Le Jeu de Dames
Jeux

Nombre de joueurs 2

Matériel

1 damier (plateau de 100 cases carrées, claires et foncées, disposées en quinconce).
40 pions : 20 blancs et 20 noirs (ici blancs et rouges).

But du jeu

Capturer toutes les pièces de l'adversaire ou le bloquer de sorte qu'aucun mouvement ne lui soit possible.

Les dames sont sans doute nées au Moyen Âge de la transposition sur un échiquier de Valquerque de doce
espagnol (mérelles de douze), où les pions (12 par joueur), se posaient sur les intersections d'un tablier
croisillonné.

Décrit dans le célèbre Livre des jeux d'Alphonse X de Castille (1283), ce jeu aurait pris plus tard le nom de
«jeu de dames». Sous l'appellation de «jeu plaisant», sa forme primitive qui ne connaissait pas l'obligation de
prendre survécut jusqu'au XVIIe siècle.

Une nouvelle version avec prise obligatoire, dite «jeu forcé» ou «forçat», apparut au début du xvie siècle, et
c'est encore en Espagne que furent publiés les premiers manuels. Le damier à 100 cases est probablement né
dans le nord de la Hollande à la fin du XVIIe siècle. Curieusement, c'est sous le nom de dames à la polonaise
que le jeu se répandit en France vers 1710-1720.

Le damier et les pions

Le jeu de dames se pratique sur un plateau carré de 100 cases (50 cases claires et 50 cases foncées disposées
en quinconce), appelé damier. Souvent double face (un côté damier, un côté échiquier), ce plateau comporte
parfois des cases fermées par des glissières où l'on range les pions.

Les deux adversaires prennent place de part et d'autre de ce plateau de manière que la rangée se trouvant
juste devant eux finisse à gauche par une case noire.

Afin de simplifier la description des différents coups, on a recours à un système appelé notation Manoury :
toutes les cases noires, appelées cases «actives», ont été numérotées de 1 à 50, de gauche à droite et de haut
en bas (diagramme n°1).

Pour indiquer qu'un pion se déplace, par exemple, de la case 19 à la case 24, on écrit « 19-24». Pour indiquer
que le pion 33 prend le pion 28 et se retrouve case 22, on écrit « 33 x 22. Mais les Russes, grands amateurs
de dames, se distinguent en remplaçant le signe « x » par le signe « : » et écrivent « 33: 22 ».

Avant le début de la partie, les 20 pions blancs et les 20 pions noirs occupent les quatre premières et les
quatre dernières rangées de cases foncées, les deux rangées du milieu restant vides (diagramme n° 2).

Règles du jeu

Les adversaires enchaînent en général plusieurs parties. Avant de commencer, ils tirent au sort leur couleur
de pions, qui changera ensuite à chaque partie. En tournoi, l'attribution des couleurs est fixée par les arbitres.
Le joueur à qui sont échus les Blancs a l'honneur de jouer le premier, puis ce sera aux Noirs, et ainsi de suite
alternativement.

La marche des pions. Un pion se déplace toujours vers l'avant, d'une case à la fois et en diagonale, dans la
mesure où la case suivante est libre ou occupée par un pion adverse non protégé (c'est-à-dire si la case située
juste après est vide) : dans ce cas, le premier pion capture le pion exposé en sautant par-dessus. Cette action
est appelée «prise».

La promotion. Quand un pion atteint, par simple déplacement (diagramme n° 3) ou par prise, une case du
bord opposé, c'est-à-dire la première rangée adverse, il est promu «dame» et acquiert de nouveaux pouvoirs ;
ce que son possesseur signale en posant par-dessus un autre pion de même couleur.

La dame se déplace elle aussi en diagonale, mais peut le faire en avant ou en arrière et d'un nombre illimité
de cases. Quand elle rencontre un pion non protégé et le prend en sautant pardessus, elle peut continuer sa
route en changeant de diagonale si une autre prise se présente (diagrammes nos 3 et 4).

3. pion promu et prise avec changement de direction

À droite, un pion blanc « va à dame ». À gauche, après avoir pris un premier pion noir sur la diagonale nord-
est, la dame bifurque pour en prendre un second sur nord-ouest.

4. marche de la dame

Ici, aucune prise n'est possible puisqu'il n'y a pas de pions non protégés.

Le langage des dames...

• A.L. : abréviation pour ad libitum (« au choix»); se dit à l'occasion d'une prise multiple quand l'ordre des
prises ne change rien au résultat.

• forcing : succession de coups conduisant l'adversaire dans une position perdante.

• gambit : sacrifice d'un ou de plusieurs pions pour placer le camp adverse dans une situation critique.

• pionner: faire un échange de pions par prise mutuelle.

La tenue des pions.

Les deux adversaires jouent à tour de rôle, un temps de réflexion étant alloué à celui qui «a le trait» (dont le
tour de jeu est arrivé). Mais le joueur de dames doit réfléchir «avec les yeux» ; s'il saisit, ou même effleure,
une de ses pièces, il est tenu de la jouer: «tout pion touché est joué», dit le règlement! S'il a amorcé un
mouvement, il peut se raviser et changer de destination tant qu'il n'a pas lâché la pièce en question.

Si une ou plusieurs pièces sont mal placées sur les cases et que le joueur souhaite seulement les remettre en
place, il pourra le faire en lançant l'avertissement d'usage: «J'adoube». Il est toute fois interdit d'adouber
durant le temps de réflexion de l'adversaire.

Conduite du jeu :

La prise Au jeu de dames, la prise constitue l'élément essentiel de la stratégie et est d'ailleurs obligatoire : si
un joueur a omis, volontairement ou non, de prendre une pièce non protégée, son adversaire peut l'y
contraindre.

Il faut aussi noter que la dame, malgré ses capacités de déplacement bien supérieures, est vulnérable tout
comme le simple pion, qui peut fort bien la prendre.

Le pion qui saute une pièce adverse peut avancer aussi bien en arrière qu'en avant. S'il se trouve alors devant
d'autres pièces non protégées, il devra obligatoirement continuer à les prendre (diagramme n° 5). Cette prise
multiple s'appelle une «rafle». Cependant, un pion qui, au cours d'une prise, « va à dame » (parvient au bord
opposé) n'est pas autorisé à poursuivre les captures en tant que dame, et il ne sera promu qu'au coup suivant.

La prise demande un peu plus de réflexion quand elle est effectuée par une dame : celle-ci peut en effet
prendre, à quelque distance que ce soit, toute pièce adverse suivie d'une ou de plusieurs cases vacantes. Si
elle trouve sur son chemin un autre pion non protégé, elle doit également le prendre, même si elle doit pour
cela changer de direction (diagramme n° 6), ce qui peut, si le joueur n'est pas assez vigilant, l'amener dans
une position vulnérable...

Au cours d'une prise multiple, il est possible de repasser deux fois (voire plus) sur une même case vide ; il est
en revanche interdit de prendre deux fois le même pion (voir les exemples proposés par les diagrammes nos 7
et 8).

7. double passage d'une dame dans une case 6 pions sont pris par la dame noire (case n° 4), qui passe deux
fois par la case n° 13.

8. un pion ne peut être pris deux fois, Le pion blanc en 22, pris une première fois, ne peut être repris, ce qui
sauve le dernier pion blanc en 11.

Qu'il s'agisse d'une dame ou d'un pion, et quel que soit le nombre des pièces capturées au passage, la prise
multiple est toujours considérée comme un coup unique.

Prise majoritaire.


Quand un joueur a le choix entre plusieurs prises ou groupe de prises possibles, il doit opter pour celle qui
aboutit au plus grand nombre de captures (diagrammes nos 9 et 10). C'est la règle de la prise majoritaire.

Les Blancs jouent 35-30. Les Noirs ont alors le choix entre trois prises :

• la dame noire prend le pion blanc de la case 28 ;
• la dame noire prend le pion blanc de la case 39;
• le pion noir 25 prend les deux pions blancs et se rend à la case 43.

Cette dernière prise (deux pions au lieu d'un) est majoritaire, donc obligatoire. Mais elle a des conséquences
funestes pour les Noirs, car les Blancs prennent à leur tour une dame et un pion par 28x48 et gagnent la
partie.

Son adversaire devra veiller à ce qu'il la respecte et le rappeler à l'ordre au besoin (avant déjouer lui-même ;
après il sera trop tard). Dans ce cas précis, la dame, quoique formée de deux pions, n'est évidemment
comptée que pour une seule unité et ne pèse pas plus qu'un pion.

Lors d'une rafle de plusieurs pions, les pièces ne doivent être enlevées du plateau qu'une fois la prise multiple
terminée - et dans l'ordre exact dans lequel elles ont été capturées. Cette règle peut elle aussi receler quelques
pièges pour une dame, à plus forte raison dans le cas d'une prise majoritaire. L'adversaire peut alors profiter
de la circonstance pour mettre en pratique une manœuvre à la fois simple et redoutable qui est baptisée «coup
turc» et dont le diagramme n° 10 offre un exemple.

Dame piégée

Dans cette position, les Blancs jouent 28-22. Les Noirs se voient dès lors obligés de prendre quatre pions
avec leur dame qu'ils déplacent donc ainsi : 4x31, 31 x48, 48x39 et enfin 39x28. Mais la dame noire ne peut
aller plus loin car le pion 22, qui a déjà été pris, la bloque, et le pion 32 est protégé par le pion 37.

Les Noirs se trouvent pratiquement pris au piège. Les Blancs ont maintenant le trait : ils peuvent prendre la
dame et les deux pions noirs, ce qui suffit à leur assurer la victoire.

En compétition, l'adversaire est en outre déclaré perdant dans les deux cas suivants :

• s'il refuse de se soumettre à une disposition du règlement ;
• s'il «perd à la pendule» (se montre trop lent dans le cadre d'un tournoi chronométré).

Symboles...

Ces signes sont utilisés conventionnellement pour qualifier les coups dans les publications spécialisées:

! : pour un coup fort !! : pour un coup très fort, voire gagnant ?: indique une faute
 ?! : coup surprenant ??:pour un coup très faible, voire perdant *: coup forcé
+ : signale le gain = : partie égale  


Partie nulle.

Aux dames, de nombreuses parties se terminent par un score nul, ce qui veut dire qu'aucun des deux
adversaires ne peut prendre l'avantage. Ils font ainsi jeu égal quand :

• les mêmes positions respectives se représentent trois fois dans la partie, que soit consécutivement ou non ;
• il n'y a eu que déplacement de dame, sans prise ni mouvement de pion, pendant 20 coups ;
• quand un joueur, qui conserve 3 pièces (dont au moins une dame), contre une seule dame à son adversaire,
ne réussit pas à prendre cette pièce unique au bout de 16 coups ;
• quand deux adversaires en arrivent à s'affronter à deux dames contre une, sans qu'il leur reste d'autres pions.

11. joueur bloqué

Dans cette position, les Blancs jouent 42-37. Les Noirs sont alors obligés de prendre par 32x41. Mais après
48-42 joué par les Blancs, ils restent bloqués. Les Blancs l'emportent donc : c'est ce que l'on appelle un gain
«par enfermé».

Enfin, une partie peut être déclarée nulle par accord mutuel. Tout joueur peut donc proposer «la nulle», son
adversaire restant libre d'accepter ou non (le fait de jouer équivaut à un refus). En tournoi, les règlements
interdisent la nulle tant que les joueurs n'ont pas joué 40 fois chacun.

Variantes

Dames allemandes

Le jeu allemand a pour principale caractéristique son damier de 8 cases sur 8, autrement dit un échiquier. Les
pions, au nombre de 12 par joueur, sont disposés en début de partie sur les cases noires des trois premières
rangées de chaque camp. À ces exceptions près, les règles ne diffèrent pas de celles des dames
internationales.

Dames canadiennes

Nos cousins canadiens utilisent un damier plus imposant de 12 cases sur 12 avec 30 pions par joueur ; ceux-
ci sont disposés en début de partie sur les cases noires des cinq premières rangées de chaque camp. Là
encore, les règles sont les mêmes que pour le jeu international.

Dames espagnoles

Les dames espagnoles sont, elles aussi, restées fidèles à l'échiquier 8 x 8, et les joueurs disposent également
de 12 pions chacun. Mais ces pions évoluent sur les cases claires et non sur les cases foncées. Cette
originalité mise à part, le jeu ne se distingue des dames internationales que sur un point, qui a toutefois son
importance : ici, les pions ne peuvent prendre qu'en avant et jamais en arrière.

Dames italiennes

Comme la majorité des dames européennes, les dames italiennes utilisent l'échiquier 8x8 et les joueurs y
conduisent chacun 12 pions. Les différences concernent essentiellement la marche et les prérogatives des
pièces. Les pions ne peuvent prendre qu'en avant, et ils n'ont pas le pouvoir de prendre une dame. En
compensation, les dames n'avancent que d'une case à la fois ; en revanche, elles peuvent, comme dans les
autres jeux, se déplacer ou prendre en arrière.

Dames russes

On les appelle encore «dames anglaises»... Il s'agit en fait du vieux jeu de dames pratiqué jadis dans la plus
grande partie de l'Europe, France y compris, sur le classique échiquier de 8 cases sur 8. Les règles diffèrent
assez peu de celles des dames allemandes, mais sont nettement moins contraignantes.

Ainsi, on n'y applique pas la règle de la prise majoritaire : s'il a le choix entre plusieurs prises, un joueur a le
droit de choisir celle qui lui convient le mieux, même s'il ne prend que 2 pions au lieu de 4. Enfin un pion qui
a été promu au cours d'une prise peut continuer à prendre en tant que dame sans que le coup soit interrompu.

Dames turques

Nombre de joueurs : 2

Matériel : 1 plateau carré monochrome de 8x8 cases ou à défaut un damier classique de 10 x 10 cases.
32 pions de couleurs contrastées (16 de chaque couleur).

But du jeu : Éliminer ou bloquer tous les pions adverses.

Bien qu'elles présentent de nombreux points communs avec les autres dames internationales, les dames
turques pourraient presque être considérées comme un jeu à part entière, car la disposition et la marche des
pions sont très différentes.

Le plateau.

La première singularité des dames turques est la non-différenciation des cases. Le plateau de jeu est
traditionnellement monochrome. Quand on y substitue, comme c'est généralement le cas, un échiquier
classique, les pions sont placés côte à côte et non en quinconce, aussi bien sur les cases claires que sur les
cases foncées.

La marche des pièces. En début de partie, les pions sont alignés sur toutes les cases des deuxième et troisième
rangées de chaque camp (voir dessin ci-dessous).

Les pions se déplacent d'une seule case à la fois, horizontalement ou verticalement (vers la gauche, vers la
droite ou en avant), jamais en diagonale, et ils prennent dans ces trois directions.

• Comme dans le jeu de dames traditionnel ils sont promus dames (et donc doublés) en atteignant le bord
opposé à leur camp.

• Les dames avancent d'un nombre de cases illimité et se déplacent seulement le long des horizontales et des
verticales, en avant ou en arrière, telles les tours du jeu d'échecs. Comme dans le jeu international, elles
prennent à distance et se posent ensuite sur la case libre de leur choix.

La règle de prise majoritaire est appliquée, mais, dans le cas de prises multiples, les pions sont enlevés à
mesure. Celui des deux joueurs qui réussit à prendre tous les pions de l'adversaire ou à l'empêcher déjouer
remporte la partie.

Jeu à « qui perd gagne »

Les variantes « qui perd gagne » sont communes à un grand nombre de jeux, mais celle des dames, dite aussi
«jeu à l'envers», se signale par son exceptionnelle richesse stratégique et est fort appréciée par les champions.

L'un des premiers grands théoriciens des dames, le Russe Petrov, lui a consacré une étude et certains clubs se
consacrent même exclusivement à cette forme de jeu.

Une partie de à qui perd gagne se déroule comme une partie de dames classiques. Seule différence: l'objectif,
qui est de se faire prendre tous ses pions. La règle de la prise obligatoire est, bien évidemment, l'arme
fondamentale de ce jeu où l'on va exposer ses pièces en cherchant des combinaisons contraignant l'adversaire
à en emporter le plus grand nombre.

 

 

 

 

 

 

 

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