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Le Castor du Canada |
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Beaver (Castor canadensis)
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Classification |
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Description physique |
Le Castor du Canada est le deuxième plus gros rongeur en Amérique du Nord. Il pèse en moyenne entre 15 et 25 kg à l'âge adulte mais certains individus sont plus gros. Le caractère physique le plus distinctif du Castor du Canada est certainement sa large queue plate recouverte d'écailles. Elle lui sert de gouvernail quand il nage et de point d'appui quand il s'assoit. Il l'utilise également lorsqu'il se sent en danger, comme moyen de communication avec les castors des alentours, en la frappant sur la surface de l'eau. Le bruit agit comme un signal d'alarme et a comme effet de faire plonger les castors en eau profonde. Le Castor du Canada possède plusieurs caractères physiques qui font de lui un animal bien adapté à la vie aquatique. D'abord, ses pieds arrières, beaucoup plus grands que ceux de ses pattes avant, sont palmés et lui permettent de nager facilement, sans se fatiguer. Parce qu'il possède de courtes pattes, il est plus habile à se déplacer dans l'eau que sur terre. Quand il nage, des valves ferment de façon étanche ses oreilles et ses narines. Une membrane transparente protège également ses yeux. Le castor peut même aisément se servir de ses incisives sous l'eau, car ses lèvres peuvent se fermer derrière ses dents et empêcher l'eau de pénétrer dans sa bouche. Malgré toutes ses adaptations, le Castor du Canada plonge habituellement pour de courtes durées, soit deux à trois minutes sans plus, à moins qu'il ait une bonne raison de rester sous l'eau plus longtemps (jusqu'à 15 minutes). Les quatres longues incisives du Castor du Canada, de couleur orangée, croissent continuellement et s'usent quand le castor ronge du bois ou quand il les frotte simplement les unes contre les auttres. L'émail du devant de ses dents est plus résistant que celui de l'arrière, ce qui fait qu'en s'usant, elles s'éguisent et demeurent donc toujours bien coupantes. Le Castor du Canada possède une superbe fourrure, épaisse et soyeuse, de couleur brun-foncé et un peu rousse chez les jeunes. Elle est si belle qu'elle a été fort prisée pendant longtemps partout au pays. Elle est la première ressource à avoir été exploitée chez-nous. Pour garder sa fourrure en bon état, le castor la brosse longuement à tous les jours et l'imperméabilise à l'aide d'une huile produite par une glande située au niveau de son anus. Le soin de sa fourrure est de plus facilité par des griffes spéciales qu'il possède sur le deuxième doigt de ses deux pieds et qui jouent le rôle de peignes. |
Habitat et alimentation |
Le Castor du Canada peuple toutes les régions du Québec sauf celle de l'extrême Nord. On le trouve dans les étangs, les lacs, les rivières au courant lent et les ruisseaux bordés de forêt. La présence de l'homme ne semble pas le gêner. Il habite quelquefois dans les rivières des grandes villes où il arrive à trouver un petit coin vert suffisamment tranquille. Le Castor du Canada est herbivore. Pendant l'été, il aime se nourrir des tiges et des racines de diverses plantes aquatiques, comme par exemple les nénuphars. Il mange aussi des plantes terrestres telles les graminées et les fougères. Sa diète est cependant surtout composée de feuillage et de tiges d'arbres et d'arbustes. Il ne mange pas le bois mais seulement la partie tendre de l'écorce. Cette dernière composante de sa diète est essentiellement ce dont il se nourrit pendant l'hiver. Pendant cette période de l'année, il mange aussi des rhizomes de plantes aquatiques lorsqu'elles lui sont disponibles. Ses essences favorites sont les peupliers (Populus spp.), les érables (Acer spp.), les aulnes (Alnus spp.) et les saules (Salix spp.). Entre toutes, le tremble (Populus tremuloïdes) est celle qu'il préfère. Le Castor du Canada coupe non seulement les arbres pour se nourrir, mais aussi parce qu'il utilise les branches et les troncs comme matériaux de construction pour son barrage et sa hutte. Le barrage élève ou maintient le niveau d'eau de son bassin et inonde son pourtour, ce qui permet au Castor du Canada un accès plus facile aux arbres. L'eau est son élément de protection le plus sûr. La profondeur d'eau est aussi importante car c'est dans l'eau que le castor accumule, dès le milieu de l'automne, sa réserve de nourriture pour l'hiver, constituée de branches. Comme l'hiver la glace recouvre le plan d'eau, le Castor du Canada accède à sa nourriture par le dessous. Il passe alors la saison froide dans sa hutte, de laquelle il nage sous la glace pour atteindre sa nourriture située non loin de son entrée. Le barrage et la hutte, très solides, sont constitués de troncs et de branches d'arbres et d'arbustes, maintenus ensemble par de la boue, des végétaux et des pierres. Les travaux de construction, auxquels toute la famille participe, débutent au printemps et se terminent à l'automne. La hutte comprend une chambre centrale et un ou deux tunnels pour y accéder, que le Castor du Canada a creusés dans l'amoncellement des matériaux. Les dimensions de la chambre sont d'environ un mètre de diamètre et un demi-mètre de hauteur. Il mange, dort et élève ses petits dans la hutte, laquelle n'est pas recouverte de boue au sommet de sorte que la ventilation de la chambre puisse être bien efficace. Ce ne sont pas toutes les colonies de Castor du Canada qui possèdent un barrage et une hutte. Certains castors habitent des terriers qu'ils ont creusés dans la rive, alors que les castors qui habitent les grands lacs ou les grandes rivières ne construisent pas nécessairement des barrages. |
Reproduction |
Le Castor du Canada est monogame. Les couples demeurent ensemble toute leur vie, ce qui est assez rare chez les mammifères. L'accouplement a lieu soit dans l'eau sous la glace ou dans la hutte. Les petits naissent au printemps dans la hutte ou sur terre, et dès la naissance ils sont couverts de fourrure, leurs yeux sont ouverts ou s'ils sont fermés, ils s'ouvrent peu après la naissance et ils se déplacent aisément dans la hutte. À environ quatre semaines, ils savent déjà plonger et vers l'âge de dix semaines, ils sont sevrés. Le mâle et la femelle prennent soin de leurs jeunes qui demeureront avec eux pendant deux ans. Ce n'est généralement qu'après le second hiver passé dans la même hutte que leurs parents que les jeunes deviennent matures et doivent quitter la colonie pour aller s'établir ailleurs. |
Moeurs |
Le Castor du Canada est un animal très sociable, qui vit en famille unie. La famille ou la colonie est formée du mâle et de la femelle adultes, de leurs jeunes de l'année et ceux de l'année précédente. On peut trouver de nombreuses variations dans la structure de la famille, et plusieurs colonies sont occupées par un individu ou un couple seulement. Ils vivent tous ensemble dans la même hutte pendant l'hiver et occupent toute l'année le même territoire. La femelle adulte est le membre dominant de la colonie. Le Castor du Canada peut vivre jusqu'à 20 ans, mais en général il vit moins de dix ans. Ses prédateurs sont nombreux. Ce sont l'ours, le loup, le Coyote, le Pékan, le Carcajou, la loutre et le lynx. Il semble par contre qu'à part la loutre qui parvient à se faufiler dans la hutte du Castor du Canada, ce qui apparemment arrive rarement, ses prédateurs ne sauraient le capturer facilement. L'homme est ainsi son principal prédateur. |
Statut de l'espèce |
Le Castor du Canada est une espèce abondante au pays, mais cela n'a pas toujours été le cas. Sa fourrure avait à l'époque, depuis l'arrivée des Européens, une forte valeur marchande. On l'utilisait surtout pour faire des manteaux et des chapeaux de feutre. Ce n'est qu'en 1920 que le gouvernement a réalisé l'ampleur de la diminution du nombre de castors au Québec, et au début des années 1930, il a aboli dans plusieurs régions le piégeage de l'animal. Par cette mesure et par une grande amélioration de son habitat suite aux perturbations de la forêt, la densité des populations de Castor du Canada a pu augmenter rapidement. Aujourd'hui, on le piège toujours pour sa fourrure, mais des réglementations existent et l'espèce est plus abondante que jamais. |
Pour plus de chances d'observation |
L'observation d'un Castor du Canada en nature n'est pas rare, surtout vers la fin de la journée lorsqu'il commence sa période d'activité nocturne. Contrairement à d'autres animaux qui laissent des traces peu visibles de leur passage, celles du castor sont faciles à repérer. Sa hutte et son barrage sont particulièrement apparents. Comme le Castor du Canada s'active souvent autour de sa hutte, il est bon de la repérer. Cependant, la hutte n'est pas nécessairement habitée. En effet, la hutte ainsi que le barrage du Castor du Canada sont si solidement construits qu'ils peuvent rester en place même s'ils ont été abandonnés depuis plusieurs années. À l'automne, la présence d'une réserve de branches fraîches devant sa hutte indique que des castors y vivent. Un bon indice pour s'assurer de la présence du Castor du Canada est la découverte d'un arbre fraîchement abattu. Si les copeaux de bois à la base du tronc coupé sont encore pâles, vous voilà près de votre but! Visitez cet endroit, promenez-vous y à la fin de la journée ou au lever du jour, et vous aurez de fortes chances de l'apercevoir. N'oubliez pas vos jumelles! Vous découvrirez peut-être aussi, surtout au printemps, les monticules de boue et de végétaux atteignant quelquefois jusqu'à 60 cm de hauteur, qu'il érige et imprègne de son urine pour délimiter son territoire. Ces monticules sont nommés des bornes odorantes parce qu'elles dégagent l'odeur du castoréum, une substance fortement odorante produite par des glandes et entraînée dans l'urine de l'animal. |
Références utilisées |
Banfield, A.W.F., Les mammifères du Canada, Musée National des Sciences Naturelles, 1974. Peterson, R.L., The Mammals of Eastern Canada, Oxford University Press, Toronto, 1966. Prescott, J et P. Richard, Mammifères du Québec et de l'Est du Canada, Éditions Michel Quintin, Waterloo (Québec), 1996. Stokes, D.W. et L.Q. Stokes, Nos animaux: tous les secrets de leur comportement, Les Éditions de l'Homme, 1989. Westcott, F., The Beaver: Nature's Master Builder, Hounslow Press, Willowdale (Ontario), 1989. Wrigley, R.E., Mammals in North America, Hyperion Press Limited, Winnipeg, 1986.
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