Les dictons du temps qu'il fera

Prévoir le temps

Météo

Chacun sait que, s'il pleut à la Saint-Médard, il pleuvra quarante jours plus tard. C'est sans doute le plus connu des dictons météorologiques, mais il en existe beaucoup d'autres. Dans ces dictons se trouve condensée l'expérience météorologique de plusieurs générations.

En petits versets mnémotechniques, agriculteurs et marins, hommes habitués par la force des choses à lever le nez vers le ciel, ont ainsi résumé leurs constatations.

Beaucoup de ces dictons ont d'ailleurs une justification scientifique ; nous l'avons vu, par exemple, à propos du halo autour de la lune. Et parmi les autres, il s'en trouve toujours un pour corriger la prévision éventuellement erronée du précédent...

Ces dictons du temps qu'il fera sont parfois très anciens. C'est ainsi que les poètes latins Hésiode (VIIIe siècle av. J-C), Virgile (Ier siècle av. J.-C.) et Pline (Ier siècle av. J.-C.) se sont essayés à prévoir le temps.

Par la suite, groupées, ces prévisions ont donné lieu à des recueils et ont paru dans les almanachs. L'un des plus célèbres, publié à Londres en 1744, s'intitule Les Règles du berger de Ban-bury.

Il existe plusieurs façons de présenter ces dictons. Nous avons retenu celle qui fait la part du beau et du mauvais temps, bien que ce soient là des notions assez subjectives ; on peut toutefois considérer, sans grand risque d'erreur, que pluie et vent se rangent parmi les éléments du mauvais temps, et qu'un ciel dégagé de tout nuage correspond à du beau temps...

Dictons du mauvais temps

Pluie prochaine

Brouillard à la nouvelle lune,
Signe de pluie pour le déclin de la lune.
Arc-en-ciel du matin, Pluie sans fin.
La lune aux cercles pâlots Fait sortir les escargots.

Lune à cache-cache derrière les nuages C'est de la pluie ou des orages.

Si les poules se roulent dans la poussière, L'ondée est proche, estivale ou printanière.

Si passent nuages bas et très unis, La pluie n'attendra pas minuit.

Si l'hirondelle vole bas,
Ce sera la pluie à grand fracas.

Si par ciel très noir
II ne pleut pas le soir,

Soyez bien certains
Que c'est pour le lendemain.

Arc-en-ciel de matinée,
Du laboureur finit la journée.

Mais il en est quelques autres qui ne respectent pas la rime :

Herbe sans rosée, Signe de pluie.

C'est signe de pluie
Si le soleil disparaît dans un banc.

Lune et soleil cerclés
Annoncent pluie et mauvais temps.

Du vent en perspective
Cercle de hune
N'abat jamais mât de lune,
Car, le voyant,
Le capitaine attend grand vent.

Au ciel une voile [cirrus], Abats la toile.

Des nuages jaunes ou violets, Du vent à tout emporter.

Nuages transversants [direction perpendiculaire aux vents du sol] Annoncent grand vent.

Pluie et vent ensemble
Brebis qui paissent aux deux [altocumulus] Font temps venteux et pluvieux.

La lune pâle est pluvieuse, La rougeâtre toujours venteuse.

Lune barbouillée Appelle vent et giboulée.

Des nuages obscurs, jaunes ou verts, Annoncent grêle avec éclair.

Dictons du beau temps

Si la lune brille en clarté, Le temps sec est apprêté.

Nuages pommelés [cirro-cumulus], Femmes fardées Sont de peu de durée.

Moucherons au coucher du soleil, Pour demain un temps vermeil.

Chauve-souris très tard le soir,
Pour plusieurs jours de beau temps l'espoir.

Si à son lever le soleil plonge dans l'eau, Le soir n'en sera que plus beau.

Midi ciel vilain, Minuit ciel serein.

Arc-en-ciel du soir Fait beau temps prévoir.

Vent du soir ou pluie du matin N'arrêtent pas le pèlerin.

Rouge vêpre et blanc matin
Sont la joie [ou le souhait] du pèlerin.

Là encore, quelques dictons ne respectent pas la rime :

Quand il y a bonne rosée le soir, La journée du lendemain sera bonne.

Petite pluie Abat grand vent.

Du brouillard dans le croissant de lune Assure le beau temps.

Quand le vent tourne avec le soleil [dans le même sens],
Il annonce du beau temps ;
Lorsqu'il retourne, du mauvais temps.

Nous avons dit que certains dictons avaient un fondement scientifique. Parmi les exemples cités, en voici un qui concerne les arcs-en-ciel du soir et du matin :

celui du soir annonce du beau temps, celui du matin du mauvais temps. Pourquoi ?

Tout simplement parce que le soir le soleil se trouve à l'ouest ; s'il provoque un arc-en-ciel, c'est donc que les nuages se situent à l'opposé, à l'est, et que la pluie est passée, puisqu'ils se dirigent d'ouest en est.

Inversement, un arc-en-ciel du matin (où le soleil est à l'est) ne peut se produire que sur des nuages de pluie situés à l'ouest, et se dirigeant par conséquent vers l'observateur.

Prévisions à longue échéance

Parmi tous ces dictons populaires, il en est également quelques-uns qui prétendent prévoir le temps pour une échéance beaucoup plus lointaine, avec deux saisons d'avance parfois.

Mais personne, à vrai dire, n'a encore eu l'idée de vérifier leur véracité. Les hommes, en fait, oublient vite, surtout le temps qu'il a fait... Nous pouvons par conséquent, pour l'instant, leur accorder le bénéfice du doute.

En voici une demi-douzaine pour une prévision assez lointaine (de trois à six mois) :

A la Noël ciel laiteux [25 décembre], A la Saint-Jean ciel orageux [24 juin].

Neige avant et après Noël, Partout très long dégel.

Mars haleux [beaucoup de vent] Fait bon marier la fille du laboureur.

Explication : les vents, en mars, annoncent le dégel ; la terre sera donc d'un bon rapport, et la fille du paysan sera bien dotée.

Quand Saint-Marc n 'est pas beau [25 avril], Pas de fruits à noyau.

S'il pleut à la Saint-Pétronille [31 mai], Les raisins deviennent grappilles.

En août jours de temps sombre, En janvier des pluies sans nombre.

Ajoutons-en six autres, pour une prévision plus rapprochée (un ou deux mois) :

Février trop doux, Printemps en courroux.
(Ce qui signifie qu'il y aura des gelées en mars-avril.)

À la Saint-Vincent [22 janvier], L'hiver se reprend ou perd sa dent.

À la Chandeleur [2 février], L'hiver passe ou prend rigueur.

À partir de la Sainte-Biaise [3 février], L'hiver redouble ou s'apaise.

De même à la Saint-Mathias [24 février], C'est souvent la fin des glaces.

Ces quatre dictons expriment la même idée, pour des dates différentes, réparties sur près de cinq semaines. Et tous, on le voit, concernent le temps de transition entre l'hiver et le printemps.

Signalons enfin celui-là, bien connu des montagnards pyrénéens :

Soleil le matin de la Chandeleur, Quarante jours à la tanière.

Explication : du temps où il y avait encore des ours dans nos montagnes, on avait remarqué que, s'il faisait beau début février (à peu près à l'époque de la Chandeleur), l'ours ne quittait pas sa tanière et y restait encore pour un mois et demi, car l'hiver se poursuivait.

Si en revanche un froid vif ou de la pluie sévissait, c'était l'indice de l'arrivée prochaine de la belle saison.

En résumé, retenons de ce qui précède que, pour avoir un beau printemps : février ne doit pas être trop doux, mars doit être «venteux».

Signalons enfin qu'il existe pour les prévisions à longue échéance une méthode empirique assez peu connue, proposée par l'abbé Largeau et qui se résume en ce quatrain :

Du Solstice à Noël, c'est l'indice général continuel. Après Noël, c'est l'indice mensuel Dans chaque jour de la série, Jusqu'à l'Épiphanie.

Ce qui signifie, en clair, que le temps qu'il fait du 22 au 25 décembre correspond à la tendance générale de l'année qui suit. Du 26 au 28 décembre, on a l'aspect général de l'hiver, du 29 au 31 décembre celui du printemps, du 1er au 3 janvier celui de l'été, du 4 au 6 janvier celui de l'automne.

Chaque jour, du 26 décembre au 6 janvier, représente donc un « condensé » du temps qu'il devrait faire durant chacun des mois de l'année, successivement.

Si l'on s'en tient à la méthode de l'abbé Largeau, le temps du 1er et du 2 janvier revêt une grande importance, car il préfigure celui de nos vacances...


 

 

 

 

 

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