Les outils simples à tout faire
Dans toute boutique à bois, dans tout atelier mécanique ou de ferblanterie, il vous arrivera d'employer des outils à tout faire (gênerai purpose tools). Vous en aurez sans doute dans vos trousses: marteaux, maillets, tournevis, pinces et clés (wrenches).
Sans doute vous sont-ils déjà passablement familiers, mais les connaissez-vous à fond ?
Savez-vous tout ce qu'ils peuvent réellement accomplir ?
Même si toutes les trousses en contiennent, n'allez pas répondre trop vite. Trop de gens s'y font prendre. Il a pu vous arriver de voir le gâchis que font certains ouvriers rien qu'en déballant une pièce de machine. D'un autre côté, vous avez dû en voir d'autres exécuter la même tâche avec adresse et rapidité. C'est que ces derniers choisissent les outils appropriés et qu'ils savent s'en servir.
Évitez le débraillé dans votre travail. Les employeurs ont besoin d'ouvriers qui ont la tête aussi solide que les muscles. N'allez pas croire que vous connaissez tout parce que vous avez en mains des instruments simples qui s'emploient tous les jours. Il se peut fort bien que quelques-uns de leur secrets vous aient échappé.
Dans nombre d'ateliers, la plupart des outils que vous trouverez sont destinés à travailler le métal. Vous devrez donc en savoir plus long sur ces outils que sur les autres.
Si, par contre, vous êtes menuisier ou modeleur (patternmaker), vous devrez porter une attention plus particulière au chapitre des outils à bois (voir la section Travail manuel du bois).
Bien des travaux exécutés à l'aide d'outils manuels exigent que l'ouvrier connaisse en outre l'usage et le maniement de plusieurs instruments et outils servant à mesurer, à tracer et à vérifier (measuring, layout and checking instruments).
Vous en trouverez une description dans la section intitulé Dessin de machines et lecture des plans 1951. Vous trouverez également dans ce manuel un chapitre consacré aux instruments qui servent à effectuer les mesures de précision (précision measuring tools), le traçage (marking tools) et la vérification (checking tools).
LES MARTEAUX
Le premier homme qui eût l'idée de casser une noix avec une pierre inventa, sans le savoir, un instrument. Celui qui pensa, dans la suite, à joindre, à lier cette pierre à un bâton inventa le premier marteau. Depuis ces débuts modestes, le marteau a naturellement subi de nombreuses améliorations.
Les marteaux à travailler le métal se répartissent en deux groupes: les marteaux à frappe dure et les marteaux à frappe douce (hard-face et soft-face hammers).
Les premiers sont faits d'acier à outil forgé. L'un des meilleurs marteaux de mécanicien est le marteau à panne ronde (bail peen hammer) que représente la figure n° 3.
Fig. 3.— Marteau de mécanicien.
On l'appelle communément marteau de mécanicien. Son extrémité, de forme sphérique, porte le nom de panne (peening end).
Le marteau de mécanicien à panne sphérique (ball-peen hammer) a deux cousins appelés marteau à panne en long (straight peen) et marteau à panne en travers (cross-peen). Chez les deux, la panne est en forme de coin. La partie plane, appelée frappe est, d'autre part, identique pour les trois.
La plupart des marteaux à tête de métal sont classés suivant le poids de la tête elle-même, sans manche.
Les marteaux de 4 onces et de 6 onces s'emploient pour des travaux légers, pour enfoncer, par exemple, un pointeau (prick punch) ou un chasse-goupille (drift-punch).
Ceux de 8, 10 et 12 onces sont mieux appropriés aux usages ordinaires. Les marteaux d'une livre ou plus sont tout désignés pour les gros travaux.
Dans l'ébarbage ou le ciselage (chipping) avec un ciseau à froid des pièces de fonte coulées, vous emploierez naturellement le marteau à panne ronde, d'une livre, pour frapper la tête du ciseau.
Le marteau à river ou rivoir (riveting hammer) s'emploie pour façonner le métal aussi bien que pour refouler les rivets.
Et si vous avez à rabattre les joints ou coutures d'une feuille de tôle, vous aurez aussi besoin du marteau à restreindre (setting hammer), qui est tout indiqué pour travailler dans les coins où il n'y a pas grand jeu, et aussi pour rabattre le métal à angle droit. (Voir la fig. 4).
Fig. 4.— Marteaux commodes pour travaux spéciaux.
Dans les marteaux à frappe douce, la surface plane qui sert à marteler est faite de bois, de cuivre jaune (laiton), de plomb, de cuir vert, de caoutchouc durci ou de compo-plastique.
Les ferblantiers et chaudronniers les emploient pour façonner et rabattre les métaux doux, tels que le cuivre et l'aluminium. Dans les ateliers de mécanique, ils sont très utiles pour assembler certaines pièces à ajustage serré, ou pour les démonter.
Comme la frappe du marteau peut aisément s'endommager, il ne faut donc pas en utiliser un qui soit en métal doux pour exécuter un gros travail. Ce marteau n'est pas fait pour enfoncer des poinçons, des boulons ou des clous.
Parmi les marteaux en compo-plastique, l'un des plus commodes est celui que vous montre l'illustration n° 5. Ses extrémités sont amovibles, c'est-à-dire qu'on peut les remplacer.
Fig. 5.— Marteaux en métal doux.
Le maillet est un instrument en forme de marteau fait de noyer blanc, de cuir vert ou de caoutchouc. On l'utilise pour abattre les joints de métal en feuille ou pour façonner la tôle et les feuillards. Il ne marque pas le métal comme un marteau d'acier. Vous devriez toujours utiliser un maillet de bois pour frapper sur le manche d'un ciseau à bois ou d'une gouge.
COMMENT SE SERVIR DU MARTEAU
Vous savez ce qui arrive quand vous prenez un bâton de baseball à 6 ou 8 pouces du bout. Cela réduit la force de votre élan. La même chose se produit quand vous tenez le manche d'un marteau trop près de la tête. La force du coup est réduite, et il est conséquemment plus difficile de maintenir l'instrument aplomb. Tenez plutôt le manche à son extrémité, là où sa forme se prête bien à la paume de la main.
Quand vous utilisez un marteau, prenez le manche de la même façon que lorsque vous donnez la main à quelqu'un. Soupesez-le pour vous assurer qu'il est bien équilibré. En frappant un coup, que ce soit votre coude et non pas votre poignet qui serve de pivot.
Si vous employez votre avant-bras comme un prolongement du manche, le coup aura plus de force, et vous aurez une meilleure chance de frapper d'aplomb parce que le rayon de votre mouvement sera plus long.
Chaque fois que la chose est possible, faites en sorte que la face du marteau atteigne en plein l'objet avec lequel elle vient en contact. La face du marteau doit aussi être parallèle au travail. Ceci permet à la force du coup de porter sur une plus grande surface, tout en évitant d'endommager les bords de l'outil.
Cela vous évite également de bosseler ou de marquer le travail en main. Les «coups de marteau» dénotent un mauvais usage de l'outil par un bien piètre artisan.
Fig. 6.— Maillets.
Manches de marteaux et manches de maillets doivent être parfaitement assujettis dans l'œil ou le trou de la tête. Ne travaillez jamais avec un marteau dont le manche est branlant. Quand vous mettez la main sur un outil dont le manche a du jeu, raffermissez-le sans retard. Sinon, vous prenez de très gros risques pour vous-mêmes et pour vos compagnons de travail.
L'illustration n° 7 vous donne une idée du genre d'accident qu'évitera un peu de prudence de votre part.
Fig. 7.— Le danger des outils mal emmanchés.
Voyez à ce que le manche soit bien serré. L'œil ou trou de la tête du marteau est légèrement évasé dans les deux sens à partir du centre. Une fois que le manche y est inséré, enfoncez un coin d'acier ondulé à son extrémité. Ceci forcera le bois à prendre de l'expansion et à remplir complètement l'œil de la tête du marteau. Si le coin venait à sortir ou à se perdre, remplacez-le avant d'utiliser le marteau de nouveau.
Les manches de marteaux et de maillets sont faits de noyer résistant et flexible. Ils peuvent être soumis à de dures épreuves, mais ils se fendent aisément. Il ne faut pas frapper avec le bout du manche ni s'en servir comme d'un levier ; c'est le meilleur moyen de le casser.
Lorsque vous avez à choisir un marteau, prenez celui qui convient le mieux au travail en vue. Tenez-le comme il faut ; servez-vous-en de la bonne manière et vous ferez du beau travail. Conservez vos marteaux dans un parfait état de propreté. De temps à autre, enduisez-les d'une mince couche d'huile pour prévenir la rouille.
LES TOURNEVIS
Les tournevis (screwdrivers) servent à un seul usage ; serrer ou desserrer les vis. Des gens s'entêtent à s'en servir en guise d'outils passe-partout — à partir du pic à glace jusqu'à l'ouvre-boîte. C'est pourquoi vous voyez tant de tournevis dont la tige est faussée ou la pointe ébréchée.
La pointe (bit tip) ou lame (blade) du tournevis est extrêmement dure. Il faut qu'elle soit en bon état pour conserver sa forme et résister à l'effet de cisaillement (shearing action) qu'exerce sur elle la fente de la vis. La tige (shank) du tournevis est moins durement trempée et plus résistante que la pointe qui, elle, est trempée et cassante. La tige peut de la sorte résister à l'effort de torsion qu'elle est appelée à subir.
Quand la pointe du tournevis s'émousse ou s'ébrèche, on peut l'affûter et lui redonner sa forme première. Il importe de n'enlever que tout juste le métal qu'il faut pour rendre à la pointe sa forme normale, sans trop raccourcir la partie qui est trempée.
Quelle est au juste la forme normale d'une pointe de tournevis ?
Elle devrait ressembler à l'illustration n°8.
Fig. 8.— Pointe de tournevis correctement affûtée.
On peut éviter la plupart des ennuis que peuvent occasionner les tournevis en sachant choisir le format approprié au travail à faire.
Les tournevis de formats réguliers se trouvent dans les quincailleries en longueurs de 3 à 12 pouces et même plus. La longueur se mesure de la pointe au manche. Pour les gros travaux, on trouve des types spéciaux de tournevis à tige carrée et épaisse. Ces tournevis sont assez forts pour qu'on puisse se permettre de les tourner à l'aide d'une clé (wrench).
La pointe du tournevis Phillips est d'une forme particulière et ne s'adapte qu'aux vis Phillips. La tête de ces vis est pourvue de fentes à 4 voies qui empêchent le tournevis de glisser. Trois types assortis de tournevis Phillips peuvent être utilisés sur un assez grand nombre de formats de vis.
Ils ne glissent pas aisément et n'endommagent pas les fentes des vis ou les surfaces des pièces travaillées, si on a soin de choisir les tournevis de format approprié.
Il n'est pas recommandable d'utiliser un tournevis ordinaire sur une vis Phillips, car l'instrument, aussi bien que la tête de la vis, en seraient avariés.
Le tournevis coudé (offset screwdriver) est surtout pratique dans les espaces étroits. Il est cependant quelque peu difficile à manier car la lame a tendance à sauter hors de la fente de la vis et d'en écorcher la tête si on ne fait pas attention.
À remarquer que les deux lames sont à angle droit. De la sorte, on peut donner à la vis un quart de tour à chaque fois, en utilisant l'une et l'autre lame alternativement — si l'espace dont on dispose le permet. Lorsqu'il s'agit de serrer des vis dans des pièces de mécanique petites et compliquées, on utilisera un tournevis coudé à long manche et à engrenages coniques (bevel gear drive).
Un jeu de lames assorties, capables de s'adapter aux fentes de toutes les petites vis, accompagne chacun de ces outils.
De petites clés à douille (socket wrenches) spéciales, et des lames de tournevis Phillipps, s'emploient aussi avec ce tournevis d'angle à engrenages.
Fig. 9.— Divers types de tournevis.
Fig. 10.— Tournevis d'angle, à engrenages.
Attention! N'employez jamais un tournevis pour vérifier un circuit électrique là où l'ampérage est élevé. Le courant peut être assez fort pour produire des étincelles qui feraient fondre la lame. Évitez également de tourner un tournevis en vous servant d'une paire de pinces.
Quand vous employez un tournevis, ne tenez pas dans votre main la pièce sur laquelle vous travaillez. En glissant, la lame pourrait vous causer de graves blessures. Tenez plutôt la pièce dans un étau (vise), dans une bride de serrage (clamp), ou sur une surface solide.
Au cas où cela vous serait impossible, vous serez toujours certain de ne pas vous blesser si vous vous en tenez à la règle que voici:
Ne placez aucune partie quelconque de votre corps en face de la pointe d'un tournevis dont vous vous servez.
C'est là une règle de sécurité qui vaut également pour tous les instruments pointus ou tranchants.
LES PINCES
Vous êtes probablement familier avec les pinces à jointures glissantes (slipjoint pliers) ordinairement appelées pinces à combinaison, (combinaison pliers). Ce sont les instruments à tout faire de la famille des pinces. Vous pouvez les employer pour tenir ou plier des pièces plates ou cylindriques et elles sont pourvues d'un dispositif pour couper le fil de fer (wire).
Les divers formats de pinces existants permettent de les affecter à une bonne variété de travaux. C'est à la longueur totale de cet outil — dite longueur hors-tout (overall length) — que se mesure la dimension des pinces, qui varie ordinairement de 5 à 10 pouces. Les meilleures pinces sont faites d'acier matrice (drop forged steel) afin de résister à un usage abusif. Les mâchoires des pinces ont des dents, mais celles-ci s'usent et perdent leur mordant quand on les emploie sur des pièces de métal très dur.
Les membres les plus connus de cette famille d'outils très utiles sont les pinces à long bec (long-nose pliers). On en voit plusieurs variantes dans notre figure 11.
Fig. 11.—Pinces.
Leurs mâchoires (jaws) de longueurs variables, peuvent être plates, rondes ou semi-rondes. Les pinces à mâchoires longues, plates et étroites sont munies de dents à l'extrémité interne de chaque mâchoire.
Elles servent surtout à travailler dans les endroits où l'espace est très restreint ou encore lorsqu'il s'agit de faire des ajustages délicats. Les pinces rondes (round nose) servent à gaufrer ou sertir les feuilles métalliques, ou encore à plier la ((broche)) ou fil métallique.
Aucune de ces pinces ne figure dans la catégorie des outils à grand rendement et on ne doit jamais les affecter à des travaux qui dépassent leur capacité. Leurs mâchoires effilées sont nécessairement faibles et, par conséquent, se cassent ou se faussent dès qu'on les force. Ne vous servez pas de pinces pour serrer des écrous (nuts).
Employez plutôt des clés (wrenches) pour ces tâches, et non pas des pinces. Toutes les pinces doivent être entretenues dans un bon état de propreté.
De temps à autre, enlevez-en la saleté et tout les corps étrangers qui pourraient y adhérer. Huilez les joints. Les bras doivent également être propres et libres d'huile ou de graisse. De la sorte, lorsque vous vous en servirez, les pinces ne vous glisseront pas des mains et vous ne risquerez pas de vous écorcher les jointures.
LES TENAILLES
Les tenailles ou pinces coupantes, (nippers) ressemblent aux autres pinces, mais elles ne servent que pour couper. Ne tentez donc pas de vous en servir pour tenir et fixer des pièces. On en trouve de tout genre pour couper le fil de fer, les tiges, clous, rivets et boulons.
Pour effectuer les menus travaux et sur les métaux tendres, on emploie des tenailles du genre de celles que fait voir le clichén° 12a.
Fig. 12.— Tenailles.
Il ne faut pas forcer ces tenailles car leurs mâchoires s'endommagent facilement, s'ébrèchent et s'émoussent. Pour les travaux plus durs, ce sont les tenailles du genre B qu'il faut utiliser. Leurs lames sont remplaçables, leur articulation est solide et leur pivotage à contre branche permet à l'action du levier de s'exercer amplement.
Il faut se montrer judicieux dans l'usage des tenailles. Mieux vaut les considérer, en général, comme des outils spécialisés. On ne devrait jamais les employer pour couper des tiges de foret (drill rod) ou du fil à piano (piano wire). On ne doit pas en abuser, car elles ne résistent pas à des travaux qui excèdent leur capacité.
COUPE-BOULONS
Pour les travaux de coupage réellement ardus, on se sert de coupe-boulons (bolt-cutters) comme celui que fait voir notre figure 13. Il s'en trouve de 18 pouces jusqu'à 36 pouces. Les plus gros peuvent couper des boulons ou des tiges d'acier d'un demi-pouce de diamètre.
Fig. 13.— Coupe-boulons.
PINCES À COUPE EN TRAVERS
Un autre outil coupant, de la famille des tenailles, est la pince à coupe en travers (diagonal cutters). Ses mâchoires sont courtes et disposées en diagonale par rapport aux poignées comme on peut le voir dans l'illustration n° 14. C'est l'outil idéal pour enlever ou replacer les goupilles (cutter pins).
Fig. 14.— Pinces à coupe en travers.
Elle ne sert pas seulement à couper les goupilles à la longueur voulue mais aussi bien à en ouvrir les branches une fois qu'elles sont en place.
Les pinces à coupe en travers sont également utiles pour couper le fil de fer doux employé pour assujettir les têtes de boulons et les écrous.
Ces pinces s'endommagent facilement et ne doivent pas être employées en guise de cisailles à tôle ou comme pinces coupant du bout. Lorsque vous vous en servez, utilisez le fond des mâchoires et non les extrémités; cela réduit le risque de les fausser. Une fois les mâchoires faussées, il est difficile de couper du fil mince.
POINÇONS, POINTEAUX, CHASSOIRS, ETC.
L'illustration n° 15 fait voir plusieurs variétés de poinçons, pointeaux, chassoirs, emporte-pièce, perçoirs, broches de montage et chasse-goupille communément rangés sous l'appellation anglaise de punches.
Fig. 15.— Pointeaux, chassoirs, emporte-pièce, broche de montage.
Ces outils fort simples servent à nombre d'usages. Il faut savoir choisir celui qui convient le mieux à tel ou tel travail.
II y en a qu'on nomme plus spécialement chassoirs (drifts ou starting punches). Ces derniers forment un cône obtu, de la pointe au corps. Cette forme leur permet de supporter le choc de fortes percussions. On les utilise pour extraire les rivets une fois que la tête en a été coupée, ou pour libérer des goupilles bloquées dans leurs trous.
Une fois la goupille dégagée ou partiellement extraite, on trouvera peut-être le chassoir trop gros pour finir l'opération. On aura alors recours au chasse-goupille (pin-punch). Cet outil est construit de telle sorte qu'il passera dans le trou sans s'y bloquer.
Employez toujours le plus gros chassoir (drift) ou le plus gros chasse-goupille (pin punch) qui pourra s'engager dans le trou. On les trouve ordinairement en jeu de trois ou de cinq, de différentes grosseurs. Ces deux genres d'outils doivent avoir des extrémités plates, jamais rondes ou ébréchées.
Pour extraire un boulon ou une goupille très serrés, employez d'abord un chassoir dont le diamètre de la pointe sera à peine plus petit que celui de l'objet à extraire. Aussitôt celui-ci ébranlé, terminez avec un chasse-goupille.
Une trousse d'outils devrait toujours contenir des broches de montage ou pointeau de calage (alining ou lining up punch). Ces instruments mesurent ordinairement de 10 à 16 pouces de longueur et on s'en sert pour faire concorder des trous dans des pièces adjacentes mobiles ou coulissantes.
On se sert des broches de montage sur les moteurs et autres pièces de mécanique qui ont des carters (cover-plates), «pannes» et tôles de protection amovibles.
Un autre outil de la même famille que vous trouverez fort pratique est le pointeau à centrer (center punch). Un coup de ce pointeau sert de repère à la mèche ou au foret lorsqu'il s'agit de percer des trous dans du métal. Si vous tentez de forer un trou sans d'abord en marquer le centre au pointeau, la mèche s'écartera du point désiré — elle chassera.
L'extrémité du pointeau à centrer doit être affûtée à un angle d'environ 90 degrés. Ne vous servez jamais de cet outil pour extraire un boulon ou une goupille ; sa pointe effilée ferait office de coin et le boulon ou la cheville n'en seraient que serrés davantage dans leur trou.
On trouve encore d'autres variétés de cet outil adaptées à des fins spéciales. Il y a, par exemple, le chassoir en métal doux (soft-faced drift). Il est fait de cuivre jaune ou de fibre et on l'emploie notamment pour enlever les arbres (shafts), les coussinets (bearings) et les axes de pistons (wrist pins) des moteurs.
Ce chassoir est assez dur pour ne pas être lui-même endommagé mais aussi assez doux pour ne pas marquer ou rayer les surfaces soigneusement usinées avec lesquelles il vient en contact.
Vous pouvez avoir à faire des joints ou garnitures (gaskets) en caoutchouc, en liège, en cuir ou en metalloplastique (composition). Pour percer des trous dans ces joints, employez un emporte-pièce ou poinçon de courroie (gasket punch) dont on voit la reproduction dans notre figure 15.
Ces emporte-pièce se présentent sur le marché en différentes dimensions, qui correspondent aux types standard de boulons et goujons. Le bout de cet emporte-pièce est aminci et tranchant sur son pourtour de façon à produire des trous uniformes et bien nets.
Lorsque vous employez l'emporte-pièce ou poinçon à courroie, placez sur un bloc de bois dur ou sur un bloc de plomb la garniture à poinçonner ; vous éviterez ainsi d'ébrécher ou d'émousser la pointe coupante^ de votre outil. Frappez ensuite l'emporte-pièce avec un marteau de mécanicien afin de l'enfoncer à travers le joint, là où les trous doivent être poinçonnés.
Le pointeau de traçage (prick punch) est un autre outil du même genre. Comme son nom l'indique, il sert à tracer des lignes, des points de repère, sur les pièces métalliques que l'on veut usiner ou découper.
LES ÉTAUX
L'étau de mécanicien, (machinist vise) est un robuste instrument que l'on utilise pour serrer ou assujettir les pièces à tarauder, percer, scier, limer, découper, etc . . . Il ne devrait être utilisé que pour ces fins et non pas comme enclume. L'étau est pourvu de mâchoires parallèles et d'une semelle pivotante ou fixe.
L'étau universel (utility vise) est parfaitement adapté aux besoins courants d'un atelier et on peut l'employer à bien des usages autres que d'assujettir et de serrer. Son mors arrière (back jaw) comporte une enclume et un bec d'enclume. La surface de l'enclume est percée d'un petit trou dans lequel loge le tasseau ou tranchet (hardie).
Le tasseau est le petit ciseau que l'on voit avec l'étau universel dans l'illustration ci-dessus.
Fig. 16.— Étaux
On l'emploie pour couper les gros fils de fer, les petites barres et tiges métalliques. Des mâchoires à tuyaux, dites serre-tube, sont ménagées dans la partie inférieure de l'étau pour y assujettir au besoin les tuyaux et tiges rondes que l'on voudrait travailler.
Les mordaches (soft jaws) sont des mâchoires amovibles faites de laiton, de cuivre, ou autre métal doux, que l'on dispose sur les mâchoires de l'étau pour protéger la surface de la pièce à maintenir. Si vous n'avez pas de mordaches, vous pouvez aisément vous en faire une paire avec du métal de rebut.
Lorsqu'il s'agit de marteler une pièce de métal maintenue dans l'étau universel, on doit veiller à ce que les coups portent plutôt vers la mâchoire arrière. Elle est plus lourde que l'autre et assez robuste pour absorber les coups.
Vissez ou dévissez l'étau pour le serrer et le desserrer en tenant le levier coulissant dans vos mains, le poids de votre corps suffira pour obtenir la force de torsion nécessaire. Un bon ouvrier ne frappe jamais le levier de son étau avec un marteau, car il sait qu'en agissant de la sorte, il risquerait d'endommager le mors mobile ou de fausser la vis qui en assure le déplacement.
Questionnaire
1. Comment classe-t-on la plupart des marteaux à tête de métal ?
2. Quelle est la meilleure façon de tenir un marteau ?
3. Si la tête d'un marteau se détache du manche, quelle réparation devrez-vous effectuer ?
4. Quand faut-il affûter à nouveau la pointe d'un tournevis ?
5. Quels sont les trois différents tournevis qu'on trouve d'ordinaire dans une trousse d'outils ?
6. Quel est le tournevis sur lequel on peut se servir d'une clef pour aider à le tourner ?
7. Quelle règle de sécurité doit-on observer quand on se sert de n'importe quel outil pointu ou tranchant ?
8. Comment s'appelle le pointeau qui sert à chasser des rivets dont la tête a été coupée ?
9. Quel outil faut-il employer pour agrandir l'orifice pratiqué par un pointeau de traçage avant de commencer à percer un trou dans du métal ?
10. Définissez les "mordaches" ?