Les hommes et le temps

Prévoir le temps

Météo

Hésiode et Aristophane, poètes grecs, ironisaient déjà, au VIIIe et au Ve siècle av. J.-C., sur les caprices du temps.

 Un siècle plus tard, le philosophe Aristote tenta de prévoir ces caprices à partir de l'état du ciel, et c'est sans doute lui qui, vers 350 av. J.-C, écrivit le premier «traité» de météorologie.

Un peu plus tard, vers 270 av. J.-C., son compatriote Aratos, poète, exprimait ses prévisions en vers. Lui aussi se référait aux «signes du temps», car personne n'en comprenait alors les mécanismes physiques.

De même Virgile, l'auteur des Bucoliques, dira un peu plus tard :

« Si tu es attentif au cours de la lune, jamais tu ne seras trompé sur le temps du lendemain : si au quatrième jour la lune se lève pure et claire, jusqu'à la fin de la lunaison les jours seront sans pluie et sans vent... »

Pline, au Ier siècle de notre ère, fit également quelques remarques du même genre pour tenter de prévoir le temps.

La naissance de la météorologie

II faudra attendre le XVIIe siècle et l'invention d'instruments de base comme le thermomètre, le baromètre ou l'hygromètre, pour que la météorologie devienne véritablement une science.

Parallèlement, il convenait également d'étudier les lois des gaz et de déterminer la composition de notre atmosphère.

La première mesure atmosphérique fut peut-être celle du cardinal de Cusa qui, au XVe siècle, évaluait le degré d'humidité de l'air en pesant des boules de laine respectivement sèche et humide.

L'un des tout premiers instruments météorologiques fut sans doute la girouette, inventée vers 1500 par Léonard de Vinci ; il aurait également imaginé l'hygromètre, mais c'est en fait Ferdinand II de Toscane qui, vers 1650, réalisa le premier appareil à mesurer l'humidité de l'air. Quant à l'hygromètre à cheveu, dû à De Saussure, il n'apparut qu'en 1783.

Le thermomètre fut découvert en 1597 par Galilée, mais il n'existait alors aucune « échelle » de mesure. C'est le Néerlandais Huygens qui proposa, en 1665, de définir la température à partir de deux états caractéristiques de l'eau : sa congélation et son ébullition.

Réaumur, en 1733, adopta cette idée en fixant la valeur 0 comme température de la glace et 80 pour celle de l'eau bouillante.

Trois ans plus tard, cependant, le Suédois Celsius trouvera plus judicieux de définir une échelle centigrade, avec les valeurs 0 et 100 pour ces deux points caractéristiques. Cette échelle est toujours en vigueur et adoptée partout, sauf dans les pays anglo-saxons, qui utilisent l'échelle fixée par l'Allemand Fahrenheit en 1710 avec pour points de repère 32 et 212.

Le baromètre apparut en 1643, environ un demi-siècle après le thermomètre, grâce à l'Italien Torricelli, qui montra que la pression de l'air équilibre une colonne de 76 cm de mercure.

Galilée, peu de temps auparavant, avait effectué pour sa part la première pesée de l'air et trouvé une densité 460 fois inférieure à celle de l'eau (en réalité 788 fois).

Quatre ans plus tard, avec l'aide de son beau-frère, le mathématicien Biaise Pascal démontra que la pression atmosphérique diminue avec l'altitude. Tous les baromètres étaient alors des baromètres à mercure. Celui qui nous est le plus familier aujourd'hui, le baromètre anéroïde, sera inventé bien plus tard, en 1847, par Vidi.

Avec l'anémomètre (inventé par Hooke en 1664 et perfectionné par Wattman en 1790), puis avec le pluviomètre (imaginé par Towneley en 1677), la panoplie des instruments météorologiques de base est complète. Grâce à eux, il est devenu possible de définir avec précision l'état de l'atmosphère. Des relevés sérieux et suivis vont alors pouvoir être effectués.

Ces relevés prennent d'abord la forme de «journaux météo ». Les plus anciens, retrouvés à Florence, datent de 1655. Trois ans plus tard, ils font leur apparition en France et en Angleterre ; citons, parmi les plus intéressants, ceux du philosophe John Locke, qui débutent en 1666.

Les mesures, toutefois, sont encore irrégulières jusqu'en 1706, où des relevés ininterrompus sont effectués à l'université d'Utrecht.

Pour Paris, il faudra attendre 1757. Les premiers relevés réalisés en Amérique du Nord sont ceux de New York, à partir de 1812.

La météorologie moderne

La météorologie, toutefois, n'est entrée dans une phase active qu'avec l'installation de stations d'observation, nombreuses et permanentes, travaillant en étroite coopération ; car le temps ignore les frontières.
C'est alors seulement que la météorologie prévisionnelle devint possible.

L'évènement qui présida à la naissance de celle-ci fut d'ailleurs très particulier. Le 14 novembre 1854, en pleine guerre de Crimée, la flotte française ancrée à Balaklava, dans la mer Noire, est détruite par une violente tempête. À la demande de Napoléon III, le maréchal Vaillant, ministre de la Guerre, charge alors l'astronome Le Verrier de rechercher l'origine de cette tempête pour savoir si elle aurait pu être prévue.

Après avoir rassemblé les relevés effectués dans plusieurs observatoires et universités, Le Verrier réussit à suivre cette tempête à la trace à travers toute l'Europe, et en tire la conclusion qu'elle aurait pu effectivement être prévue.

Remarquons à ce propos que dès 1781 le chimiste Lavoisier, reprenant une idée du physicien Borda, avait suggéré la possibilité de créer un réseau de stations météorologiques ; mais la guillotine interrompit ses projets...

Toujours est-il que, deux ans après la tempête de Sébastopol, on compte vingt et une stations en Europe et, à partir de 1863, l'Observatoire de Paris, dont Le Verrier est le directeur, diffuse régulièrement des « bulletins du temps » et lance occasionnellement des avis de tempête.

Le premier bureau météorologique français sera d'ailleurs créé peu après, en 1878. C'est pourquoi des comparaisons valables entre les relevés météorologiques actuels et des relevés plus anciens ne peuvent porter que sur un siècle.

Certes, nous l'avons vu, il existe pour quelques villes d'Europe des relevés météorologiques partant du milieu du XVIIe siècle, mais ils ne sont guère utilisables parce que non calibrés (instruments mal étalonnés, relevés très irréguliers).

Lorsque la Météorologie nationale nous annonce par exemple qu'il n'a jamais fait aussi froid depuis trente ans, elle se fonde donc sur les relevés des cent années écoulées depuis la création d'un bureau officiel, en 1878. Cette durée, on le voit, est ridiculement courte à l'échelle de l'histoire humaine, et c'est pourquoi nous avons beaucoup de mal à suivre avec précision le temps des siècles écoulés.

En 1921 apparaît l'Office national météorologique, qui devient simplement, à partir de 1945, la Météorologie nationale, organisme rattaché au ministère des Travaux publics.

Sur le plan mondial, la coopération se fait sentir très tôt, puisque c'est en 1878, l'année même où naît le premier service météorologique officiel en France, que trente-deux pays se réunissent à Vienne pour créer l'Organisation météorologique internationale.

Après la seconde guerre mondiale, en 1947, elle deviendra l'Organisation météorologique mondiale, institution spécialisée de l'O.N.U. qui regroupe aujourd'hui cent trente pays membres, soit pratiquement 90 pour 100 des États de la planète.

Entre-temps, de nouveaux moyens ont été mis à la disposition des météorologistes. A partir de 1890, par exemple, on inaugure les mesures en altitude à l'aide d'instruments fixés à des cerfs-volants, jusqu'à ce que Teisserenc de Bort et Assman, en 1898, développent la technique du ballon-sonde, permettant alors d'atteindre la stratosphère, à 13 000 m d'altitude. Cette technique sera perfectionnée en 1927 par Bureau et Idrac, inventeurs de la radiosonde.

Les instruments de mesure sont alors reliés à un émetteur radio qui transmet leurs mesures au sol sous forme codée, tandis qu'un parachute permet de récupérer la sonde proprement dite.

Dix ans plus tard, pour pallier l'absence de stations sur les océans, d'où viennent pourtant la plupart des perturbations qui nous affectent, la France lance le Carimaré, premier navire météorologique. Il s'agit tout simplement d'une station météo flottante.

En fait, depuis 1926, un certain nombre de navires marchands au long cours transmettaient des données météorologiques au cours de leur traversée.

Aujourd'hui, il y a neuf bâtiments météo sur l'Atlantique Nord, appartenant à trois pays différents (France, Grande-Bretagne et Pays-Bas) et se relayant sur trois zones fixes : entre l'Islande et le Groenland, au large de l'Irlande et au large du Portugal.

Les nouveaux navires météo français sont le France 1 et le France 2, dont le port d'attache est La Rochelle.

Outre le radar (qui permet de localiser certains nuages d'orages à 200 km) et l'ordinateur (qui facilite grandement la prévision du temps), les météorologistes se sont vus dotés, depuis une vingtaine d'années, d'un nouvel instrument : le satellite artificiel.

Les sentinelles du temps

Dominant la Terre à plusieurs centaines de kilomètres d'altitude, les satellites artificiels sont évidemment d'un grand intérêt pour les météorologistes.

Le premier satellite météo, Tiros 1, fut mis en orbite par les États-Unis le 1er avril 1960 et retransmit près de 23 000 clichés pendant ses deux mois et demi de fonctionnement !

Mais ce n'est pas le record : Tiros 7, trois ans plus tard, en envoya à lui seul près de 130 000 ; il est vrai qu'il fonctionna pendant cinq ans. Au total, les dix premiers Tiros, satellites expérimentaux, ont permis de recueillir 640 000 photos...

Ces satellites furent suivis par des « Essa » puis des « Itos » opérationnels, participant directement à l'élaboration des prévisions météorologiques.

De son côté, à partir de 1969, l'U.R.S.S. a mis sur pied son propre réseau de satellites météo, fort judicieusement baptisé «Meteor».

Au 1er janvier 1978, on comptait ainsi 98 satellites météorologiques, non compris les satellites météorologiques militaires. C'est dire toute l'importance qu'ils ont prise en ce domaine.

Reconnaissons cependant que €es satellites n'ont guère amélioré la prévision du temps, et qu'il est toujours impossible de connaître son évolution, ne serait-ce que deux semaines à l'avance.

Mais il ne faut pas se méprendre : leur rôle n'est pas tellement de faire de la prévision, mais de collecter des informations sur l'état de l'atmosphère et la couverture nuageuse, avec une précision et une rapidité impossibles à obtenir autrement.

Ainsi, les météorologistes peuvent ensuite travailler plus efficacement. La prévision à long terme, en fait, est un problème de longue haleine, qui nécessite une étude préalable intensive de la climatologie terrestre et l'élaboration de modèles satisfaisants.

Une prévision à quinze jours n'est pas une utopie, mais n'est pas réalisable actuellement. Il n'en reste pas moins que, le jour où cette performance sera possible, elle devra énormément aux satellites artificiels.

En attendant, ceux-ci sont déjà rentabilisés par la simple surveillance qu'ils assurent en ce qui concerne les cyclones. C'est ainsi qu'en 1961 Tiros 3 a détecté l'ouragan « Caria » sur la mer des Caraïbes, au large du Nicaragua, et permis d'évacuer à temps les 350 000 personnes qui, au Texas et en Louisiane, se trouvaient sur sa trajectoire.

De nombreuses autres évacuations, bien que moins importantes, ont pu être effectuées par la suite de la même manière, et il ne fait pas de doute que les satellites météo ont sauvé ainsi plusieurs milliers de vies humaines.

Aujourd'hui, cette surveillance est si efficace qu'aucun ouragan ou aucun gros orage ne peut survenir sans avoir été détecté auparavant. Hélas ! pour un grand nombre de pays, l'absence d'infrastructure locale ne permet pas toujours de prendre des mesures de sauvegarde rapides et sûres.

A partir de mai 1974, des satellites météorologiques ont été placés en orbite géostationnaire, à 36 000 km d'altitude ; depuis cette orbite privilégiée, ils découvrent d'un coup tout un hémisphère de la planète, ce qui permet une surveillance encore plus efficace.

Six satellites de ce type ont été lancés à l'heure actuelle, dont un japonais (G.M.S. 1) et un européen (Meteosat), qui participent à un vaste programme international de «veille météorologique » ; un satellite soviétique du même type doit les rejoindre prochainement.

La coopération météorolo-gico-spatiale, on le voit, est donc très vive. Dès 1963, d'ailleurs, les États-Unis et l'U.R.S.S. ont signé un accord pour l'échange des données de leurs satellites météorologiques.

On aurait tort de croire, cependant, que tous ces satellites se limitent à la prise de photographies. Les plus perfectionnés effectuent également bien d'autres types de mesure, faisant appel en particulier aux techniques de l'observation infrarouge : température, degré hygrométrique, etc.

En outre, certains d'entre eux procèdent à la collecte d'informations : c'est le cas, par exemple, des « Nimbus » américains.

Sur ce principe, les États-Unis ont mis sur pied en 1967 le programme Ghost (Global Horizontal Soun-ding Technique), qui consistait à interroger des ballons-sondes largués depuis la Nouvelle-Zélande et plafonnant à 25 km d'altitude.

Ces ballons (plusieurs centaines) se comportaient donc comme autant de mini-stations météo mobiles, permettant une bonne « couverture » de tout l'hémisphère austral, encore mal connu. La distribution des grands courants aériens a pu ainsi être facilement mise en évidence.

La France, en 1973, a réalisé une expérience tout à fait comparable avec son satellite Eole et 300 ballons plafonnant à 12 000 m, lâchés d'Argentine. Certains d'entre eux ont fait plusieurs fois le tour de la Terre !

La bioclimatologie

Le temps, c'est une constatation courante, agit sur le caractère des fragiles humains que nous sommes. La pluie, par exemple, engendre la tristesse et la mélancolie ; le brouillard provoque une sensation de malaise, d'oppression.

 Inversement, on se surprend souvent à chantonner dès qu'un rayon de soleil apparaît. Le temps, indéniablement, dirige notre comportement, de façon plus ou moins inconsciente.

Mais il agit aussi sur notre santé. Une baisse de la pression atmosphérique, par exemple, favorise les insomnies et les évanouissements. Les gens sont alors irritables, les enfants se querellent. A ce moment-là, on enregistre également davantage de décès. « Hiver de brouillards, hiver de corbillards », dit-on dans certaines campagnes...

La baisse de la pression réveille aussi les vieilles douleurs et les rhumatismes ; en effet, les tissus, à ce moment-là, se gorgent d'eau, gonflent, et les arthritiques éprouvent alors des douleurs.

Il y a aussi des maladies saisonnières : les cas de poliomyélite, par exemple, sont plus fréquents en été et les maladies de la circulation en hiver.

C'est le rôle de la biométéorologie de préciser les influences du temps sur l'homme et du climat sur la santé ou le bienêtre. On s'est aperçu ainsi qu'une température de 18 °C et une humidité de 75 pour 100 nous convenait le mieux ; le taux d'humidité doit toutefois être réduit à 55 pour 100 en cas de travail intellectuel.

La biométéorologie peut être divisée en plusieurs branches, car elle étudie également les relations du climat avec les plantes (phytologique) et avec les animaux (zoologique). Quant à la biométéorologie humaine, elle se subdivise elle-même en physiologique, sociale, urbaine, pathologique, etc.

Il est très difficile de dissocier les différents facteurs météorologiques qui agissent sur notre équilibre et notre santé, car ils sont très liés les uns aux autres. Ceux qui ont le plus d'influence, cependant, sont la température, la pression, le degré hygrométrique, le vent, l'électricité atmosphérique et l'ionisation de l'air.

La température et l'humidité sont fortement liées entre elles ; il est bien connu en effet que l'on supporte mieux une forte température si le degré hygrométrique est faible, car une chaleur moite empêche la transpiration, qui normalement refroidit la peau.

Ainsi notre « sensation » est-elle la même dans un air à 30 °C contenant 20 pour 100 d'humidité que dans un air à 25 °C seulement mais chargé de 85 pour 100 d'humidité.

La pression, nous l'avons vu, entraîne divers malaises si elle est trop basse (seuil évidemment variable suivant les individus), touchant notamment les systèmes respiratoire et cardiaque.

C'est ce que l'on appelle aussi le « mal des montagnes », dont les symptômes sont : difficultés respiratoires, sensation de fatigue, nausées, vertiges, bourdonnements d'oreilles.

L'accoutumance à l'altitude doit être très progressive ; en fait, pour un sujet bien portant, aucun symptôme lié à la baisse de pression ne se manifeste au-dessous de 3 000 à 4 000 m.

L'homme, toutefois, peut vivre par des pressions inférieures puisque, dans les Andes, des Indiens habitent des villages situés à 5 000 m d'altitude : la pression atmosphérique y est moitié moindre qu'au sol. Il est difficile d'aller au-delà, cependant, sauf pour de courtes durées.

Ainsi, au sommet de l'Everest, où la pression n'est que de 300 mb, il n'est pas possible de respirer sans bouteilles d'oxygène pendant plus de dix minutes environ.

Les vents exercent sur nous une action différente suivant leur vitesse et leur direction. S'ils sont violents, ils influent particulièrement sur les tempéraments nerveux, qui deviennent alors excitables.

Les vents continentaux, secs, sont assez malsains, car ils dessèchent la peau et irritent les bronches. Les vents marins, en revanche, sont tonifiants, car les embruns qu'ils véhiculent contiennent de l'iode.

L'électricité atmosphérique, outre l'irritabilité qu'elle peut provoquer chez certains sujets lorsqu'elle est très élevée, se révèle importante surtout par les phénomènes orageux qu'elle déclenche. N'oublions pas en effet qu'une centaine de personnes en France sont mortellement frappées chaque année par la foudre et que dix fois plus sont blessées.

Un dernier mot, enfin, à propos du soleil, dont les effets sont bénéfiques à l'organisme. Un manque d'exposition au soleil conduit en effet au rachitisme (par carence en vitamines D) et parfois à la tuberculose.

Mais l'excès en tout est un défaut ; aussi faut-il savoir rester raisonnable, et, si le bronzage est un signe extérieur de bonne forme, il ne faut pas oublier que les rayons ultraviolets responsables de cette pigmentation de la peau sont nocifs à forte dose.

Une peau blanche, privée de soleil depuis plus de six mois, réagit en vingt à trente minutes d'exposition seulement ; c'est la durée qu'il ne faut pas dépasser pendant les deux ou trois premiers jours.

Le soleil est particulièrement dangereux en montagne, où les rayons U.V. subissent un filtrage moindre en raison de l'altitude.

Au-delà du simple bronzage peuvent alors survenir des brûlures, puis des nausées accompagnées de vertiges et parfois le coma ; en outre, des lésions pulmonaires antérieures peuvent alors se réveiller.

Les microclimats

En fait, il est clair que nous passons la plus grande partie de notre vie, sauf pour quelques professions privilégiées, dans des microclimats.

Nos habits, déjà, délimitent autour de nous un microclimat. Il y a ensuite celui de notre logement, celui du bureau ou de l'atelier où nous travaillons, celui de notre voiture, etc.

A plus grande échelle, il y a des microclimats géographiques, limités parfois à une vallée ou provoqués par la présence d'un lac artificiel.

Parmi ces climats locaux réputés, citons celui de Saint-Véran, dans les Hautes-Alpes, qui jouit d'un ensoleillement exceptionnel, de même que celui de Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales.

Ce n'est évidemment pas pour rien que Saint-Véran s'est vu doté d'un tout nouvel observatoire astronomique et Font-Romeu d'une installation expérimentale d'étude de l'énergie solaire.

Parmi les villes de plaine, citons Dax et Pau, au climat tonifiant et sédatif. Pour les villes côtières, la liste est longue : Ajaccio, Hyères, Bandol, Sainte-Maxime, etc.

À mi-chemin entre la mer et la montagne, mentionnons tout l'arrière-pays niçois, et en particulier Valbonne et Vence.

Histoire et météorologie

Au chapitre des influences du temps et du climat sur les hommes, il faut aussi se faire l'écho de certains historiens qui pensent que des cataclysmes météorologiques (d'ailleurs pas forcément brutaux) sont à l'origine de bien des grands évènements : révolutions, crises économiques, invasions, etc.

D'aucuns expliquent la chute de l'Empire romain par une déviation durable de la route des cyclones, qui aurait provoqué un assèchement progressif et néfaste sur la plan économique du bassin méditerranéen. La migration des Mongols en Europe, au Moyen Age, est interprétée de la même façon.

Plus près de nous, le déclenchement de la Fronde (guerre civile d'août 1648) ou de la Révolution française (juillet 1789) aurait été provoqué par des calamités agricoles.

Le règne de Louis XIV, d'ailleurs, fut un règne « météorologique » : glorieux jusqu'en 1685, durant plusieurs dizaines d'années de beau temps, sinistre après cette date, en raison d'hivers d'une extrême rigueur, qui entraînèrent la suppression des fêtes à la Cour...

De même, au XVIe siècle, une ère de climat doux amena une certaine prospérité : c'est l'époque où se construisirent les châteaux de la Loire.

L'histoire, certes, a d'autres ressorts. Il est toutefois troublant de constater que chaque extrême climatique coïncide avec d'importants bouleversements historiques. Révolutions, guerres civiles et soulèvements divers sont d'ailleurs l'apanage des mois chauds : la Fronde et la Révolution française, déjà citées, mais aussi les Trois Glorieuses (juillet 1830), la Commune (mai 1871) et... Mai 1968 !

Montesquieu, voici deux siècles et demi, l'avait déjà remarqué : « Le climat exerce le premier de tous les empires. »

La pollution atmosphérique

Le temps exerce indéniablement une action sur les hommes. Mais ceux-ci, depuis peu, agissent également sur le temps.

Certes, cette action est infiniment plus limitée, et localisée. Elle est en tout cas bien plus faible qu'on ne l'admet généralement, et les accusations portées contre les techniques modernes, soupçonnées de « détraquer » le temps, sont pour l'essentiel dénuées de fondement ; elles ne reposent en effet sur aucune preuve et sont bien souvent « sentimentales » ou intuitives.

Nous ne serions pas étonnés que le premier homme qui, au seuil de sa caverne, obtint du feu en frottant deux silex l'un contre l'autre se soit vu accusé par son voisin de détraquer le temps...

Il en fut de même lors de l'apparition du canon, du chemin de fer, de la radio, des avions à réaction et, plus récemment, des satellites artificiels.

Ces derniers, pourtant, sont bien inoffensifs, car ils circulent très au-delà de l'atmosphère météorologique, dix fois plus haut que la troposphère pour les plus bas d'entre eux. Au contraire, ils rendent d'inestimables services, ne serait-ce qu'en détectant les cyclones tropicaux.

Même Bernardin de Saint-Pierre, l'auteur du délicieux Paul et Virginie, tomba dans ce travers en accusant la boussole, au siècle dernier, de détraquer le temps avec son aiguille aimantée !

Supposition tout à fait ridicule quand on songe que l'énergie totale dégagée par un seul orage est déjà supérieure à celle d'une bombe A. Et il y a 50 000 décharges orageuses, chaque jour, sur l'ensemble de la Terre, dégageant au total 600 millions de kW...

La Nature, on le voit, est très puissante, et nos modestes actions bien dérisoires en comparaison.

Depuis toujours on entend dire qu'il n'y a plus de saisons, que le temps n'est plus ce qu'il était. C'est tout simplement parce que les hommes ont la mémoire courte et que l'on oublie bien vite les anomalies passées pour se cristalliser sur la moindre incartade du moment.

En réalité, les saisons ont toujours subi des fluctuations, et il y a eu dans le passé, nous le verrons à la section La météo du temps jadis, des variations climatiques beaucoup plus marquées, à une époque où n'existaient ni avions, ni bombes, ni fusées, ni satellites...

La plus importante action de l'homme, en fait, est passée inaperçue jusqu'au déclenchement du mouvement écologique : il s'agit de la pollution atmosphérique qui, par l'augmentation de la teneur en gaz carbonique de l'air que nous respirons, provoque un « effet de serre » qui conduira à long terme à un réchauffement généralisé. Du moins dans l'hypothèse où le rythme de ladite pollution se poursuivrait.

Cette pollution atmosphérique a pour origine les dégagements gazeux issus des centres industriels, des foyers domestiques et des véhicules à moteur. Les principaux polluants sont :

— le dioxyde et le trioxyde de soufre, provenant de combustibles fossiles (charbon, pétrole) ;

— le dioxyde de carbone, couramment appelé gaz carbonique ; il résulte de la combustion de corps organiques (bois, papier, feuilles, etc.) ;

— le monoxyde de carbone, dégagé par des combustions incomplètes ;

— les hydrocarbones (vapeurs d'essence de pétrole) ;

— le fluor et ses dérivés (bombes aérosols).

L'absence de vent et les inversions de température favorisent l'accumulation de ces produits polluants : vallées encaissées (cours belge de la Meuse, par exemple) ou grandes villes (Londres, Tokyo). Ils forment alors le «smog».

L'atmosphère terrestre renferme 2 300 milliards de tonnes de gaz carbonique, mais ce chiffre est dérisoire en comparaison de la quantité contenue dans l'eau des océans, où la concentration est cinquante fois plus forte ; l'atmosphère ne contient donc que 2 pour 100 des réserves terrestres.

Dans l'eau, il donne naissance à des carbonates. Une augmentation artificielle de la quantité de dioxyde de carbone ne serait donc pas catastrophique, du moins jusqu'à un certain point, le trop-plein étant alors absorbé par les océans.

 N'oublions pas non plus que la végétation en transforme chaque année 60 milliards de tonnes par le processus de photosynthèse, et qu'elle pourrait sans doute en absorber davantage.

Il n'en reste pas moins que depuis 1890 la concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère est en augmentation, le taux étant passé de 0,29 pour 1000 en 1900 à 0,34 pour 1000 en 1960, soit un accroissement qui actuellement doit avoisiner les 20 pour 100.

Or il a été calculé qu'une augmentation de 50 pour 100 entraînerait, par « effet de serre », une élévation de 3 °C de la température moyenne de l'atmosphère, ce qui est considérable puisque des modifications visibles (avance ou recul des glaciers par exemple) se manifestent pour des variations de 1 °C.

Faire la pluie et le beau temps

Certains météorologistes considèrent qu'il sera plus facile de modifier le temps que de le prédire ! Voilà qui résoudrait, du même coup, le problème de la prévision...

Boutade, certes, car l'action volontaire de l'homme sur le temps reste pour l'instant encore extrêmement localisée. Cette action, toutefois, n'est pas récente, puisque les sorciers de certaines tribus africaines savaient déjà provoquer la pluie en allumant de grands feux.

Pour obtenir de la pluie, en effet, il faut d'abord qu'il y ait des nuages ; or nous avons vu précédemment que la vapeur d'eau contenue dans l'air se condense lorsque l'air est refroidi en dessous de son point de rosée, ce refroidissement étant obtenu par un simple mouvement d'ascendance.

Une forte source de chaleur au sol réchauffera donc l'air, qui montera, puis se refroidira en gagnant de l'altitude, et finalement se condensera en nuage. Pour peu qu'il y ait alors dans l'air des impuretés (poussières par exemple) faisant office de noyaux de condensation, la pluie s'amorcera.

Le « Météotron » inventé par Henri et Jean Dessens, chercheurs géophysiciens à l'université de Clermont-Ferrand, repose sur le même principe. Il s'agit d'une « rampe » de chauffage comprenant un grand nombre de brûleurs alimentés en mazout et répartis sur 15 000 m2 (1,5 ha). En cinq minutes, cet appareil provoque la formation d'un gros cumulus.

Pour déclencher la pluie, il suffit ensuite d'ensemencer le nuage (depuis un avion ou à partir de petites fusées) avec des cristaux de glace, de la neige carbonique ou, mieux, des paillettes d'iodure d'argent. Cette technique est aujourd'hui bien maîtrisée, mais ne peut concerner que des zones relativement peu étendues.

Un pays comme Israël, par exemple, l'utilise de façon courante. De même, en U.R.S.S., les cumulo-nimbus générateurs de grêle sont fréquemment détruits à l'aide de fusées paragrêle injectant de l'iodure d'argent dans le nuage, les grêlons tombant alors avant d'avoir eu le temps de grossir.

Aux États-Unis, des essais d'ensemencement ont même été tentés avec certains cyclones, et ont donné des résultats encourageants : Esther en 1961, Beulah en 1963, Debbie en août 1969; dans ce dernier cas, on a obtenu une chute du vent de 150 km/h à 75 km/h en quatre heures.

On sait aussi lutter contre le brouillard. L'aéroport d'Orly, par exemple, est équipé d'une installation qui, en cas de brouillard épais, injecte de grandes quantités de propane dans l'atmosphère, au moyen de soixante diffuseurs, qui provoquent un assèchement de l'air. Mais ce procédé est très coûteux.

Il ne fait pas de doute que, progressivement, l'homme agira sur le temps, ce qui n'ira sans doute pas sans poser quelques problèmes. En effet, la notion du beau et du mauvais temps n'est pas la même pour tout le monde ; les agriculteurs, par exemple, souhaitent souvent de la pluie, les touristes beaucoup de soleil.

Signalons qu'il y a déjà eu des problèmes de cet ordre. Voici quelques années, la petite ville de Reno, dans le Nevada (États-Unis), manquait de neige pour réussir sa saison d'hiver. Les responsables firent alors ensemencer les nuages ; toutefois, comme cela ne suffisait pas, ils décidèrent de détourner les nuages voisins, ce qui souleva évidemment un tollé de protestations de la part des stations environnantes.

Si l'affaire était allée en justice, on se demande bien quel aurait été le verdict, puisque aucune législation ne définit la propriété en matière de nuages...

L'influence du temps et du climat, nous l'avons vu, est grande sur les hommes et leur santé. Mais elle n'est pas moins importante en ce qui concerne leurs activités. Les principaux domaines concernés sont l'agriculture, les transports, la pêche et les loisirs.

• L'agriculture parce que le temps influe directement sur la production et que certains phénomènes météorologiques peuvent dévaster des récoltes entières. C'est le cas de la grêle, du gel ou des inondations, sans parler des sècheresses exceptionnelles, comme celles de 1947 ou de 1976.

• Les transports parce que le plan de vol des avions doit tenir compte, pour des raisons de sécurité évidentes, du temps qui règne non seulement sur la ligne mais aussi sur les aéroports de départ et d'arrivée.

Le plus gros ennemi, à cet égard, est le brouillard ; la catastrophique collision survenue en 1977, au sol, sur une piste des Canaries était due au brouillard.

Les transports maritimes, quant à eux, doivent tenir compte des coups de vent et des tempêtes. Les transports routiers, enfin, sont très affectés par le brouillard et le verglas ; parfois aussi par la neige, comme on a pu le constater lors de « l'embouteillage du siècle », survenu sur l'autoroute du Soleil en 1973.

• En ce qui concerne la pêche, hormis le danger représenté par la brume et les tempêtes, qui interdisent toute activité au-delà d'un vent de force 6 à 8 suivant la taille des bateaux, il y a une influence directe de la pression atmosphérique, ainsi que de la température de l'eau et de l'air, sur le rendement de la pêche ; dans certaines conditions, la conservation du poisson pose également des problèmes.

Même la pêche en eau douce se ressent des effets du temps : si le baromètre est haut, le poisson « mord » bien et doit être recherché près du fond ; une baisse brusque, à l'inverse, est défavorable, et il est alors inutile de perdre son temps à surveiller le «bouchon »...

• Enfin, nous nous interrogeons tous sur le temps à la veille d'un week-end ou en période de vacances, peu soucieux que nous sommes de rester enfermés pendant le temps de nos loisirs.

Aussi chacun désire-t-il que les conditions météorologiques soient propices à ce qu'il a prévu de faire : de la neige pour les skieurs, un peu de vent pour les amoureux de vol à voile, du soleil pour les adeptes du bronzage intégral...

La plupart du temps, il n'y a cependant rien de dramatique si les conditions ne sont pas exactement celles qu'il faudrait. Mais dans certains cas le danger est grand : en montagne, par exemple, au moment d'un redoux générateur d'avalanches ; en mer, si une tempête se lève brusquement ; dans les grottes souterraines, juste après une forte averse.

Les records du temps

Le climat, nous le savons, caractérise le temps moyen d'une région ou d'un pays. Bien entendu, il existe souvent de forts écarts par rapport à cette moyenne. Et il n'est pas sans intérêt de savoir quels sont les extrêmes enregistrés ici ou là en ce qui concerne les différentes caractéristiques du temps.

La température moyenne mondiale est très voisine de 15 °C, mais cette même moyenne (annuelle) oscille entre + 34 °C pour des pays comme l'Éthiopie et - 57 °C pour l'Antarctique.

A titre de comparaison, la moyenne française est de +11 °C, donc légèrement inférieure à la moyenne mondiale. Pour la région parisienne, elle oscille, selon les années, entre 10 et 13 °C.

Quant aux températures extrêmes, elles présentent une amplitude de 146 °C (de 250 à 300 °C sur la Lune, où il n'y a pas d'atmosphère).

On a enregistré en effet + 57,8 °C à San Luis, au Mexique, le 11 août 1933 (57,7 °C à Aziza, en Libye, en septembre 1922) et - 88,3 °C à la base soviétique Vostok, dans l'Antarctique, le 24 août 1960 (c'est alors l'hiver dans l'hémisphère Sud).

Le pôle du froid, pour l'hémisphère Nord, se situe en Sibérie, à Verkhoïansk, où l'on a mesuré -67,8°C le 5 février 1892.

La plus basse température en Europe fut relevée à Helsinki : - 55 °C durant l'hiver 1941-1942. En France, le record du froid est détenu par le petit village de Mouthe, dans le Jura, avec - 40,5 °C le 24 décembre 1970.

À Paris, le thermomètre est quand même descendu à - 26 °C en décembre 1879. Quant au record français de chaleur, il revient à Toulouse, où il fit + 43,5 °C le 8 août 1923. Paris arrive non loin derrière avec 40 °C en juillet 1947.

Le record de pluviosité revient au sommet volcanique du Waïaleale, aux îles Hawaii, où il tombe 13,2 m d'eau par an ; le mont Cameroun est également bien arrosé, avec 9,4 m.

Par comparaison, notre pays est sec puisque les observatoires météorologiques de la capitale enregistrent à peine plus de 60 cm par an, à peu près vingt fois moins que le record mondial.

Mais cette pluviosité, à Paris, peut varier du simple au triple. La Côte d'Azur, paradoxalement, est plus humide (80 cm par an), mais les pluies sont réparties sur 79 jours seulement au lieu de 166 ; elles tombent donc surtout sous forme d'averses.

En France, les mois les plus arrosés sont juillet et août (orages), le plus sec étant mars. Certaines pluies peuvent en effet être très abondantes : ce fut le cas par exemple pour l'orage qui, le 20 juillet 1883, déversa sur Bordeaux 9 cm d'eau en vingt minutes.

Le maximum d'eau recueilli en une journée est de 187 cm (île de la Réunion, 16 mars 1952) ; le record mensuel est détenu par l'Inde (9,3 m en juillet 1861), de même que le record annuel (26,5 m en 1861-1862).

Quant à la plus grande hauteur de neige, elle fut mesurée à Silver Lake, dans le Colorado (États-Unis), le 15 avril 1921, avec 193 cm!

Le record de sècheresse revient au Chili où, dans certains déserts (Iquique, Arica) du nord du pays, il tombe moins de 1 mm d'eau par an.

En revanche, dans le sud du Chili, on compte 325 jours de pluie en moyenne (Bahia Félix) et jusqu'à 348 jours en 1916. En France, la plus longue sècheresse — à Marseille — n'a duré que 97 jours, de juillet à octobre 1906. Pour Paris, on n'a jamais compté plus de 55 jours sans pluie, de janvier à mars 1897.

En ce qui concerne les orages, c'est dans l'île de Java, à Bogor, qu'on en compte le plus : 322 jours par an. Mais ce n'est pas là que sont tombés les plus gros grêlons. Ces derniers sont considérés comme exceptionnels lorsqu'ils dépassent 5 cm de diamètre.

Mais on en a vu qui mesuraient un peu plus de 40 cm ! Le plus lourd recueilli en France, à Strasbourg, le 11 août 1958, pesait 970 g. Pourtant, certains ont dépassé le kilo : 1,2 kg à Bizerte en 1898, 1,9 kg dans le Kazakhstan, en U.R.S.S., en 1959.

Hormis les vents provoqués par les ouragans, typhons et autres tornades, les records de vitesse pour des vents réguliers sont assez élevés : ainsi a-t-on enregistré des vitesses de 320 km/h dans l'Antarctique.

En France, le mont le plus exposé, comme son nom l'indique, est le Ventoux, où l'on a mesuré 245 km/h le 2 novembre 1956.

Nous terminerons ce tour du monde des records météorologiques avec le brouillard, qui recouvre l'île de Terre-Neuve 120 jours par an, soit le tiers du temps.

 

 

 

 

 

 

 

Recherche personnalisée