Les chauve-souris

Au Canada, 19 espèces de chauve-souris ont été recensées, et 17 y demeurent en permanence. À bien des points de vue, les chauves-souris possèdent les caractéristiques des mammifères : ce sont des animaux à sang chaud, des vivipares qui allaitent leurs petits. Toutefois, elles sont les seuls mammifères à pouvoir voler. Leur appareil de vol consiste en une membrane alaire étalée entre la longue ossature de leurs doigts, les côtés et l'arrière du corps et, dans le cas des espèces canadiennes, la queue. Au repos, les chauves-souris se suspendent habituellement la tête en bas et prennent leur envol en relâchant les griffes de leurs pattes.

En vol, une chauve-souris paraît plus grosse qu'elle ne l'est en réalité en raison de la grande envergure de ses ailes. Par exemple, la Petite Chauve-souris brune Myotis lucifugus, l'espèce la plus répandue au Canada, ne pèse que 8g environ (soit le poids de deux pièces de 5 cents et d'une pièce de 10 cents), mais l'envergure de ses ailes est approximativement de 22cm. La Chauve-souris cendrée Lasiurus cinereus, la plus grosse du Canada, pèse 30g, et l'envergure de ses ailes est de 40cm. La plus petite espèce canadienne, la Chauve-souris pygmée Myotis leibii, pèse 5g.

Les chauves-souris sont essentiellement des créatures nocturnes qui dorment le jour et chassent la nuit pour se nourrir. Bien que certaines chauves-souris des tropiques se nourrissent de poissons, de fruits, de nectar et même de sang, les chauves-souris du Canada se nourrissent d'insectes qu'elles capturent ordinairement en plein vol. Elles attrapent des papillons de nuit, des moustiques, des demoiselles, des éphémères, des phryganes et des moucherons. Typiquement, les espèces insectivores consomment chaque nuit de 30 à 50% du poids de leur corps en insectes ce qui correspond à 20 à 30kg de nourriture par jour pour une personne pesant 60kg. On a trouvé 145 moustiques dans l'estomac d'une Petite Chauve-souris brune.

Les oiseaux qui chassent les insectes volants happent souvent ces derniers avec leur bec, mais la plupart des chauves-souris insectivores les attrapent à l'aide de la membrane rattachée à leurs ailes ou à leur queue, puis les saisissent avec leurs mâchoires. Elles peuvent mastiquer leur nourriture très rapidement, et, en laboratoire, des observateurs ont déclaré avoir vu des chauves-souris capturer des moustiques à raison de dix par minute.

Les chauves-souris ne sont pas aveugles. Même si, dans le cas de nombreuses espèces insectivores, leurs yeux sont peu visibles, elles ont une très bonne vue qui leur est utile dans bien des aspects de leur comportement. Toutefois, pour autant que nous le sachions, les espèces canadiennes ont recours à l'écholocalisation plutôt qu'à la vue pour repérer leurs proies. L'écholocalisation est un mode actif d'orientation grâce auquel la chauve-souris émet des impulsions sonores dont elle capte l'écho à l'aide de ses grandes oreilles. La différence entre le son original et son écho fournit à la chauve-souris les données nécessaires pour déterminer la position des objets sur son chemin et les identifier. Des mammifères marins comme les dauphins et d'autres baleines à dents, certains oiseaux qui font leur gîte dans les cavernes et des mammifères comme la musaraigne se dirigent également par écholocalisation.

Les cris d'écholocalisation de la plupart des espèces canadiennes de chauve-souris sont des ultrasons qui, par conséquent, ne peuvent être perçus par l'humain. L'Oreillard maculé Euderma maculatum, que l'on retrouve dans la vallée de l'Okanagan, en Colombie-Britannique, constitue une exception remarquable, car ses cris sont entièrement audibles par les humains. De nombreux insectes, dont les papillons de nuit, les chrysopes, les grillons et certaines mantes religieuses, sont sensibles aux ultrasons émis par les chauves-souris. Ils sont ainsi avertis de la présence d'une chauve-souris et peuvent éviter d'être capturés, comme on peut le voir dans l'illustration. De nouveau, l'Oreillard maculé présente une exception intéressante. Comme les ultrasons qu'il émet ont une fréquence moins grande, ils ne sont pas décelés par la plupart des insectes, qui ont ainsi moins de chances de s'enfuir.

En été, certaines espèces de chauve-souris forment des colonies, tandis que d'autres vivent seules. La première catégorie comprend les chauves-souris qui se réfugient dans les bâtiments, comme la Petite Chauve-souris brune, la Grande Chauve-souris brune Eptesicus fuscus, et la Chauve-souris de Yuma Myotis yumanensis, tandis que la seconde englobe des espèces qui habitent dans les arbres, comme la Chauve-souris rousse Lasiurus borealis, la Chauve-souris cendrée et la Chauve-souris argentée Lasionycteris noctivagans. D'autres espèces, comme la Chauve-souris blonde Antrozous pallidus et l'Oreillard maculé, logent dans les crevasses et les anfractuosités des falaises.

À l'automne, lorsque le climat devient plus rigoureux et que l'approvisionnement d'insectes s'épuise, les chauves-souris canadiennes hivernent. Au Canada, les chauves-souris peuvent être classées en deux groupes, selon leurs déplacements saisonniers. Certaines espèces communes, dont celles qui se réfugient dans les bâtiments, peuvent parcourir jusqu'à plusieurs centaines de kilomètres pour se rendre de leur abri d'été à leur abri d'hiver, où elles hibernent. L'hibernation se fait souvent dans des cavernes. D'autres espèces, comme celles qui logent dans les arbres, migrent vers des endroits plus au sud, où elles peuvent hiverner dans des arbres creux ou demeurer actives.

La carte montre l'aire de répartition, en Amérique du Nord, de la Petite Chauve-souris brune, une espèce qui s'abrite dans les bâtiments. Cette aire est la même que celle de la Chauve-souris rousse, de la Chauve-souris cendrée et de la Chauve-souris argentée en été, mais on a retrouvé des Chauves-souris rousses jusque dans l'île Southampton, dans l'Arctique, et des Chauves-souris cendrées en Islande, à Hawaï et dans les îles Galapagos.

carte montrant la répartition de la petite chauve-souris brune

Cycle de vie de la Petite Chauve-souris brune

Pendant l'été, les femelles de cette espèce forment des colonies qui se logent souvent dans les greniers des bâtiments. Ces colonies peuvent comprendre plusieurs centaines d'individus, dont l'arrivée a lieu en avril ou mai. Chaque femelle donne naissance à un seul petit, ordinairement vers le milieu de juin. Les femelles laissent leur petit dans l'abri toutes les nuits lorsqu'elles sortent pour chasser, et, au retour, elles le reconnaissent parmi tous les autres qui attendent leur mère. Les petits croissent rapidement; l'envergure de leurs ailes décuple en trois semaines, et ils commencent à voler 18 jours après leur naissance. Leurs premières dents sont tombées, et ils ont déjà commencé à se nourrir d'insectes en même temps que du lait de leur mère. En juillet et en août, les femelles et les petits se gavent afin d'accumuler une réserve de graisse suffisante pour passer l'hiver.

Nous savons somme toute peu de choses sur la vie des mâles adultes pendant l'été. Ils ne demeurent pas avec les femelles et les petits, et nous croyons qu'ils s'abritent, seuls ou en groupes peu nombreux, dans des crevasses et des anfractuosités. Au début d'août, ils explorent nuitamment les caves et les mines qui leur serviront d'abri d'hiver. Ils se rendent à ces endroits après s'être nourris et passent plusieurs heures sous terre. À mesure que le mois d'août avance, de plus en plus de femelles adultes et de petits se joignent aux mâles dans ces abris d'hiver, et, vers le milieu du mois, les premiers accouplements ont lieu. La plupart de ces accouplements se produisent avant qu'il ne se forme, en septembre, une population de chauves-souris qui hibernent. Les femelles conservent le sperme dans leur utérus pendant l'hiver; l'ovulation et la fertilisation ont lieu lorsque les femelles sortent de leur état d'hibernation au printemps. Les petits naissent de 50 à 60 jours plus tard, vers le milieu de juin.

Les chauves-souris porteuses de la rage

Comme tous les autres mammifères, les chauves-souris peuvent être atteintes de la rage, une maladie virale qui cause une paralysie progressive ainsi que la mort. Ce virus est habituellement transmis par une morsure d'animal infecté, et on le trouve dans la salive. Au Canada, les cas de rage chez les chauves-souris semblent peu nombreux, bien que l'incidence générale de cette maladie chez les populations de chauves-souris n'ait pas encore été étudiée. Chez certaines espèces, les cas de rage sont plus nombreux, et le nombre de chauves-souris atteintes de la rage varie selon les régions. Comme précaution générale, personne ne devrait manipuler les chauves-souris. Les chauves-souris en bonne santé mordent pour se défendre, et il en est de même pour celles qui sont atteintes de la rage. Dans certains cas, ces dernières attaquent sans provocation. Toute personne mordue par une chauve-souris ou un autre mammifère devrait communiquer immédiatement avec un médecin et le personnel d'Agriculture Canada, qui peut prendre des dispositions pour que l'animal soit examiné pour la rage.

Ouvrages à consulter

  • Banfield, A.W.F. 1977. Les mammifères du Canada. Musée national des sciences naturelles. Presses de l'Université Laval, Québec.
  • Beaudin, L.; Quintin, M. 1983. Guide des mammifères terrestres du Québec, de l'Ontario et des Maritimes. Éd. Michel Quintin. Pp. 56 76.
  • Noblet, J.-F. 1987. Les chauves-souris. Série "Comment vivent-ils?". Vol. 18. Atlas visuels Payot. Ed. Payot Lausanne (Suisse).
  • Ouvrage collectif. 1976. Le grand livre de la vie animale. T. 1. Les espèces animales: roussettes et chauves-souris. Bibl. des arts. Éd. Édito-Service S.A. Genève. Pp. 349-382.
  • Sélection du Reader's Digest. 1989. Le guide des animaux des champs et des bois. Paris. Zurich. Montréal. New York. Pp. 419-432.


Publié avec l'autorisation du ministre de l'Environnement
© Ministre des Approvisionnements et Services Canada, 1990
N° de catalogue: CW69-4/12-1990F
ISBN: 0-662-95912-4
Texte: M.B. Fenton
Photos: M.B. Fenton

 

 

 

 

 

 

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