Installations de gaz
Le gaz d'éclairage et de chauffage, inventé en 1800 par l'ingénieur français Philippe Lebon, n'a peut-être pas produit une révolution aussi considérable que l'application de l'électricité à la lampe à incandescence par Edison en 1878.
Il a tout de même contribué à l'embellissement et à la sécurité des villes que les réverbères à l'huile d'autrefois n'éclairaient qu'imparfaitement.
L'éclairage au gaz des résidences fut appliqué en Angleterre pour la première fois en 1800 avec l'installation d'une usine à gaz à Londres, puis en France en 1817, et employé d'une manière sérieuse à Paris en 1825. Le gaz employé aux États-Unis à cette date fut couramment appliqué aux résidences en 1875 et au Canada en 1880.
Supplanté par l'électricité qui le remplaça complètement en 1900 pour l'éclairage des résidences, le gaz n'en demeura pas moins fort populaire pour le chauffage des poêles de cuisines où il supplanta à son tour le bois et le charbon, devenus une source d'ennuis à cause de l'espace toujours plus restreint et de la manipulation des cendres.
On sait que le gaz provient de la distillation de la houille ou charbon, sous l'effet de la chaleur, le charbon augmente de volume et il s'en dégage un gaz d'une odeur infecte.
Renfermant de l'oxyde de carbone, de l'acide sulfhydrique et différents carbures — tous impropres à la respiration — le gaz d'éclairage, on le comprend, possède des propriétés toxiques au plus haut degré. L'air qui en contient une très faible quantité devient mortel.
Le gaz mélangé à l'air dans certaines proportions devient un violent explosif surtout lorsqu'il est confiné. Il s'enflammera à la moindre étincelle, au contact d'une cigarette, et prendra une telle expansion en explosant qu'il causera souvent les dégâts les plus considérables.
Laissant de côté les détails de la fabrication du gaz, nous nous bornerons à l'étude de son installation dans les habitations.
Le gaz est fourni par un service public dans presque toutes les grandes villes et livré à chaque abonné par un tuyau d'amenée de 1" pour une résidence, de 1¼" pour une maison à deux ou trois logements, 1½" pour 4 à 6 logements et 2" pour 8 à 10 logements.
Le tuyau d'amenée est fourni et posé par la compagnie de gaz qui le rend jusqu'à deux pieds à l'intérieur du mur.
Il est préférable de le munir d'un robinet d'arrêt à boisseau (stopcock) qui, lui, n'est plus fourni par la corporation, mais qui sera tout de même très utile en cas de fuites, réparations, changements dans l'agencement des conduites intérieures, ou encore lorsque viendra le moment de raccorder les compteurs.
Autrefois, l'installation pour l'éclairage au gaz se faisait en tuyaux d'étain de 3/8 de pouce ou 1/2" de diamètre extérieur, pesant 1/4 de livre pied pour les branches reliant les becs de gaz et de 1/2" ou 5/8" de diamètre extérieur pour les gazeliers à deux ou trois becs.
Ces tuyaux d'étain étaient reliés, au moyen de bagues en cuivre à brides taraudées, sur les conduites de 1/2 ou 3/4" en fer noir.
Nous l'avons vu, l'adaptation du gaz aux poêles de cuisine avec four pour la cuisson remonte à 1900 ; nous avons encore à l'heure actuelle une très forte consommation de gaz pour cet usage.
Avec ses nouveaux brûleurs à flamme bleue, ses robinets et allumeur automatiques ; ses fours doublement isolés, munis de thermomètres indiquant le degré de chaleur, son robinet de contrôle thermostatique, qui maintient la chaleur du four au degré voulu et bien d'autres améliorations pratiques, le poêle à gaz conservera certainement sa suprématie pendant quelques années encore, avant de faire place à son rival actuel, le poêle électrique, considéré de moins en moins comme un luxe.
Les conduites pour les poêles à gaz doivent avoir au moins 3/4" de diamètre, bien qu'elles puissent être réduites à 1/2" pour les poêles de petites dimensions ou ne possédant que deux feux. Tout poêle à quatre feux et un fourneau nécessite un tuyau de 3/4" de pouce de diamètre.
Les tuyaux doivent être posés avec le plus grand soin. On ne doit pas employer de vieux tuyaux. Leurs assemblages et pièces de raccords, manchons, bagues, coudes et T doivent être bien taraudés, et les filets de chaque tuyau bien enduits de blanc de plomb pour les rendre absolument étanches au gaz.
En attendant l'installation du poêle ou du compteur, les extrémités de chaque conduite à gaz doivent être fermées hermétiquement avec un bouchon taraudé en métal. De nombreux accidents, pertes de vie, explosions ou incendies ont été causés par des conduites laissées à l'air libre.
On place quelquefois les compteurs dans les cuisines, à proximité d'un poêle ; c'est une source d'ennuis lorsqu'on enlève ou change le compteur. Il est préférable de localiser les compteurs au rez-de-chaussé ou au soubassement, dans un endroit d'accès facile pour favoriser l'inspection et le relevé des compteurs.
Chaque poêle à gaz est muni d'une bouche d'aération et doit être relié par un tuyau de fumée de 4" à une cheminée ou conduite de ventilation en métal, pour faciliter l'évacuation des gaz délétères qui émanent toujours de la combustion.
Cette précaution s'impose surtout si les prises d'air des brûleurs ne sont pas bien ajustées, et fournissent trop ou trop peu d'air pour le gaz consommé.
Lorsque le brûleur est réchauffé et que les liquides ou aliments sont à leur point d'ébullition, on doit toujours baisser les feux de manière à garder une chaleur latente.
Cette précaution s'impose parce que la vapeur d'eau qui se dégage des chaudrons ou ustensiles est attirée, par la succion du brûleur, vers le feu et en dessous du chaudron où s'accumule un dépôt de carbone formant un monoxyde d'une odeur acre plus ou moins toxique.
De plus lorsqu'un liquide porté à son point d'ébullition renverse et s'écoule sur le brûleur rougi par le feu, il en résulte le même effet quand ce n'est pas l'extinction et un dégagement de gaz qui pourrait causer l'asphyxie des occupants de la maison.
La plus grande attention doit être portée lorsqu'on allume les feux d'un poêle à gaz. On doit allumer l'allumette et la présenter au-dessus et près du brûleur avant d'ouvrir le robinet du gaz.
Cette précaution s'impose si l'on ne veut pas perdre de gaz dans l'air. Il ne faut pas oublier que le gaz peut subitement s'enflammer à distance du brûleur et provoquer des brûlures corporelles.