Les outils du verrier

Peinture, Vitrerie, Isolation 1966

Les instruments employés par le vitrier sont peu nombreux; en voici l'énumération:

La règle

La règle de vitrier, a 1 verge et plus de longueur, selon la dimension des feuilles de verre à couper; elle est faite en bois mince, flexible et léger; sa largeur est de 1 1/2 à 2 pouces, et son épaisseur de 1/4 à 1/2 pouce au plus. Cette règle est divisée en 32ièmes de pouces, de façon à pouvoir servir pour prendre les mesures.

Le compas

 Le compas pour diviser les panneaux et pour dessiner ses patrons.

L'équerre, dont tout le monde connaît l'usage.

La batte à battre le mastic.

La pince pour arracher les anciennes pointes.

Le marteau à panne fendue d'un côté pour le même usage que la pince, et à tête plate de l'autre pour frapper les pointes dans les feuillures avant le mastiquage. (Fig. 50).

Fig. 50.— Marteau de vitrier à panne fendue d'un côté et à tête plate pour enfoncer les pointes dans les feuillures avant le mastiquage.

Le couteau à lame flexible pour mastiquer, appuyer et lisser le mastic dans les feuillures (fig. 51) qui se compose d'une lame a et d'un manche b.

Fig. 51.— Couteau à lame flexible pour mastiquer, ainsi que la bonne façon de s'en servir. Lorsqu'on pose une vitre dans une feuillure qui a été démastiquée, il est préférable de la placer sur un mince lit de mastic appliqué au fond de cette dernière.

Le vitrier a également d'autres couteaux à lames courtes et fortes, sur le champ desquels il frappe avec son marteau pour enlever les anciens mastics: ce sont les couteaux à démastiquer.

Les pointes: ce sont de petits clous dépourvus de tête ou des triangles de zing qui, étant enfoncés dans les feuillures des cadres ou des croisés, y fixent les vitres. Ces pointes ont de 1/2 à 5/8 de pouce de longueur, (fig. 52)

Fig. 52.— Pointe triangulaire employée, à l'exclusion des clous dépourvus de tête, afin d'assujettir la vitre dans son cadre. Le mastic est préparé comme l'indique ce dessin avant d'être lissé à l'aide du couteau à lame flexible.

POINTE MASTIC

Le grégeoir ou grésoir qui sert à grésiller les bords du verre lorsqu'il est d'une forme circulaire, concave ou toute autre qui ne peut être coupée avec le diamant, tels que dans les vitraux gothiques ou de fantaisie qui sont destinés à remplir des panneaux en fer étiré (fig. 55).

Les pinces à grésiller servent aux mêmes fins. (Fig. 53).

Fig. 53.— Pinces de verrier et pinces à grésiller. Ces outils servent à tenir et à grésiller le verre.

Le carton à diviser

 Ce carton, dont la surface est lissée, reste constamment sur la table de l'atelier ; il est divisé sur les deux sens en pouces et en lignes qui sont tracés et croisés sur le côté apparent ; c'est sur ce carton ou sur la table même, si elle est très plane, unie et divisée également, que l'ouvrier coupe son verre conformément aux dimensions qu'il a prises sur place et marquées à la craie sur sa règle.

Plomb et soudure

 Les vitriers emploient le plomb étiré en vertes pour tenir les panneaux de verre blanc ou de couleur, et en forment des panneaux qui s'enchâssent dans les bâtis en fer des croisées et des rosaces d'églises, et pour assembler les parties coloriées des sujets religieux qui remplissent les grands panneaux du milieu.

Ils se servent également de soudure pour souder les angles de ces panneaux : la bonne soudure se compose ordinairement d'une partie de plomb et de deux parties d'étain fin, c'est celle des ferblantiers.

Mais comme l'étain est plus cher que le plomb, ils opèrent souvent avec le mélange des plombiers, qui consiste généralement en deux parties de plomb et seulement une d'étain. C'est à l'architecte qui dirige les travaux à s'assurer que l'alliage est convenable pour l'usage auquel il doit s'appliquer.

Les attaches ou liens en plomb: ce sont des bandelettes en plomb de trois à quatre pouces de long sur deux pouces de large. On en fait usage pour la vitrerie dès châssis des combles. Leur principal usage est d'empêcher que les vitres ne glissent dans leurs feuillures.

Le tire-plomb, lequel est en fer et sert à étirer les lames de plomb destinées à assembler les vitraux à compartiments.

Le tailloir, sorte de couteau en lame de grattoir à deux tranchants pour découper les lames de plomb.
Et enfin, le fer à souder, élément chauffant servant à souder les plombs en lames ou en verge qui réunissent les verres des panneaux vitrés à compartiments. (Fig. 54).

Fig. 54.— Fer à souder utilisé pour souder les plombs en lames qui servent à lier les vitres formant soit les châssis des combles, soit les diverses parties d'un vitrail plombé.

Le diamant à couper du verre.— L'outil qui porte ce nom était autrefois exclusivement pourvu d'une pointe sertie d'un diamant brut. Aujourd'hui, toutefois, on a substitué à cette pierre un petit disque tranchant, appelé molette, fait d'acier extrêmement dur et monté sur un axe à l'extrémité d'un fût.

Le manche qui termine l'outil est de longueur variable pour convenir aux préférences de l'ouvrier. Les disques tranchants sont aussi de diamètres variables. Le fût du coupe-vitre est encoche afin de permettre de grésiller le verre à fenêtre ou pour faciliter la cassure des minces bandes de verre qu'il faut parfois séparer d'une surface plus grande. (Fig. 55).

Fig. 55.— Diamant à couper le verre. L'outil le plus souvent employé est pourvu d'une molette d'acier et non d'un diamant et il est muni d'encoches qui permettent de grésiller le verre.

Les coupe-vitre à pointe diamantée sont encore en usage, mais on leur préfère l'outil à molette d'acier qui coûte moins cher et dont le rendement est généralement meilleur.

Voici comment est constitué le coupe-vitre à pointe diamantée. Un diamant est enchâssé dans un rabot en bois dur ou en ivoire d'environ 6 pouces de long.

Sur une de ses faces sont incrustés deux yeux en os ; il est percé à son axe d'un trou par lequel on introduit le dia-ment dans son fût, et lorsqu'on a déterminé le sens de la coupe du diamant, on le scelle au moyen de l'étain ou de la résine, en ayant soin toutefois de tenir les yeux du rabot du côté qui doit glisser sur la règle.

Les diamants qu'on emploie à la confection de ces outils sont toujours bruts ; on préfère ceux qui ont une légère teinte incarnat, et qui présentent le plus de coupes ou de facettes.

Le diamant pouvant s'altérer, le soin à prendre pour sa conservation consiste à s'assurer quelquefois si l'étain qui le soude est encore capable de le retenir ; si l'on avait quelques craintes de le voir échapper de son enveloppe, on pourrait y souder quelques grains d'étain qu'on ferait fondre au chalumeau et avec précaution autour de la pierre ; il n'y a aucun danger à redouter pour le diamant, car il supporte un haut degré de chaleur sans s'altérer.

Si l'on place le diamant de telle sorte qu'une de ses arêtes soit tangente, près des extrémités, à la fissure qu'on veut produire, et si les deux faces adjacentes sont également inclinées par rapport à la surface du verre, on aura satisfait aux conditions qui rendent l'opération facile.

La courbure de l'arête étant peu considérable, les limites de l'inclinaison sont très rapprochées; si le manche qui porte le diamant est trop ou trop peu élevé, une des extrémités de la courbe portera angulairement sur le verre, et ce point tracera un rayon très irrégulier.

Quand, au contraire, le contact est convenablement formé, on obtient une simple fissure produite par la pression latérale des deux faces du diamant, pression qui s'exerce également de chaque côté.

Par ce moyen, les portions contiguës de la surface du verre tendent à se séparer plus que l'élasticité des parties inférieures ne le comporte, et forment une séparation partielle des éléments du verre par une fente peu profonde.

Enfin, la différence d'une coupe blanche à une bonne coupe, vient de ce que le fond du sillon tracé par la première a une grande largeur en comparaison d'une fissure convenable ; dans le premier cas, la force qui doit rompre le verre se répand sur une surface de quelque étendue et peut être facilement déviée, dans l'autre, elle est successivement appliquée au divers points de la ligne mathématique qui forme le fond de la fissure, et suit toujours la même direction, à cause de la facilité avec laquelle l'adhésion des parties est détruite.

Comment couper le verre au diamant

Au moment d'effectuer la coupe, on trempe le diamant dans de l'huile de charbon, de la térébenthine ou une huile claire ; on étend en outre une mince couche du même lubrifiant sur la surface du verre où le trait sera tiré.

Si l'on se sert d'une règle, il faudra y maintenir le fût du diamant de façon que la molette d'acier tourne exactement dans le sens de la coupe.

Si l'on doit suivre un patron, il faudra le placer sous la vitre et en suivre les contours avec le diamant en exerçant sur celui-ci une pression soutenue, mais modérée, tout en le guidant de la main gauche.

Si la molette ne tourne pas directement dans le sens de la coupe à effectuer, le trait restera flou et le verre ne se rompra pas net au moment de la cassure.

Il est bon de pratiquer afin d'en venir à obtenir une coupe droite et nette, allant d'un bord à l'autre de la feuille de verre.

En suivant un patron de petit format, on doit s'ingénier à le couper environ 1/32 de pouce plus grand, quitte à le ramener aux dimensions exactes en se servant d'un polissoir. Chaque coupe doit traverser la feuille d'un bord à l'autre et se rapprocher le plus possible de la ligne droite.

Dans les courbes prononcées, on doit faire partir le plus de déchets possible par des coupes droites; on finit ensuite à l'aide des polissoirs si l'on est à l'atelier, ou en grésillant si l'on est sur un chantier de construction ou à effectuer une réparation.

Les deux défauts les plus communs sont les manques et les coupes effritées. Les manques proviennent de ce que la molette du diamant est émoussée, bloquée ou aplatie ; ils résultent encore de ce qu'on applique sur l'outil une pression inégale ou trop forte et de ce que la feuille de verre est inégalement supportée par en dessous.

Les coupes à bords effrités sont le résultat d'une pression excessive appliquée sur l'outil ; par l'absence ou l'insuffisance de lubrifiant et une molette endommagée.

Lorsqu'une molette trop coupante effrite les bords de la coupe, on peut l'émousser légèrement en la passant à plusieurs reprises sur un morceau de verre de rebut.