Assembler des rondins :

Sans cordes ni ficelles

Un livre à découvrir et à redécouvrir:
"FROISSARTAGE"
de Michel Froissart (1891 - 1946),
publié aux Éditions "Chiron" et aux Éditions "Les Presses d'Ile de France
 
La réédition de cet ouvrage - dans sa version originale - veut répondre à la demande des jeunes qui aiment vivre dans la nature.

En effet s'installer, dans le respect de la forêt avec un minimum d'outils, demande de maîtriser quelques techniques. Dès 1936, Michel Froissart les avait mises à la portée des jeunes. Il leur montra comment, avec quelques outils et un peu d'astuce, ils pourraient réaliser en pleine nature, sans clou ni ficelle, des installations qui tiendraient au moins le temps d'un camp. Connaissant la valeur de la forêt, il leur apprit à préserver son développement.

Éducateur, Michel Froissart voyait toute la richesse d'un travail d'équipe pour créer, inventer, réaliser un projet concret et s'en servir pour une vie plus conviviale : une vie que l'on fait ensemble, plutôt que celle qu'on subit seul au sein d'une société de consommation.
Extrait de l'avant-propos de l'ouvrage rédigé par Dominique, le fils de Michel Froissart.

 

Méthode du "froissartage"

La technique du froissartage vient de Michel Froissart, responsable Scouts de France qui, après avoir partagé la vie des agriculteurs et des bûcherons, l'a mise au point dans les années trente. C'est l'art de réaliser des constructions au moyen d'assemblages en bois travaillé avec un outillage simple. Le froissartage, au sens strict, préfère, aux clous et à la ficelle, les chevilles, les boulons et les écrous.

Dans les assemblages réalisés en froissartage, les pièces de bois ne sont, en général, pas interchangeables (telle pièce ne peut aller qu'à tel endroit); il est donc utile de prendre l'habitude de marquer les différentes pièces de bois afin qu'au montage chacune d'elles prenne sa place sans risque d'erreur.

 
 Exemples traditionnels de marques
 
 Exemples inhabituels de marques
   

 

L'établi

 

Avantages de l'établi froissart
Il se fabrique sur le lieu du chantier.
Il se réalise rapidement.
Il permet d'expérimenter les techniques de base du froissartage avant de se lancer dans des installations plus importantes.
Il immobilise les pièces à travailler, donc il rend le travail à la fois plus précis et plus efficace.
Il assure une bonne manipulation des outils et améliore donc la sécurité.
Il peut être utilisé par plusieurs personnes à la fois.

Le mi-bois

C'est un travail de froissartage élémentaire qui assure l'encastrement de deux rondins :
- Positionner les deux rondins l'un sur l'autre.
- Tracer sur le rondin "reçu" le passage exact du rondin "receveur" et inversement.
- Scier suivant ces traits jusqu'au tiers (ou la moitié) du rondin.
- Enlever, au ciseau à bois ou à la hachette avec un maillet, copeau après copeau, la partie entre les deux traits de scie.
Les mi-bois s'effectuent souvent à l'extrémité des rondins

Il est préférable de faire des entailles peu profondes ; les deux pièces ne sont plus sur le même plan mais elles ont davantage de force.
Les deux zones en contact doivent être parfaitement planes et l'emboîtement le plus rigoureux possible pour éviter le jeu.
L'assemblage est complété par la pose d'une cheville, d'une tige filetée ou d'un boulon (penser aux rondelles avant de placer les écrous) ou d'un tire-fond.

 

Le méplat

C'est une surface aplanie rapidement à la hachette ou à la plane. Il permet de préparer l'assemblage de deux rondins, sans qu'ils roulent l'un sur l'autre, quand le temps manque pour réaliser un mi-bois ou que le côté provisoire de l'installation ne nécessite pas une résistance importante.

 

 


Le méplat se réalise sur un billot. La hachette travaille verticalement et toujours au même endroit, c'est le morceau de bois qui tourne.
L'entaille doit être assez longue pour que la surface plane soit suffisamment importante.
S'il faut deux méplats (un de chaque côté de la pièce), vérifier régulièrement qu'ils sont bien sur le même plan.
Pour fignoler, prendre la hachette près du fer afin d'assurer le geste.

Le tenon et la mortaise

C'est le mode d'assemblage le plus utilisé en froissartage. On perce un trou (mortaise) sur un rondin avec une tarière et on taille, sur un autre rondin, avec une hachette et une plane, une pointe légèrement conique (tenon) qui viendra s'emboîter dans la mortaise.

Le principe du tenon et de la mortaise décrit ici ne s'applique qu'à des assemblages perpendiculaires.

 
BONS EXEMPLES DE TENONS
 
MAUVAIS EXEMPLES DE TENONS
 
 
 Tenon très légèrement conique
coin perpendiculaire
Un tenon conique risque de fendre la mortaise
Un tenon cylindrique n'est pas assez solide et le serrage est inefficace

Mortaise ouverte

- Percer, de part en part et bien perpendiculairement, le premier rondin avec une tarière dont le diamètre n'est pas supérieur au tiers de celui du rondin.
- Tailler le tenon à la hachette puis à la plane.
- Commencer tous les traits de plane sur la même ligne formant ainsi le col du tenon.
- Ajuster le tenon devenu presque cylindrique à la mortaise en pensant à le laisser dépasser légèrement du rondin mortaisé.
- Entailler le sommet du tenon d'un trait de scie pour y placer un coin.
- Placer un coin en bois dur perpendiculaire ment au fil du bois de la mortaise (afin d'éviter l'éclatement) et l'enfoncer à l'aide d'un maillet.

Mortaise borgne.

Lorsqu'il n'est pas envisageable, pour des raisons d'esthétique ou de taille de bois, de réaliser une mortaise ouverte (traversant de part en part le rondin), il est toujours possible de confectionner une mortaise borgne. La profondeur de cette mortaise borgne sera toutefois suffisante pour assurer un maximum de solidité a l'assemblage.

Mortaise plate.

Les assemblages avec tenons et mortaises plats sont utiles pour éviter que le bois ne tourne sur lui-même et pour réaliser des installations réclamant une forte rigidité.

La mortaise est réalisée en perçant plusieurs trous les uns à côté des autres et en les reliant grâce à un ciseau à bois.

Cet assemblage peut être bloqué par un coin ou par une cheville fixée dans un trou pratiqué sur la partie visible du tenon plat après son emboitement dans la mortaise. (voir plus loin)

Lorsque le coin est remplacé par une cheville qui traverse le tenon de part en part à la sortie de la mortaise, l'assemblage est démontable à volonté.
Dans le cas d'un assemblage démontable, prévoir un tenon suffisamment long pour recevoir la cheville.

 

BANC FORESTIER :
 
Réalisation d'un assemblage mettant en application le seul principe du tenon et de la mortaise.

Les modes de fixation

Si un assemblage peut se passer de fixation, il est inutile de lui en imposer une par principe.

De plus, il faut se souvenir que les coins et les chevilles fixés dans du bois vert sont provisoires. Au fur et à mesure que le bois va sécher, il sera nécessaire de réajuster l'ensemble de ces fixations.

Le coin

 - Amorcer le logement du coin en pratiquant une fente sur la tète du tenon d'un coup de ciseau à bois ou d'un trait de scie.
- Orienter cette fente de telle sorte qu'elle soit perpendiculaire au sens des fibres du bois de la mortaise afin d'éviter l'éclatement.
- Tailler un coin dans un morceau de bois dur.
- Enfoncer le coin à l'aide d'un maillet.
- Mettre un coin plus important si, par la suite, le tenon venait à diminuer de volume.
 

 

 

Coin pour mortaise borgne

La cheville
 

- Percer les deux rondins à assembler (le diamètre du trou ne dépassant pas le quart du diamètre des rondins).
- Tailler une cheville, de façon légèrement conique, de telle sorte qu'elle occupe au mieux le trou effectué précédemment.
- Opter pour une cheville en bois dur, sec et écorcé.
- Enfoncer la cheville au maillet sans forcer afin d'éviter l'éclatement.
- Scier le bout de cheville qui dépasse.
 
 
 
Percer verticalement et ajuster la cheville
 
 
Cheville ronde
 
sur assemblage mi-bois
 

 

 

 

 

 

 

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