple. Après la nidification, il arrive que des volées composées de plusieurs familles se forment. Son vol entre les arbres est doux et silencieux. Il s'incline adroitement sur son aile pour éviter les troncs d'arbre et autres obstacles, et quand il plane, ses ailes sont complètement déployées. Souvent, il saute de branche en branche et monte ainsi en spirale jusqu'à la cime. Il traverse rarement de grands espaces découverts et, lorsqu'il le fait, il vole en droite ligne, en battant des ailes. Au sol, l'oiseau avance en sautillant.

C'est surtout lorsqu'il est en quête de nourriture que le Mésangeai du Canada apparaît dans les camps de bûcherons, de trappeurs ou de chasseurs établis dans ses quartiers d'hiver. Après une inspection des lieux, l'oiseau, audacieux et affamé, subtilise des morceaux de viande dans les abris et les entrepôts. Ou encore il attend que le chasseur s'éloigne de sa prise pour se gaver. Il peut déclencher un piège dans le seul but de dérober l'appât. On raconte même que des campeurs se sont fait dérober leur bacon jusque dans leur poêle à frire.

À cause de ces larcins, le Mésangeai du Canada s'est acquis une réputation de coquin voleur. Toutefois, comme il est peu méfiant et facile à apprivoiser, le Mésangeai du Canada est un bon compagnon pour les gens qui vivent éloignés de la civilisation.

Cris

Le Mésangeai du Canada émet une grande variété de sons : des sifflements doux, des notes mélodieuses ou des bruits secs et rauques. Le plus fréquent est un sifflement interrogatif qui exprime la surprise ou une vive inquiétude. Il peut aussi émettre une série de notes grondeuses qui ressemblent à des gloussements monocordes. Le couple échange continuellement des sons doux, parfois entremêlés de cris plus rudes. Il arrive, mais très rarement, que le mésangeai se perche au sommet d'un épicéa ou se cache entre les branches, et se mette à chanter. On entend alors en sourdine un long chant mélodieux, plein de murmures, de sifflements et de cris doux.

Nidification

Le Mésangeai du Canada garde le même partenaire tout au long de son existence, mais, si l'un des deux meurt, l'autre s'accouplera habituellement de nouveau. La vie en famille est très intense. Lorsqu'on en voit un, c'est que l'autre n'est pas loin derrière. D'ordinaire, les parents et les petits restent quelque temps ensemble après la nidification.

Chez de nombreuses espèces non migratrices du Nord, dont le Mésangeai du Canada, les activités préparatoires à l'accouplement commencent dès l'automne. Chez le Mésangeai du Canada, le premier signe se manifeste par une attitude quémandeuse : l'un des oiseaux s'accroupit, secoue les ailes et tend le bec vers l'autre. Au début, il n'en retire généralement rien de plus qu'une légère caresse du bec.

À mesure qu'approche la période de nidification, la cour s'intensifie. L'une des phases consiste à donner la becquée au partenaire, qui l'accepte en se blottissant, les ailes frémissantes. Une autre phase consiste à se lisser mutuellement les plumes de la nuque.

Les mésangeais partent ensuite à la recherche de matériaux pour leur nid. Ils rassemblent tiges et poils de fourrure qu'ils laissent tomber ou qu'ils déposent dans la fourche d'une brindille. Avant la fin de février ou le début de mars, ils commencent à fréquenter un endroit précis où ils finissent de construire leur nid. On a déjà trouvé des nids contenant des oeufs à un moment de l'année où la température était au-dessous du point de congélation et où une épaisse couche de neige recouvrait le sol.

Les mésangeais construisent le plus souvent leur nid dans de jeunes épicéas ou des sapins baumiers, parfois dans des arbrisseaux, à une hauteur variant entre 1 et 9 m. Ils le fixent solidement à une branche, ordinairement près du tronc. Massif, le nid peut mesurer entre 16,5 et 18 cm de diamètre. La structure externe est constituée de brindilles et de feuilles mortes, souvent entrelacées de cocons vides, de fragments de guêpiers et de toiles d'araignée; vient ensuite vers l'intérieur une épaisse couche d'écorce de cèdre ou de saule. La cuvette intérieure est chaudement tapissée d'herbes fines, de poils de cerf et de lièvre et parfois, de plumes de tétras ou de gélinotte et de petites plumes de son propre duvet.

Le Mésangeai du Canada pond entre deux et cinq oeufs, en général trois ou quatre, de couleur verdâtre ou grisâtre, marqués de petits points vert olive. La femelle les couve pendant environ 18 jours, ne les délaissant que rarement. Les deux parents se tiennent toujours très près jusqu'à l'éclosion; après quoi ils doivent parcourir une plus grande distance pour trouver leur nourriture.

À leur sortie de l'oeuf, les poussins ont la peau bleu foncé couverte d'un duvet sombre et peu abondant. Le cinquième jour, leurs yeux commencent à s'ouvrir. Les deux parents nourrissent leurs petits en leur offrant au début des denrées à demi digérées qu'ils transportent dans leur gorge. Le mâle assume alors presque seul la tâche de l'alimentation, pendant que la femelle les garde bien au chaud. Plus tard, elle prendra la relève. Le nettoyage du nid est assuré par les deux parents, qui transportent les fientes ailleurs.

Une quinzaine de jours après leur naissance, les poussins sont prêts à quitter leur gîte. En quelques jours, ils apprennent à voler passablement bien, mais leurs parents continuent quand même de les nourrir pendant deux ou trois semaines.

Alimentation

La nourriture du Mésangeai du Canada est très variée. Les coléoptères, les chenilles, les larves et les oeufs de fourmi sont parmi ses aliments préférés. Il peut attraper des insectes au vol, comme un gobe-mouches. En feignant une attaque, il force parfois d'autres oiseaux à abandonner ou à laisser tomber leur prise. Les oeufs ou les poussins des autres oiseaux ne sont pas à l'abri de sa gourmandise, et il peut même manger ses propres oeufs s'ils sont stériles ou pourris. Il se nourrit aussi des baies de saison ainsi que d'aiguilles et de bourgeons de sapin.

À l'arrivée de la saison froide, le Mésangeai du Canada se met à raffoler de viande et de gras. Il peut tuer, emporter et manger une souris ou une musaraigne malade ou estropiée, gisant sur la neige. De la même famille que la corneille, le Mésangeai du Canada est un nécrophage qui se nourrit de déchets qu'il trouve dans les dépotoirs ou les terrains de camping. Les objets brillants l'attirent, mais lorsqu'il découvre qu'ils ne sont pas comestibles, il les abandonne en cours de route.

Le Mésangeai du Canada entrepose une grande partie de sa nourriture. Des trous percés par des pics ont été trouvés remplis de pain et d'autres aliments. La cavité formée dans le sommet d'une souche d'arbre tombée est une autre de ses bonnes cachettes. Il roule dans sa bouche les bouchées de nourriture qu'il ne veut pas manger immédiatement, jusqu'à ce qu'elles soient bien enrobées de salive. Il dépose ensuite ces bouchées gluantes sur une corniche, dans une fente ou entre les aiguilles d'un conifère où elles peuvent se conserver. Il lui arrive aussi de les enterrer.

Prédateurs

Ce sont les faucons et les Accipitrinés, rapaces à ailes courtes s'attaquant surtout aux oiseaux, qui présentent la plus grande menace pour le Mésangeai du Canada. Toutefois, la plupart de ces oiseaux migrateurs sont encore absents au début de sa période de nidification. Durant cette période de vulnérabilité, le hibou est son seul prédateur ailé. Cependant, les oeufs et les poussins sont, dans leur nid ouvert, la proie des écureuils, des martres, des porcs-épics, des ratons laveurs, des corbeaux, des corneilles et des Geais bleus.

Par son intelligence et son caractère affable, le Mésangeai du Canada se distingue des autres oiseaux. Sans ses doux battements d'ailes et ses soudaines apparitions, les forêts du Nord perdraient beaucoup de leur enchantement et de leur pittoresque.

Ouvrages à consulter

  • Cayouette, R. et Grondin, J.-L. 1977. Éd. rév. Les oiseaux du Québec. La Société zoologique de Québec, inc. Orsainville (Qué.).
  • Delaunois, A. 1990. Les oiseaux de chez nous. 2e éd. rév. et corr. Les Éditions Héritage inc. Saint-Lambert (Qué.).
  • Godfrey, W.E. 1989. Les oiseaux du Canada. Éd. rév. Éd. Broquet, en collab. avec le Musée national des sciences naturelles. La Prairie (Qué.).
  • Malenfant, D. 1980. Audacieux geai du Canada. Dans Forêt Conservation. Magazine de l'AFQ et des clubs 4-H du Québec. Québec (Qué.). 47(4):27-28.

 

Publié en vertu de l'autorisation du ministre de l'Environnement
© Ministre des Approvisionnements et Services Canada, 1973, 1980, 1993
Réimprimé en 1995
N° de catalogue CW69-4/62-1995F
ISBN 0-662-99696-8
Texte : Louise de Kiriline Lawrence
Révisé par Judith Kennedy, en 1992
Photo : Robert McCaw

 

 

 

 

 

 

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