Le renard roux

photo d'un renard roux
Photo: Tony Beck

Le renard roux est l'un des mammifères les plus répandus au Canada. On le trouve dans toutes les provinces et dans les territoires. Il est aujourd'hui probablement plus abondant en Amérique du Nord qu'au moment où les Européens commencèrent à coloniser le continent au 16e siècle. Les scientifiques croient que son aire de répartition et ses effectifs se sont accrus à partir de cette époque parce que les pionniers agrandirent son domaine vital en éclaircissant les forêts denses et en réduisant largement les populations de loups qui limitaient son expansion.

Ce petit mammifère appartient à la famille des Canidés, comme le chien domestique, le coyote et le loup. Il fut un temps où les taxinomistes pensaient que le renard roux d'Amérique du Nord et celui d'Europe, plus petit, étaient deux espèces différentes. On sait aujourd'hui qu'il s'agit de la même espèce, Vulpes vulpes. Son aire de répartition couvre de façon continue l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord et prend de l'expansion en Afrique du Nord et en Australie, où elle a été introduite il y a un siècle par les chasseurs de renards britanniques.

Caractéristiques physiques

Le renard roux est un mammifère qui ressemble à un petit chien agile et de charpente délicate; son museau et ses oreilles sont pointus, son pelage long et lustré et sa queue, grande et touffue. Le mâle est un peu plus gros que la femelle. La taille varie quelque peu d'un individu à l'autre et selon les régions, les renards roux du nord tendant à être plus gros. L'adulte pèse entre 3,6 et 6,8 kg et mesure entre 90 et 112 cm du bout du museau au bout de la queue, cette dernière comptant pour le tiers de sa longueur totale.

Bien qu'on l'appelle renard roux, cet animal n'est pas toujours de cette couleur. Diverses autres colorations sont souvent rencontrées; on peut en compter deux ou plus chez les renardeaux d'une même portée. La couleur de base, et la plus répandue, est le roux, qui se présente sous diverses teintes, avec une ligne discrète d'un roux plus foncé sur le dos et un croisillon de même couleur entre les épaules. On trouve souvent les caractéristiques suivantes, ou du moins certaines d'entre elles : extrémités des pattes noires, présence de noir sur l'arrière des oreilles, museau légèrement noir, surface ventrale et gorge blanches ou de couleur plus claire, extrémité de la queue blanche et pattes gainées de blanc. Par ailleurs, il n'est pas rare de trouver des renards bruns ou noirs. Les renards plus bruns et plus foncés que la plupart des autres et qui ont un croisillon foncé bien marqué entre les épaules sont parfois appelés "renards croisés". On appelle communément " renards argentés " les renards roux dont la couleur de base est le noir et dont les jarres, plus ou moins abondants, ont des pointes blanches. Cette variété est particulièrement recherchée par les marchands de fourrures et a déjà fait l'objet d'un élevage sélectif intensif à l'époque où la fourrure de renard connaissait une vogue extraordinaire.

On a fait du renard roux, particulièrement dans les contes d'enfants, un animal téméraire, rusé et fourbe alors qu'en fait, il est timide, discret et de tempérament nerveux; en outre, il se montre très intelligent. En cas de danger ou pour prévenir ses congénères, il fait entendre un glapissement aigu.

Alimentation et chasse

Le renard roux consomme probablement surtout des petits mammifères, comme des campagnols, des souris ou des mulots, des lemmings, des écureuils, des lièvres et des lapins, mais il se nourrit aussi d'autres aliments très divers, dont certains végétaux. Son régime varie d'une saison à l'autre : il peut se nourrir principalement de petits mammifères durant l'automne et l'hiver et compléter son alimentation, au printemps, avec des oiseaux aquatiques nicheurs, particulièrement dans les prairies, au printemps, et des insectes et des baies en été. Le renard roux peut faire des ravages considérables dans les colonies d'oiseaux marins où il se régale d'oeufs et d'oisillons; il peut aussi s'attaquer à d'autres espèces d'oiseaux. On a observé des renards roux accompagnés de leurs renardeaux en train de se nourrir de touladis pesant de 1,5 à 3,0 kg et qu'ils capturaient en sautant directement de la berge dans un banc de poissons se trouvant en eaux peu profondes. Cet animal se nourrit d'une foule d'autres aliments : bébés phoques, castors, reptiles, fruits de toutes sortes et ordures ménagères. Il enterre ou cache souvent des réserves de nourriture, mais il se les fait fréquemment voler.

Le renard a la triste réputation d'être un voleur de poules et, de fait, il lui arrive de se faufiler dans les poulaillers s'il peut le faire facilement et sans danger. Cependant, il compense largement ces larcins en détruisant une multitude de petits mammifères et insectes ravageurs des récoltes, de sorte qu'ils sont aujourd'hui habituellement appréciés des agriculteurs.

Comme la plupart des chiens, le renard roux utilise son odorat, sa vue et son ouïe pour chasser. Son acuité visuelle est excellente, et il lui suffit de bouger légèrement une oreille pour localiser, grâce à sa très fine ouïe, un lapin tapi dans sa cachette. Son odorat est également très développé: il peut sentir les terriers abritant des jeunes lapins de même que les oeufs dissimulés dans les grandes herbes. Une de ses techniques de chasse est le mulotage: attentif au moindre bruit, il attend patiemment le passage d'un petit mammifère dans les herbes ou la neige puis, quand il sent que la proie est proche, il bondit sur elle. Il lui arrive aussi de creuser pour attraper une proie qu'il a localisée à l'odeur après l'avoir entendue bouger sous terre. Il chasse surtout au couchant, la nuit et au petit matin.

Cycle biologique

Les mâles et les femelles sont habituellement monogames. Il arrive souvent qu'une même femelle soit courtisée par deux mâles ou plus, et l'on a déjà relevé une tanière où trois adultes s'occupaient d'une même portée de renardeaux. Le domaine du renard et de sa famille s'étend sur 3,6 à 8,1 km2. La saison des amours s'échelonne de la fin de décembre (dans les régions plus chaudes) à la mi-mars. Après l'accouplement, les renards cherchent une tanière convenable; il s'agit souvent d'un terrier de marmotte abandonné, mais ils peuvent tout aussi bien s'installer dans le gîte d'un autre mammifère, une caverne, un tronc d'arbre creux, un fourré dense ou un abri qu'ils creusent eux-mêmes sous les granges ou d'autres constructions. Les petites buttes dans les champs, les berges des cours d'eau, les haies et les bordures des clôtures ainsi que la lisière des forêts sont leurs lieux de prédilection. Il tapisse les tanières creusées dans la terre avec des matières sèches, comme de l'herbe et des feuilles, pour protéger les nouveau-nés de l'humidité et du froid. Les tanières ont parfois plusieurs issues pour faciliter la fuite en cas de danger. Souvent orientées face au sud et offrant une bonne visibilité à partir de l'entrée principale, elles sont généralement aménagées dans un sol sec et sablonneux. Dans la mesure où elles restent en bon état, les renards peuvent les utiliser de nombreuses années. Un même couple peut disposer d'autres tanières dans le voisinage. Il arrive parfois que les renards transportent leur portée dans une autre tanière pour fuir un danger ou sans raison apparente.

La mise bas a lieu de mars à mai. La portée compte de un à dix renardeaux, la moyenne étant de cinq. Les petits sont aveugles à la naissance et n'ouvrent les yeux que dans leur deuxième semaine. Les parents sont patients et pleins de sollicitude envers leurs petits et jouent avec eux de temps en temps. La mère en prend le plus grand soin jusqu'à ce que leurs yeux soient ouverts, période durant laquelle elle empêche habituellement le père d'entrer dans la tanière, bien qu'il chasse pour la famille. Une fois que les renardeaux ont les yeux ouverts et commencent à faire leurs premiers pas, le père garde les petits quand la mère part chasser. À l'âge d'un mois, les renardeaux sont sevrés et commencent à jouer aux alentours de l'entrée de la tanière. À cette époque, les deux parents recommencent à chasser pour eux-mêmes et rapportent du petit gibier avec lequel les renardeaux s'amusent. Par le jeu, les petits se familiarisent avec l'odeur du gibier et apprennent comment le manger. Durant deux bons mois, les adultes les nourrissent à la tanière et leur montrent à chasser en traquant des souris ou des mulots dans les hautes herbes. Les petits s'exercent sous la surveillance des parents. Vers l'âge de trois mois, ils sont habituellement capables de se nourrir seuls et quittent la tanière chacun de leur côté.

Les jeunes renards parcourent de grandes distances au cours de l'automne, à la recherche d'un nouveau territoire. On a déjà repéré des jeunes mâles à 250 km de leur tanière natale. De l'automne jusqu'en mars, les renards se terrent dans des fourrés et des broussailles denses, même pendant les jours les plus rigoureux de l'hiver. Les jeunes renards qui survivent à leur premier hiver et qui se sont trouvés un territoire peuvent s'accoupler au printemps. Les couples peuvent se séparer durant l'hiver, particulièrement quand le gibier se fait rare, mais ils se retrouvent pour s'accoupler et élever leurs petits.

Prédateurs

L'être humain est probablement le principal prédateur du renard roux. Dans le passé, les renards étaient considérés comme nuisibles parce qu'ils s'attaquent à la volaille et se nourrissent d'oiseaux gibier et de petits mammifères recherchés par les chasseurs; ainsi, les gouvernements offraient des récompenses et des primes à ceux qui tuaient des renards. L'efficacité de cette pratique pour réduire les populations de mammifères est mise en doute, particulièrement dans le cas du renard, dont les couples peuvent produire chaque année cinq petits ou plus. Heureusement, la plupart des gens reconnaissent aujourd'hui que les avantages que tirent les agriculteurs de la présence des renards compensent largement les dommages qu'ils causent, et l'on n'offre généralement plus de récompenses pour les abattre. En outre, la valeur de la fourrure à poils longs s'est considérablement accrue ces dernières années, de sorte que le renard roux rapporte beaucoup aux trappeurs.

Pour gérer les populations de renards roux en Amérique du Nord, on ne fait principalement qu'interdire la chasse et le piégeage à partir du moment où commence l'élevage des renardeaux jusqu'au début de l'hiver, lorsque la fourrure est prête à être récoltée. Les renards nuisibles sont souvent tués localement.

Les loups, les coyotes et les chiens pourchassent les renards et peuvent même en tuer. Les combats avec les coyotes pourraient expliquer le fait que les renards se tiennent souvent près des établissements humains dans les prairies. Le lynx roux, le loup-cervier et le couguar sont au nombre des prédateurs du renard roux. Certains autres mammifères prédateurs, comme les ours, ne sont probablement pas suffisamment agiles pour attraper des renards, sauf par chance. Les aigles et les gros hiboux sont capables de les attaquer, mais on en possède peu de preuves.

La rage

Le renard présente occasionnellement un grave danger pour la santé publique, particulièrement dans les régions rurales lorsque des épidémies de rage frappent les populations de mammifères sauvages. Quand l'une de ces épidémies éclate, on tente parfois de réduire les populations de renards, de ratons laveurs, de mouffettes et d'autres mammifères porteurs de la maladie. En Ontario, certains progrès ont été accomplis en matière d'immunisation des populations de renards sauvages contre la rage grâce à des appâts à vaccin déposés près des tanières.

Comme la rage est presque toujours mortelle chez l'être humain dès l'apparition des symptômes, il faut éviter tout contact avec les renards atteints de la rage. Enragé, le renard, normalement timide et craintif, n'a plus peur des êtres humains et rôde souvent en plein jour, parfois l'écume à la bouche dans les stades avancés de la maladie. Les enfants doivent être mis en garde contre les renards hardis ou apparemment amicaux. La rage se transmet par la morsure d'un animal infecté. Si une personne est mordue, sa plaie doit être nettoyée immédiatement et elle doit voir un médecin de toute urgence. Le service d'hygiène animale le plus proche, habituellement la Division de la santé des animaux d'Agriculture Canada, doit être informé sur-le-champ. Si la chose est possible, le renard doit être capturé et gardé vivant jusqu'à son examen par un vétérinaire; s'il est abattu, la carcasse doit être expédiée dans les plus brefs délais à un laboratoire de pathologie animale. Tout retard pourrait entraîner la mort de la victime.

Ouvrages à consulter

  • Banfield, A.W.F. 1977. Les mammifères du Canada. 2e éd. Presses de l'Université Laval et University of Toronto Press. Pp. 277-280.
  • Beaudin, L.; Quintin, M. 1983. Guide des mammifères du Québec, de l'Ontario et des Maritimes. Éd. du Nomade. Waterloo (Qué.).
  • Duhamel, A.; Gaudreau, L. 1981. Fin et rusé comme un renard roux. Dans Forêt Conservation. Magazine de l'AFQ et des clubs 4 H du Québec. Québec (Qué.). Pp. 23-29.
  • Encyclopédie Larousse des animaux. 1990. Le renard roux. Dans Vie sauvage, n° 29. Société des Périodiques Larousse. Paris.
  • Wooding, F.H. 1984. Les mammifères sauvages du Canada Éd. M. Broquet. La Prairie (Qué.). Pp. 80-83.

 

Publié en vertu de l'autorisation du ministre de l'Environnement
Ministère des Approvisionnements et Services Canada 1989, 1993
N° de catalogue CW69-4/5-1993F
ISBN: 0-662-98185-5
Texte: J. P. Kelsall
Photo: Tony Beck

 

 

 

 

 

 

Recherche personnalisée

Accuil