L'ours noir


L'ours noir est, de nos jours, l'une des bêtes sauvages les mieux connues en Amérique du Nord. Pour le campeur, il est à la fois une cause d'ennuis et un attrait fascinant de la vie en plein air. La plupart des touristes sont fort déçus s'ils n'ont pas la chance de voir au moins un ours, ou même d'en entrevoir un, pendant leur séjour dans les parcs provinciaux ou nationaux.

L'ours noir appartient à la famille des ursidés, dont on trouve les représentants dans tout l'hémisphère boréal et dans le nord de l'Amérique du Sud. Les autres membres de cette famille en Amérique du Nord sont l'ours brun (de Kodiak), l'ours gris et l'ours polaire, qui sont tous trois beaucoup plus gros que l'ours noir.

En Amérique du Nord, l'ours noir occupe un vaste territoire allant d'est en ouest, jusqu'en Alaska du Nord, et jusqu'au Mexique du Sud. Il ne vit pas dans les régions extrêmes du Nord canadien, ni dans les déserts arides du sud-ouest des États-Unis.

Bien qu'il puisse être vu dans divers habitats, l'ours noir se tient de préférence dans les forêts denses et dans la brousse touffue. Mais c'est probablement dans les forêts mixtes de résineux et de feuillus qu'on en rencontre le plus. On estime qu'aux temps primitifs, le nombre d'ours noirs dans tout le continent s'établissait à 500 000. On ignore leur nombre actuel en Amérique du Nord, mais il est probable qu'il est inférieur à la moitié de ce qu'il était autrefois.

Particularités physiques et adaptation

L'ours noir est un gros mammifère trapu et massif ; à l'état adulte , il mesure quelque 1,5 m de longueur, et de 9 à 12 m de hauteur. Sa tête est de grosseur moyenne, le profil de sa face est plutôt droit, son museau est pointu et ses naseaux, allongés. Contrairement à celles d'autres bêtes sauvages, telles le loup ou le lynx roux, ses lèvres se retroussent facilement sur les gencives et elles sont très mobiles, ce qui lui permet de happer même de minuscules proies, comme des baies ou des insectes. Ses oreilles sont arrondies et ses yeux petits. Sa queue est fort courte et peu visible. Ses pieds sont recouverts d'une abondante fourrure. L'ours est un plantigrade, c'est-à-dire que, tout comme l'homme, le dessous du pied tout entier touche le sol. Chaque pied est pourvu de cinq doigts armés d'ongles forts et crochus, non rétractiles, très adaptés au fouissage, à l'arrachage des racines et au déplacement des souches et des troncs d'arbres lorsque l'animal est en quête de nourriture.

Vu son aspect trapu, l'ours noir paraît beaucoup plus lourd qu'il ne l'est en réalité. Les mâles adultes pèsent généralement de 135 à 180 kg, bien qu'on ait noté des spécimens dont le poids, exceptionnellement, atteignait plus de 270 kg. La femelle est un peu plus petite que le mâle et pèse environ 68 kg.

D'ordinaire, l'animal est noir, sauf que son museau tire sur le brun; souvent, une tache blanche orne sa poitrine ou le dessous de sa gorge. Même si les ours noirs sont les plus nombreux, certains ont le pelage brun, brun foncé, cannelle, noir tirant sur le bleu, ou même blanc; les cas d'albinisme sont très rares. Les bêtes au pelage clair sont plus nombreuses dans l'ouest du territoire de l'animal et dans les régions montagneuses que dans l'est. Ces différentes teintes de pelage peuvent se trouver dans une même portée mais, en général, dans ce dernier cas, ils sont tous de la même couleur que leur mère.

Chez l'ours noir, la vue est relativement faible, mais l'ouïe et l'odorat sont bien développés. L'animal en alerte cherche d'ordinaire à se placer dans la direction du vent par rapport à l'intrus, pour mieux l'identifier grâce à son subtil odorat. Dans certaines conditions atmosphériques favorables, il peut repérer de loin, et rien qu'à l'odeur qui s'en dégage, la charogne dont il est friand.

L'ours noir a une démarche très gauche lorsqu'il va en se traînant les pieds, mais il peut atteindre une vitesse étonnante s'il se croit en danger. Des animaux ont été vus courant à une vitesse de 56 km à l'heure sur de courtes distances. Ils sont d'excellents nageurs et traversent souvent rivières et petits lacs.

L'ours noir est aussi un grimpeur émérite. Les jeunes, lorsqu'ils sont apeurés, courent vers l'arbre le plus proche. Ils l'escaladent par petits bonds rapides, enserrant le tronc de leurs pattes de devant et poussant avec celles de derrière. Pour descendre, ils vont à reculons et souvent se laissent choir à trois ou quatre mètres du sol. Une fois sur celui-ci, ils filent lestement dans la brousse, apparemment inébranlés par leur descente précipitée.

Bien qu'on ne l'entende que rarement, l'ours noir émet plusieurs cris distincts : grognements hargneux, plaintes, reniflements divers. La mère avertit ses oursons d'un danger par un "jappement" bruyant, suivi d'une plainte ou d'un geignement. Les petits, alarmés, "pleurent" un peu à la façon d'un bébé au berceau.

Le mode de vie

L'ours noir est essentiellement un solitaire, mais un lien étroit unit la femelle à ses petits. La solitude du mâle cesse provisoirement à l'époque du rut, alors qu'il cherche à s'accoupler. L'accouplement a lieu en juin ou en juillet et la femelle met généralement bas au mois de janvier ou février suivant, alors qu'elle est encore dans son habitat d'hiver.

Sa portée est généralement de deux petits, quoiqu'elle puisse varier de un à quatre. À la naissance, les oursons mesurent de 150 à 200 mm de longueur et pèsent environ 225 g, soit deux cent fois moins que leur mère et, en proportion, beaucoup moins que tout autre petit placentaire. Ils se développent rapidement et sont très actifs au moment où ils quittent leur retraite, accompagnés de leur mère, au printemps. À un an, ils pèsent de 18 à 27 kg et seulement un peu plus à deux ans. Bien que les petits restent normalement avec leur mère au moins pendant un an, parfois plus longtemps, ils peuvent subvenir à leurs propres besoins dès l'âge de six mois.

Le mâle et la femelle peuvent atteindre la maturité sexuelle entre l'âge de trois et quatre ans. Alors que le premier continue de grossir jusqu'à sept ans, la seconde cesse de se développer un peu plus tôt. L'ours noir peut vivre jusqu'à 25 ou 30 ans, mais peu de son espèce dépassent plus de dix ans, à l'état sauvage.

À l'automne, lorsque les jours raccourcissent et que le temps se refroidit, l'animal se met en quête d'une retraite pour y hiberner. Il choisit ordinairement une vieille souche d'arbre, une bille renversée ou une grotte en flanc de montagne. La plupart du temps, ce repaire est juste assez grand pour qu'il puisse s'y blottir. D'ordinaire, la femelle, contrairement au mâle, en tapisse le sol avec des herbes, des fougères et des feuilles; la raison en est qu'elle hiberne plus tôt et trouve plus facilement ces matériaux que le mâle qui, lui, attend souvent jusqu'aux premières chutes de neige avant d'entrer dans sa tanière.

Dans la partie nord du continent, l'ours noir hiberne plus tôt et demeure plus longtemps dans son antre que son congénère du sud, tandis qu'au Yukon, l'hibernation dure environ six mois, commençant à la fin de septembre ou au début d'octobre. Au Mexique, les ours habitant les basses régions n'hibernent pas du tout.

Ceci dit, l'emploi du terme "hibernation" demeure quelque peu restrictif dans le cas de l'ours, puisque la température de son corps reste à peu près normale et que son métabolisme ne ralentit que très peu. La plupart de ces mammifères peuvent se réveiller si on les dérange suffisamment. Quand le temps devient exceptionnellement doux en hiver, certains quittent leur gîte pour faire de courtes sorties.

Au printemps, l'ours sort de sa tanière et se met en quête de nourriture. Il a un tempérament plutôt hargneux à cette époque, car sa longue léthargie hibernale le rend maigre et affamé.

Rapports avec l'homme

L'attitude de l'homme envers l'ours a toujours été imprégnée de prudence, de respect et même, dans les temps primitifs, de vénération. Encore de nos jours, beaucoup de tribus indiennes ont pour cet animal un respect particulier et réservent leur plus grande admiration pour le chasseur qui a su abattre une de ces bêtes. Lors des premiers temps de la colonie, les chasseurs d'ours jouissaient d'un grand prestige parmi les leurs, à cause des risques présumément attachés à cette activité. La possession d'une peau d'ours devint un symbole de prouesse et de bravoure. Même de nos jours, une peau d'ours exhibée dans un de nos foyers modernes suscite encore l'admiration.

L'ours noir se délecte des ordures ménagères et l'accumulation de tels déchets dans un endroit attire souvent ceux des environs. C'est ce qui les amène parfois à s'approcher des humains, lesquels prennent plaisir à surveiller le manège des bêtes en train de manger, surtout celui des oursons.

En général, cet animal est très timide et farouche et il évite de s'approcher de l'homme. On sait qu'il peut s'attaquer aux êtres humains, mais de tels incidents sont très rares. Les auteurs de ces attaques sont généralement des ours qui se sont nourris dans les poubelles ou dont la condition physique est misérable en raison de la vieillesse, de la maladie ou des blessures.

Lorsqu'on aperçoit des ours dans un parc ou un bois, il importe de se rappeler qu'on a affaire à des bêtes sauvages, avec lesquelles la prudence est de rigueur. Il faut s'abstenir de leur donner à manger. D'ordinaire, l'animal bat promptement en retraite lorsqu'on l'approche, mais il faut éviter les risques inutiles, car l'ours, comme l'homme, peut poser un geste imprévisible. Il est un sujet d'observation et de photographie très intéressant, mais vaut mieux tenir ses distances.

Source : Service canadien de la faune

 

 

 

 

 

 

Recherche personnalisée

Accuil