Pans de bois

Charpente et Menuiserie (1950)

Les pans de bâtisses, en bois lambrissé de briques ou autre matériel incombustible, ou en bois apparent, entrent dans le domaine de la charpente. Il en est de même pour les bâtisses érigées entre les murs de refend en briques et dont les façades sont en bois apparent ou encore lambrissées de briques.

Les pans en bois pour des bâtisses isolées ont permis l'érection de façades en bois apparent qui, à tous les égards, ont une place bien marquée dans la menuiserie et l'art architectural. Dans l'ensemble, tout pan de bois se compose de poteaux principaux et secondaires, de poteaux d'angles plus résistants, de lambourdes au niveau du plancher, et de sablières au niveau de l'attique.

Enfin viennent les pièces, appuis et linteaux pour les baies, puis entre ces pièces principales, des pièces diverses de remplissage. Le remplissage se fait en pièces horizontales ou verticales, selon le besoin. Des pièces doivent être dirigées obliquement pour contreventer la construction, c'est-à-dire pour lui donner plus de résistance aux vents.

Voilà le principe de la construction des pans en bois qui, revêtus d'un lambris extérieur en bois apparent, et avec les quelques décorations dont on les pare, présentent souvent un aspect charmant.

La charpente claire (balloon frame) (Fig. 103) n'est qu'un pan, comme le précédent, en bois de charpente, mais de plus petit diamètre et où l'on omet le remplissage entre les pièces principales.

Fig. 103.— Charpente claire non contreventée.

Celles-ci sont revêtues en ce cas d'un lambris en planches qui reçoit une façade en bois apparent, à «clin» (en clapboard) ou revêtu de bardeaux. Ce genre de construction est peu dispendieux et se prête très bien pour les résidences d'été.

CONSTRUCTION EN BOIS ROND

La construction des pans en grosses pièces de bois remonte aux premiers temps de la colonie. Au 17e siècle, en effet, les habitations canadiennes étaient construites en gros arbres équarris à la hache et que l'on empilait les uns sur les autres, assemblés à mi-bois dans les angles. Ce procédé a fait place, au 18e siècle, aux murs épais, en pierre noire, de nos anciennes maisons à toit français dont on retrouve encore de nombreux échantillons sur la côte de Beaupré et dans le vieux Québec.

Après 1800, avec le mouvement de colonisation vers les pays d'en haut et la région du lac St-Jean, les camps de bûcherons construits en bois de grume firent leur appariation. (Fig. 104)

Fig. 104.— Construction en bois rond: camp de bûcherons.

De nos jours ce genre de construction rustique est devenu un luxe que mettent à profit les hôtelleries pour touristes. Ce style est également populaire pour les chalets d'été.

Ces chalets sont construits avec des billes libérées de leur écorce et enduites d'une substance qui les durcit et les conserve. La grosseur des billes varie de 6" à 8" selon l'ampleur de la bâtisse; elles sont légèrement équarries sur deux faces et assemblées à mi-bois, enclavées sur deux faces ou encore avec enclave en V pour former les angles. (Fig. 105-106).

Fig. 105.— Assemblages à mis-bois de pièces équarries à la hache.

Fig. 106.— Assemblage avec enclave en V.

CHARPENTE DES PANS

Comme nous l'avons vu précédemment, quoique nous ayons une très grande variété de bois en notre pays, il en est comparativement peu qui puissent servir comme bois de charpente. Plusieurs diffèrent par leurs caractéristiques ou selon l'usage que l'on veut en faire.

Pour les œuvres exposées à l'humidité comme les pilotis, poteaux ou étais d'une bâtisse qui n'a pas de fondation, on emploie le cèdre. Le cèdre est aussi employé pour les pièces qui reposent directement sur la terre, telles que les soles rechaussées ou enfouies sous terre en guise d'empattement.

LES SOLES

La sole est la première pièce de charpente mise en place dans une construction en bois. Elle repose directement sur les murs de fondation — le solage — et s'étend tout autour de la bâtisse; elle est assemblée à demi-bois dans les coins ainsi que pour ses abouts.

La sole se faisait autrefois en bois d'une seule pièce, soit de 4" x 6"; aujourd'hui il est d'usage d'employer deux pièces de 2" x 6" chevauchant l'une sur l'autre, clouées ensemble à tous les 24" de distance et sur lesquelles reposera l'extrémité des solives du plancher. (Fig. 107).

Fig. 107.— a) Disposition de la sole, des solives et de la lisse par rapport aux fondations, b) Solive jumelée formée de
deux pièces clouées.

Pour les pans en bois lambrissés de briques, la sole repose directement sur l'extrémité des solives qui sont encastrées dans le mur de fondation; on laisse un espace de 4" à l'extérieur pour recevoir le lambris de briques.

Dans nos régions, les pans en bois sont d'ordinaire érigés en madriers d'épinette de 3" d'épaisseur, et de 6" à 12" de largeur.

Ces madriers doivent être de bonne qualité, de bois «saisonné» et flotté ou coupé depuis 3 ans; exempts de pourriture sèche, fentes ou autres défauts; ils doivent en outre être secs, afin d'éviter le plus possible le retrait du bois qui, encore vert ou humide, laisserait des espaces libres entre les pièces après un certain temps, permettant à l'air de s'infiltrer au détriment du chauffage de la bâtisse en hiver.

Les pièces étant appuyées les unes sur les autres, on aura soin de laisser sur leurs petites faces un léger chanfrein à l'intérieur, afin de faciliter le calfeutrage.

Les poteaux d'angle sont formés de pièces verticales de 3", clouées à angle droit. Il faut avoir soin de feuillurer l'un des madriers pour couper le joint et empêcher l'air de s'y infiltrer.

Dans les charpentes claires, les poteaux d'angle sont d'ordinaire en épinette de 4" x 4" ou de 3" x 3" suivant que l'on emploie pour la charpente des colombages de 2" x 4" ou 2" x 3".

Les colombages. Ce sont des rangs de poteaux posés d'aplomb dans une cloison de charpente ou un pan charpenté. (Fig. 108).

Fig. 108.— Disposition de la lisse, poteau d'angle et colombages.

Les lambourdes sont des pièces horizontales enclavées dans les colombages et poteaux, sur lesquelles reposent les abouts des solives des planchers. (Fig. 109).

Fig. 109.— Lambourdes.

Les solives sont des pièces de charpente plus hautes que larges dont l'une des extrémités repose sur un mur ou pan et l'autre sur une poutre ou une cloison, pour recevoir un plancher.

Les poutres. Ce sont de grosses pièces de bois équarri qui soutiennent les solives d'un plancher. (Fig. 110).

Fia 110.— Poutre sur laquelle reposent les solives et supportée par une colonne. A remarquer deux entures différentes
de solives.

Les poteaux sont des pièces de charpente cylindriques, carrées ou rectangulaires, fixées verticalement en terre et qui supportent une charpente, une sole ou une poutre.

La colonne est une pièce de bois verticale, cylindrique, carrée ou rectangulaire, qui supporte une poutre ou la charpente d'un plancher.

CONTREVENTEMENT DES SOLES

Jambes-de-force (Braces). Pour les bâtisses qui ne reposent pas sur des murs de fondation — autrement dit, qui n'ont pas de solage — les poteaux qui, aux endroits des soles, supportent des charges, ainsi que les poteaux qui supportent les angles de la bâtisse et les poutres, doivent être renforcés par des jambes-de-force.

Ces jambes-de-force forment des triangles rectangles et servent à contreventer la bâtisse, c'est-à-dire qu'elles lui permettent de résister aux efforts du vent, à la pression des amoncellements de neige ou de toute autre cause qui peut agir sur les façades. (Fig. 111).

Fig. 111.— Jambe-de-force (brace) servant à contreventer les soles.

RÉCAPITULATION

1 — Qu'est-ce qu'on entend par une «charpente claire » ?

2 — Comment une «lisse jumelée )) doit-elle être assemblée ?

3 — Sur quelle partie de l'édifice reposent: a) les soles; b) les solives; c) les lisses.

4 — Qu'est-ce qu'un «colombage » ? Un «poteau d'angle » ?

5 — Qu'entend-on par «jambe-de-force » ? Et comment cette pièce de charpente s'appelle-t-elle en anglais ?

 

 

 

 

 

 

 

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