Abatage du bois
Charpente et Menuiserie (1950)
L'Abatage du Bois consiste à
jeter à terre les arbres, à les renverser en les coupant à leur base.
Époque
d'abatage. Les arbres doivent être abattus de préférence tard l'automne, et
mieux encore en hiver, alors que la végétation et la circulation de la sève sont
nulles ou considérablement ralenties avant la nouvelle montée de la sève. Coupé
à cette saison on dit que le bois est saisonné.
Maturité de l'arbre. Il est préférable d'abattre l'arbre à l'époque de sa maturité, avant sa période de dépérissement (que l'on appelle le retour), si l'on veut en faire du bois de construction. Les arbres qui ont atteint de 60 à 80 ans donnent un très bon bois d'œuvre et de charpente; ceux de 40 à 60 ans donnent des pièces de diamètre plus restreint.
Pour le bois de pulpe, une croissance de 20 à 30 ans donne des pièces de diamètre accepté. Les arbres de 25 à 35 ans donnent un bon bois de chauffage. Pour la fabrication du charbon de bois, les arbres de 15 à 20 ans contiennent suffisamment de matières chimiques pour alimenter le gazogène.
La coupe du bois consiste à faire, à la base du tronc et du côté où l'on veut faire tomber l'arbre, une entaille pénétrant à peu près jusqu'au centre du tronc. Du côté opposé l'on en fait une autre que l'on approfondie jusqu'à ce que l'arbre devienne en équilibre instable avant de s'affaisser.
On se sert d'une cognée pour commencer l'entaille; on achève l'opération à l'aide de la scie et parfois de coins de fer. Il est important de diriger la chute de l'arbre afin d'éviter d'endommager les arbres voisins, sur lesquels il peut rester en suspens et provoquer ainsi des accidents.
Tronçonnement. Les arbres sont ordinairement abattus l'hiver avant la montée de la sève, puis tronçonnés aux dimensions suivantes: 1° En billots, (Fig. 7) qui sont coupés d'ordinaire à 12 pieds de longueur pour le bois de charpente, les madriers et la planche.
Fig. 7.— Empilement de billots en forêt.
On les transporte au bord des lacs ou des cours d'eau pour le flottage. Pour les plus grosses pièces, c'est-à-dire pour les pièces de charpente, les poutres et les fermes, on les coupe spécialement en longueurs de 16 à 20 pieds.
2° En billes de pulpe qui sont coupées à 8 pieds de longueur pour le flottage ou directement en billes de 4 pieds. On les transporte avec des traîneaux au bord des rivières ou près des routes, où elles séjournent un certain temps avant le flottage à billes perdues qui les dirige vers l'usine.
3° En bois de chauffage qui est coupé en grumes de 2 pieds ; il en est ainsi pour les grumes qui doivent servir à la fabrication du charbon de bois.
On appelle bois de grume le bois coupé qui a encore son écorce. La grume, c'est l'écorce laissée sur le bois.
FLOTTAGE
Le flottage consiste à laisser séjourner dans l'eau, durant un temps plus ou moins long, les bois fraîchement abattus. L'eau prend la place de la sève. En exposant les bois à l'air, on obtient une dessication plus rapide qui favorise l'enlèvement de l'écorce et permet au bois de mieux se conserver.
Le flottage du bois est le transport par eau du bois que l'on flotte. Il y a plusieurs manières de faire le flottage.
a) Le flottage à billes perdues, dans lequel les billes sont abandonnées une à une au cours d'eau. La drave (drive) est le manoeuvrement à l'aide de gaffes et de «pivés» de ces billes ou d'un rassemblement de billots pour le flottage en train, à la chaîne ou plus généralement à billes perdues. (Fig. 8).
Fig. 8. —Flottage du bois sur une rivière; la drave.
b) Le flottage en train est formé de radeaux que l'on compose avec de nombreuses pièces de bois réunies entre elles par des perches transversales. Les radeaux sont ensuite attachés les uns à la suite des autres, et on les manœuvre selon le cours de l'eau.
c) Le flottage en chaîne se fait d'ordinaire sur les lacs. Il consiste en chaînes composées de longues billes que l'on attache entre elles à leurs extrémités, pour encercler les bois à flotter et pouvoir les remorquer au moyen d'un bateau toueur.
d) Le flottage en cage, communément appelé cageux, se fait au moyen de simples radeaux composés de nombreuses billes sur lesquelles on empile transversalement le bois ou les planches pour les transporter par eau. On manœuvre le cageux à l'aide de gaffes, de rames, à la voile, ou encore on le remorque lentement.
L'estacade est une sorte de digue flottante à clairevoie, faite avec des pieux plantés dans le lit d'un cours d'eau ou d'une rivière, pour en fermer le passage et arrêter les billes.
L'estacade à chaîne (boom), consiste en des chaînes de billots ou de grosses pièces de 16" ou 18" carrées et longues de 20 à 25 pieds, boulonnées crois par trois et attachées les unes à la suite des autres au moyen de chaînes. Cette estacade sert à barrer, dans une rivière ou son embouchure, le passage des billes, et à les rassembler; elle est communément appelée "boom" de la désignation anglaise. (Fig. 9).
Fig. 9.— Amoncellement de billots dans les estacades (Booms)
Durée du flottage. Il est bon de ne pas laisser le bois séjourner plus de 2 ou 3 mois dans l'eau, afin de ne pas affaiblir sa résistance. Pour les bois résineux, une courte immersion favorise la conservation de la résine et n'altère pas le bois.
Un trop long séjour dans l'eau produit le ramollissement de l'aubier ou cœur du bois, qui sèche plus lentement que le bois proprement dit; le retrait qu'il prend lorsqu'on l'expose à l'air après un long séjour dans l'eau est considérable.
FLOTTAGE DES BOIS FRANCS
Les bois francs ne peuvent séjourner longtemps dans l'eau. Vu leur densité, ils deviennent plus lourds que l'eau lorsqu'ils en sont imprégnés. Leur transport par eau se fait à bord de grands chalands sur lesquels on empile les billes que l'on remorque avec des bateaux toueurs, ou à l'aide de cabestans et d'ancrages.
DESSICATION
Les bois verts contiennent de 35% à 40% d'eau. Ce pourcentage peut toutefois varier; il est moindre lorsque la circulation se ralentit au commencement de l'hiver. Pour éliminer l'eau
contenue dans le bois, le moyen le plus simple est de l'exposer à l'air libre. La présence de l'écorce est un obstacle au séchage; un bois écorcé sèche donc plus rapidement.
Le séchage à l'air se fait après que le bois est équarri ou débité en madriers ou en planches, puis empilé en cage, ce qui permet à l'air de circuler librement encre chaque pièce. (Fig. 10).
Fig. 10.— Planches et madriers séchant dans une cour à bois.
On peut faire sécher le bois soit naturellement, à l'air libre, comme nous venons de le dire, ou artificiellement dans un four ou chaufferie.
Le séchage à l'air se fait après que le bois a été équarri ou débité en madriers ou en planches. On l'empile alors en cages, ce qui permet à l'air de circuler librement entre chaque pièce.
RETRAIT DU BOIS
Le bois ne prend pas de retrait tant que sa teneur en eau ne descend pas entre 23 et 30%, mais aussitôt que les parois des cellules du bois commencent à sécher, le diamètre de chaque cellule diminue sensiblement et la contraction commence.
Le retrait dans le sens de la circonférence du bois n'est pas le même que dans le sens radial. Les planches débitées tengentiellement aux couches annuelles prennent plus de retrait que les planches débitées sur quartier, et le retrait varie suivant les essences.
Les planches à grain plat ont le défaut de sécher inégalement, de se cintrer, c'est-à-dire que les bords s'éloignent du cœur, surtout si les planches sont larges. On remédie à ce défaut lorsqu'on empile les planches en employant plus de liteaux. Ce sont surtout les rayons médullaires qui sont cause du peu de retrait radial.
Bien que le plus grand changement dans les dimensions du bois ait lieu quand le bois passe de l'état vert à l'état de bois séché au four, il se produit un changement important lorsque le bois, séché au four, appareillé et conservé en entrepôt, vient à absorber l'humidité de l'air environnant.
L'absorption de l'humidité et par suite l'expansion du bois séché au four et emmagasiné peuvent être réduites dans bien des cas. Le bois doit tout de même avoir une certaine teneur en eau avant de passer à la machine: tout dépend de l'usage auquel il doit être affecté.
Le bois doit être emmagasiné dans un hangar fermé et si possible chauffé afin d'être à l'abri des trop fortes variations hygrométriques.
L'HUMIDITÉ
L'humidité ou la teneur en eau du bois est représentée par le rapport qui existe entre le poids de l'eau contenue dans le bois et le poids de ce même bois après qu'il a été séché complètement au four. Par exemple lorsqu'on parle d'une teneur en eau de 10%, on veut dire que le bois contient 10 livres d'eau par chaque 100 livres de fibre de bois séché.
L'humidité du bois varie suivant la méthode employée pour le séchage, mais il est essentiel, comme nous l'avons dit plus haut, de lui laisser la teneur en eau qui le rend le plus propre aux usages auxquels il doit être affecté, et le plus apte à supporter les conditions atmosphériques auxquelles il sera soumis.
Le bois de construction séché à l'air libre a une teneur en eau de 10% à 20% suivant les saisons; pour les boiseries intérieures, les aménagements et meubles, la teneur en eau au moment où le bois sera façonné devra être de 4% à 6% peuvent être réduites dans bien des cas. Le bois doit tout de même avoir une certaine teneur en eau avant de passer à la machine: tout dépend de l'usage auquel il doit être affecté.
Le bois doit être emmagasiné dans un hangar fermé et si possible chauffé afin d'être à l'abri des trop fortes variations hygrométriques.
Pour la menuiserie et les bois appareillés — lesquels sont le plus souvent entreposés dans des hangars ouverts et non chauffés — une teneur de 7% à 8% d'eau est suffisante.
Ces degrés d'humidité permettront au bois de se bien travailler à la machine; il n'absorbera pas l'humidité aussi rapidement que si sa teneur d'eau était de 3 à 5% seulement.
LES FOURS
II y a différentes sortes de fours pour faire sécher le bois. On employait autrefois l'air chaud, aujourd'hui on utilise de plus en plus la vapeur à l'aide de radiateurs.
Les fours à sécher le bois peuvent être groupés en deux classes suivant la façon dont la manipulation du bois doit se faire dans le four même:
1° Le four à compartiment. Ce four est rempli complètement chaque fois et la charge y séjourne en place pendant toute la durée du séchage.
2° Les fours progressifs, dans lesquels on fait entrer quotidiennement à un bout une quantité de bois vert et duquel on retire à l'extrémité où finit le traitement une quantité égale de bois sec.
ÉQUARRISSAGE
L'équarrissage est l'opération qui consiste à trouver la plus grosse pièce rectangulaire dans une bille donnée, de façon à ne fournir que du bois sain. Dans les pièces de charpente l'aubier doit être proscrit.
Si l'on veut obtenir une section rectangulaire qui offre la plus grande résistance, on inscrira dans une section de la bille un rectangle ou carré de la façon suivante:
Sur le diamètre AB, du point C (tiers de la longueur) on élève une perpendiculaire CE, puis on abaisse DF. On joint AE et BF. En traçant les parallèles BE et AF, on obtient un rectangle. (Fig. 11).
Fig. 11.— Comment trouver la plus grosse pièce rectangulaire dans une bille de bois.
DÉBITAGE
Le débitage du bois consiste à diviser ses sections en un certain nombre de pièces régulières et de dimensions moindres, afin de tirer le meilleur parti possible du bois sain. Les premières planches débitées parallèlement au diamètre du tronc sont sujettes à gondoler. (Fig. 12)
Fig. 12.— Ce qui fait gondoler la planche.
II y a plusieurs méthodes pour débiter ou scier les billes. Lorsqu'un billot est coupé directement par tranches parallèles, les planches du centre ont l'avantage d'offrir une plus grande largeur, mais celles des côtés auront une tendance à se déjeter. (Fig. 13).
Fig. 13.— Planche qui a tendance à se déjeter.
Les billes sciées en deux sur la largeur, puis en quatre, offrent dans chaque section des planches — si elles sont sciées alternativement sur la face perpendiculaire — un bois peu sujet à se tordre ou à fendre. (Fig. 14).
Fig. 14.— Les billes débitées comme ci-dessus ont peu tendance à se tordre ou à fendre.
Si les quartiers du billot sont sciés en diagonale, les principales planches coupées dans le sens des rayons médullaires sont d'une très belle qualité. (Fig. 15).
Fig. 15.— Une planche sciée en diagonale — c'est-à-dire dans le sens des rayons médullaires — est de meilleure qualité.
De nombreuses machines, hautement spécialisées et à grand rendement, servent à débiter le bois en notre pays.
Le débitage en planches et en madriers s'effectue au moyen de la scie circulaire (Fig. 16), de la scie à ruban de grande dimension (band saw) (Fig. 17) et, pour les «croûtes» d'une certaine épaisseur, de la scie à refendre ou «catrinne). (Fig. 18).
Fig. 16.— Scie circulaire servant à débiter les billots en planches et en madriers.
Fig. 17.— Scie à ruban (band saw) utilisée dana les scieries pour débiter les billots.
Fig. 18.— Scie à refendre (catrlnne).
Certaines scies à ruban sont pourvues de dents c'es deux côtés, ce qui leur permet de débiter me planche ou un madrier à l'aller aussi bien qu'au retour du charriot. Le charriot (Fig. 19) sert à présenter les billes à la scie. Chaque bille est retenue par des crochets et peut être avancée de quelques lignes à plusieurs pouces à la fois afin de tirer tout le parti possible du bois utilisable.
Fig. 19.— Charriot (carriage) servant à présenter les billots à la scie.
Le bois est aussi débité dans certains moulins grâce à des scies groupées parallèlement et que l'on désigne sous le nom de «gang». Ces lames droites, longues de trois pieds ou plus, sont placées côte à côte et espacées d'un pouce. Elles agissent de haut en bas à la manière d'une scie à refendre manuelle.
Bien qu'elles avancent moins rapidement que les scies à ruban et les scies circulaires, elles donnent un rendement presque égal à ces dernières du fait que deux billes y sont débitées simultanément, ce qui, à la sortie, peut donner de 12 à 15 planches d'un pouce.
Les billots destinés à la «gang» doivent être bien droits et de grosseur aussi uniforme que possible. La planche qu'elle produit est plus rugueuse que si elle avait été débitée à la scie circulaire ou à la scie à ruban. Dans tous les cas, néanmoins, l'affûtage des scies exerce une influence considérable sur la qualité du bois qu'elles sont appelées à débiter.
Une fois que le bois est sorti de l'une ou l'autre des machines que nous venons de décrire, l'écorce qui reste sur les côtés doit être enlevée. Pour cela on se sert de la déligneuse (Edger) (Fig. 20).
Fig. 20.— Déligneuse (Edger).
Deux ou trois scies circulaires, dont l'une est fixe et les autres peuvent se déplacer latéralement, effectuent cette opération avec précision et rapidité. Les scies mobiles s'ajustent de façon à n'enlever que l'écorce et le faux-bois de chaque planche ou madrier.
Après avoir été déligné, le bois s'achemine, au moyen de convoyeurs, vers la jetée de triage. À chaque extrémité de ces convoyeurs se trouvent des scies, communément appelées «botteuses» (de l'anglais "to butt": couper perpendiculairement) qui enlèvent les sections défectueuses du bois et en mettent les extrémités parfaitement carrées.
À la jetée de triage, les planches et les madriers sont empilés d'après leur longueur, leur épaisseur et leur qualité.
On débite le bois de diverses façons pour convenir aux besoins du marché. C'est ainsi que le cèdre est généralement transformé en bardeaux au moyen d'un moulin à bardeaux (Fig. 21).
Fig. 21.—Machine servant à débiter le cèdre en bardeaux.
Le bouleau sert à fabriquer du bois de fuseau; ce sont des billes de longueur variable, mais qui sont équarries au moyen de la machine qu'illustre la (Fig. 22).
Fig. 22.—Appareil utilisé pour débiter les bois francs en bois de fuseau.
Les «croûtes» d'une certaine épaisseur, sortant de la déligneuse, sont transformées en lattes par la machine illustrée par la fig. 23.
Fig. 23.— Machine à fabriquer la latte.
DÉFAUTS DU BOIS DÉBITÉ
Lorsque le bois est débité, le défaut le plus apparent est la pourriture qui devait exister quand l'arbre était sur pied, mais à laquelle on peut partiellement obvier par le tronçonnement de l'arbre.
La pourriture sèche. C'est le
défaut le plus commun du bois; c'est aussi celui qui le déprécie le plus. Elle
se développe et s'étend rapidement dans un bois qui, au premier abord, semblait
bon, et même après qu'il a été mis en place.
La pourriture sèche (dry rot)
s'attaque au bois et s'étend d'une partie à l'autre, lui fait perdre sa force et
amène sa détérioration.
Ce défaut peut causer de graves inconvénients surtout si la pièce est appelée à supporter de très grosses charges. Combien de poutres, solives, fermes, n'ont-elles pas été la cause de dommages considérables par suite de la pourriture sèche dont elles étaient atteintes, et qui amenèrent un effondrement ?
Elle prend naissance et se développe dans les bois exposés aux alternances de sècheresse et d'humidité. Un bois entièrement immergé dans l'eau ou absolument sec peut se conserver indéfiniment.
La pourriture sèche est produite par un champignon microscopique qui se développe sous l'influence de l'humidité; lorsque le bois sèche, il a tendance à jaunir et laisse apparaître comme une poudre blanche disséminée en certains endroits.
Exposée aux alternances de sècheresse et d'humidité, cette moisissure qui se développe à la surface du bois, se transforme en matière sèche et friable. Elle est due à la fermentation de la sève restée en suspens dans les tissus du bois; les matières azotées qu'ils contiennent, dissoutes par l'humidité, produisent la pourriture qui favorise aussi le développement des insectes destructeurs.
Insectes destructeurs. Les bois conservés dans les cours à bois ou les entrepôts, les bois débités et même les bois employés, sont attaqués par divers insectes qui les rongent et amènent la vermoulure.
Les vermoulures sont des traces que laissent les vers dans le bois qu'ils rongent et la poussière du bois qui sort des trous qu'ils laissent. Les vermoulures se produisent aussi dans les pièces qui séjournent ou sont restées un certain temps sur le sol ou à proximité de la terre, permettant ainsi aux fourmis d'y élire domicile.
Le termite ou mouche à bois, est un insecte d'assez petite dimension qui a les ailes repliées sur le corps. Il exerce des ravages considérables dans la forêt en s'attaquant aux arbres, surtout aux sapins et épinettes; il s'attaque aux bois empilés dans les cours à bois ou entrepôts et même aux charpentes des maisons, sans qu'aucun signe extérieur puisse faire soupçonner sa présence.
Les bois tordus ou fibres torses, résultent de l'action d'un vent violent et continu sur l'arbre ou encore de la pesanteur de la neige et du verglas qui font ployer l'arbre sous leur poids après une pluie d'hiver. Ce défaut ne nuit pas à la solidité du bois mais met un obstacle à son débitage.
Les fentes sont des fissures produites dans le bois par la dessication. Elles sont parallèles aux fibres et peu dangereuses quand elles ne sont pas trop développées. (Fig. 24).
Fig. 24.— Fentes résultant de la dessication des planches.
Les gerces sont des fentes perpendiculaires aux fibres, partant de la circonférence et se dirigeant vers le centre de l'arbre. Elles proviennent d'une dessication trop rapide et sont un indice que le bois est peu résistant. (Fig. 25).
Fig. 25.— Gerces, provenant d'une dessication trop rapide du bois.
Les gelivures sont des fissures, des gerçures causées par un froid rigoureux. Elles partent de la circonférence et se dirigent vers le centre mais d'un seul côté du bois, du côté du soleil couchant. (Fig. 26).
Fig. 26.— Gelivures, causées par les rigueurs du froid.
Le liber ou faux-bois se présente sur l'une des arêtes du bois en planches. Lorsqu'une bille est sciée avec son écorce, les planches sont susceptibles de présenter, sur une de leurs faces, une bande d'écorce ou de faux-bois.
Les noeuds. Ce défaut plus ou moins commun à tous les bois, consiste en de petites rondelles de bois mort. Ils apparaissent lorsque les billots sont coupés en planches. Ils commencent à la naissance des branches dans le tronc des arbres. (Fig. 27).
Fig. 27.— Les noeuds sont communs à la plupart des bols.
Lorsque le bois d'une planche vient à sécher, les nœuds, après un certain temps, se détachent et laissent des trous. Bien qu'ils soient des défauts, les nœuds ont parfois une valeur ornementale — lorsqu'ils sont très durs et incrustés dans les planches larges, par exemple dans le sapin rouge destiné à des ouvrages de lambris ou à des boiseries intérieures qu'on veut laisser au bois naturel.
Pour faire disparaître les nœuds apparents, il suffit de les purger en enlevant le mauvais bois avec une tarière pour le remplacer par une cheville de bois dur que l'on enduit de colle forte et qu'on introduit de force, puis qu'on rare en passant le rabot en même temps que sur le reste de la planche.
Si le bois est pour être
recouvert de peinture les nœuds dont le diamètre n'excède pas 1/2" à 3/4" sont
enduits de shellac qui les pénètre et les scelle en place, les dissimulant ainsi
à travers la peinture appliquée dans la suite.
La carie est un défaut dont on
doit préserver les bois exposés aux intempéries.
C'est une altération des substances ligneuses du bois qui se propage rapidement par suite de l'action de l'air et de la pluie ou au contact de la terre humide. Le seul remède consiste à recouvrir les surfaces exposées du bois d'une ou deux couches de peinture à l'huile, après avoir mastiqué les nœuds, fentes et têtes de clous. La rouille de ces derniers est l'une des principales causes de carie qui se communique souvent à la pièce entière.
INDICES DE LA QUALITÉ DU BOIS
Le meilleur indice de la qualité du bois est l'absence des défauts que nous venons d'énumérer. Il est bon toutefois de se renseigner sur la provenance du bois, s'il a été coupé à la bonne saison, s'il a été flotté et s'il est de coupe récente.
On reconnaît la qualité d'un bois à sa texture qui doit être homogène, à la manière qu'il a été débité et à sa couleur: le passage d'une teinte foncée à une teinte claire doit se faire graduellement. La sonorité du bois est également un indice utile. Un bon bois sonne clair; celui qui contient des gelivures ou gerçures rend un son sourd.
Les copeaux doivent avoir une odeur agréable, odeur particulière à chaque essence d'arbre. Si le bois répand une odeur le moindrement nauséabonde, on peut augurer un commencement de fermentation: il est chauffé.
Les fibres du bois doivent être droites. La régularité des couches, l'absence de nœud et la ténacité des copeaux sont autant d'indices qu'il faut apprécier. Au contraire, les couches annuelles trop épaisses indiquent une croissance trop rapide et une densité trop faible. Ces couches sont exposées à se décomposer très vite.
Lorsque l'on procède à la réception du bois, il est facile d'apprécier sa couleur et son odeur et l'on peut en faire l'essai suivant: après avoir passé une légère surface du bois au rabot on la mouille et si l'eau ne pénètre pas le bois on peut le considérer comme bon.
Les défauts apparents dans une pièce de bois ont une importance variable suivant l'emploi qu'on veut en faire. Comme nous l'avons vu il est facile de purger les nœuds et les gelivures, s'ils ne s'étendent pas trop profondément et ne nuisent pas énormément à la solidité du bois.
En pratique, pour les bois qui entrent dans une charpente, il est plus prudent de refuser toute pièce qui n'est pas absolument saine, abattue en saison ou trois ans avant sa mise en œuvre.
LES OUVRAGES DE BOIS SOUS L'EAU LE TARET ...
Nous avons dit que le bois peut se conserver indéfiniment sous l'eau, s'il n'est pas exposé à l'air. Il faut faire exception toutefois de l'eau de mer aux endroits infestés par le taret.
Le taret est un genre de mollusque qui s'attaque aux pilotis, trétaux, bref à toutes les essences de bois qui servent à la construction des quais, etc.
A l'époque des voiliers ou bâtiments de bois, on procédait de temps à autre au carénage des navires afin d'obvier à la formation et aux effets de ces vers de mers.
De nos jours l'outillage des ports est toujours en bute à ce fléau. Pour donner une idée du point où leur action peut être néfaste, il suffit de mentionner les dégâts causés aux quais et jetées de la Baie de San-Francisco de 1917 à 1921, dégâts qui furent évalués à plus de 20 millions de dollars.
Les larves du taret pénètrent dans les bois, sous l'eau, en nombre suffisant pour détruire leur structure. Les trous que perce le taret ne sont pas plus gros que la tige d'une épingle, mais ce lamellibranche croît très rapidement en se nourrissant de la poussière du bois qu'il râpe; en six ou neuf mois il a tôt fait de détruire une section transversale de pilotis.
Un choc violent sur la pièce de bois ou le piloti infesté est fatal au taret, par exemple la percussion produite par la masse d'un mouton qui s'abat sur la tête d'un piloti. Cette constatation a amené l'emploi de charges de dynamite à proximité des charpentes de quai infestées par des tarets pour les combattre.
RÉCAPITULATION
1 — A quelle époque de l'année les arbres doivent-ils, de préférence, être abattus pour donner un bois de meilleure qualité ?
2 — Quels avantages particuliers un flottage de 2 ou 3 mois assure-t-il aux bois mous ?
3 — Quel pourcentage moyen d'humidité doit contenir le bois de construction séché à l'air libre ? Celui qui doit être façonné pour la menuiserie d'intérieurs ?
4 — Qu'est-ce qui provoque la pourriture sèche ? Les gerces ? Les gelivures ?
5 — A quels signes reconnaît-on la qualité du bois débité ?