La Mésange à tête noire

Photo d'une Mésange à tête noire

On trouve des Mésanges à tête noire (Parus atricapillus), ces remarquables petits oiseaux, d'un océan à l'autre. Été comme hiver, elles se distinguent par leur vigueur et leur vivacité.

Aspect

Du bec à la queue, la mésange ne mesure qu'entre 13 et 14cm. Elle a le dos gris, la poitrine blanche et les flancs teintés de chamois. Sa longue queue gris foncé ressemble à un manche. Un capuchon noir, bien ajusté au-dessous de ses yeux pétillants, lui recouvre la tête, depuis le croupion jusqu'au bec en forme de cône. Elle a les joues blanc pur et une tache triangulaire noire sur la gorge.

Aire de répartition

La Mésange à tête noire se rencontre à Terre-Neuve, comme en Colombie-Britannique (sauf dans les îles côtières et dans le nord de la région côtière). Au nord, son habitat s'étend jusque dans le sud des Territoires du Nord-Ouest. Elle vit dans les secteurs boisés et dans les vergers, où elle se creuse un nid dans le bois mou des arbres morts et où elle trouve sa pâture préférée.

La mésange est sédentaire, bien qu'elle se réfugie parfois au sud. Il semble que ces migrations ne se produisent que les années où la nourriture se fait rare, périodes coïncidant parfois avec une reproduction exceptionnellement élevée.

Habitudes

Durant l'automne et l'hiver, la mésange vit en groupes informels composés de huit à douze oiseaux. D'un vol léger, le groupe se déplace d'arbre en arbre, errant ici et là à la vitesse approximative d'un demi kilomètre à l'heure. Ils se confinent dans une superficie variant de 8 à 20ha. Les oiseaux communiquent entre eux au moyen de petits cris qui ressemblent à des "sit-sit" qu'ils poussent de temps à autre.

Dans le nord, les oiseaux se perchent ordinairement dans les bocales denses de conifères, à l'abri du vent et de la neige. Le soir, quelques-uns disparaissent pour passer la nuit dans une cavité naturelle que chacun a eu le bonheur de découvrir, tandis que les autres s'installent sur les branches supérieures de certains conifères ou sur les branches inférieures de jeunes épinettes. Le groupe peut se jucher au même endroit plusieurs nuits consécutives.

Pâture

Du lever au coucher du soleil, la mésange passe la majeure partie de la journée en quête de nourriture. Elle sautille sur une branche, s'agrippe au tronc d'un arbre, ou se laisse pendre à l'extrémité des ramilles des conifères, examinant chaque fente et chaque fissure pour y trouver les insectes et les larves qui s'y dissimulent.

Elle se nourrit d'oeufs d'insectes, de larves et de nymphes (insectes au deuxième stade de leur métamorphose), de charançons, d'aphidés et d'autres insectes comme les araignées. Elle en gobe tellement qu'elle constitue un des plus importants exterminateurs d'insectes nuisibles aux forêts et aux vergers.

Lorsque la pâture est abondante, notamment à la fin de l'été et à l'automne, la mésange fait ses provisions. Délaissant le groupe, elle cache son butin avec soin sous une écorce déformée ou dans un carré de lichens, puis, souvent, le retire pour aller le cacher ailleurs. Ces réserves sont importantes pour les oiseaux du Nord. Ceux qui les trouvent s'en délectent, surtout lorsque la pâture se fait rare.

Adaptation

Pour protéger la mésange contre le froid, notamment en hiver, la nature l'a pourvus d'un plumage duveteux et épais que l'oiseau hérisse en couche isolante.

La mésange mange beaucoup. Pendant les courtes journées d'hiver, elle se nourrit plus rapidement que d'habitude: les calories qu'elle ne dépense pas à voleter d'une branche à l'autre lui serviront à survivre durant les longues nuits froides où elle doit forcément jeûner. Il est facile de constater à quel point lui est précieuse la nourriture (graines de tournesol, cacahuètes, graisse de bacon ou de poulet et suif) qu'elle peut trouver aux mangeoires durant l'hiver.

Le cri

La mésange laisse entendre une variété de picotements et de gazouillements. Le plus connu est le "qui-es-tu-tu". Par ce cri, elle cherche souvent à chasser un envahisseur ou exprime un sentiment de crainte. Pour rallier la troupe en marche, elle crie: chic-a-di-di-di (d'où son nom en anglais).

Par les froids matins de janvier, elle commence souvent la journée en chantant, c'est-à-dire en faisant entendre un doux "fi-bi, fi-bi-bi", dont la première syllabe est plus aiguë et plus prolongée que les suivantes. Elle chante en n'importe quel temps de l'année, mais surtout au début de la période des amours.

La nidification

Février est le mois des amours. Poussant de sonores piaulements, les mésanges passent beaucoup de temps à se pourchasser. Elles se poursuivent autour d'un arbre, s'arrêtent brusquement et repartent aussitôt. Le groupe se répartit graduellement en couples, chacun voyageant seul, la femelle ordinairement suivie du mâle. La femelle est identique au mâle, mais est facilement reconnaissable à sa voix qui devient particulièrement rauque à l'époque de la couvaison.

Le mâle nourrit souvent la femelle, ce qu'elle accepte de bonne grâce, ramassée sur elle-même et tremblotant des ailes comme un oisillon. C'est de cette façon qu'elle se laisse courtiser. Le mâle interdit à toute autre mésange de l'approcher, où qu'elle se trouve. Vers la fin de mars, la femelle commence à chercher un endroit où nicher. Une fois le choix fixé, le mâle en défend les environs contre les envahisseurs. Le territoire occupé par chaque couple varie entre 3 et 7ha.

A tour de rôle, mâle et femelle creusent une cavité dans un arbre mort, à une hauteur variant entre 1 et 3m au-dessus du sol, bien qu'il leur arrive aussi de nicher à 9 ou 12m du sol sur les branches mortes d'arbres vivants, ou dans des cavités abandonnées par d'autres oiseaux.

Lorsque le trou est fait, la femelle en tapisse le fond de petites fibres, de duvet et de poils. Elle y pond de cinq à dix oeufs, ordinairement entre six et huit, à raison d'un par jour. Les oeufs, blancs et marqués de petits points brun foncé, sont tellement fragiles qu'il est difficile de les prendre sans les casser.

La femelle couve les oeufs, par périodes de 20 à 30 minutes durant la clarté, et sans arrêt durant la nuit. Lorsqu'elle est au nid, le mâle se charge de la nourrir, mais il lui arrive d'aller elle-même à la recherche de pâture.

A la couvaison, les oiseaux sont prudents et méfiants. La présence d'un envahisseur incite la femelle à pousser des cris rauques et chuintants. Ces cris sont si perçants qu'ils peuvent momentanément effrayer l'intrus et le faire fuir.

L'incubation dure treize ou quatorze jours. La femelle réchauffe les petits jusqu'à ce qu'ils soient bien emplumés. Aidée du mâle, elle nettoie le nid en y enlevant la fiente, et tous deux nourrissent les oisillons de six à quatorze fois l'heure. M. E. P. Odum a constaté, au cours de recherches que l'élevage d'une couvée normale, soit de six à huit oisillons, épuise la réserve d'énergie des parents à tel point que ces derniers ont parfois de la difficulté à survivre.

Les petits sont prêts à quitter le nid seize ou dix-sept jours après l'éclosion des oeufs. Ils sont pourvus de toutes leurs plumes et, comme la plupart des autres oiseaux qui nichent dans des cavités, savent voler mais un peu maladroitement. Les parents continuent de les nourrir pendant deux ou trois semaines, tout en leur enseignant la façon de le faire eux-mêmes.

Après cette période, les parents semblent épuisés. Ils perdent leurs plumes rapidement et il est facile de les différencier des petits. La mue dure de six à huit semaines et il est ensuite impossible de distinguer les oisillons des adultes. La famille peut rester ensemble encore un peu de temps, mais se disperse vite à l'automne pour se joindre aux divers groupes qui parcourent les forêts en quête de nourriture et de provisions.

Préséance

Les mésanges établissent entre elles, une sorte de hiérarchie selon laquelle chaque oiseau occupe un rang, basé sur son degré d'agressivité. Ainsi, tous les oiseaux d'un groupe sont subordonnés au plus agressif, tandis que le moins belliqueux est soumis à tous les autres, qui se situent quelque part entre les deux extrêmes. Le chef combat, chasse et menace le second, qui se tient toujours sur la défensive et lui laisse le chemin libre.

Ennemis

Les rapaces et la Pie-grièche boréale (Lanius excubitor) sont les pires ennemis de la mésange. De plus, les belettes, les suisses et les écureuils entrent dans leurs nids ou les saccagent, dévorant les oeufs ou les oisillons.

Autres espèces

La Mésange de Gambel (Parus gambeli) se différencie de la Mésange à tête noire par sa rayure blanche au-dessus de l'oeil. Au Canada, elle ne se rencontre que dans les montagnes de la Colombie-Britannique et de l'Alberta. Elle niche, la plupart du temps, dans des cavités naturelles ou dans des trous abandonnés par des pics.

La Mésange à plastron (Parus cinctus) est commune en Asie et en Europe. En Amérique du Nord, cet oiseau gris brunâtre se confine à un petit secteur du nord-ouest du Yukon, où il vit dans les forêts de saules et d'épinettes.

La Mésange à tête brune (Parus hudsonicus) a comme son nom l'indique le capuchon brun, le dos brun grisâtre, la poitrine blanche ou légèrement grisâtre, les flancs roux, les joues souvent blanchâtres et la gorge noire. Longtemps avant de l'apercevoir, l'observateur entend ses cris plutôt haletants. Le chant est agréable, ressemblant à "sicâdé-dé".

Comme la Mésange à tête noire, on la rencontre partout au Canada, sauf dans le sud des provinces des Prairies. Au nord, son territoire s'étend jusqu'au Labrador, à la baie d'Hudson et à la côte arctique. Cette espèce habite les forêts de conifères et les savanes parsemées de bouquets d'arbres. Elle niche dans des cavités creusées dans des chicots ou des arbres morts et dépose ses oeufs sur une couche de poils tassés.

La Mésange à dos marron (Parus rufescens) vit dans la forêt côtière et dans le sud de la Colombie-Britannique. Elle a le capuchon brun, la gorge noir brunâtre, et les flancs et le dos marron. Comme les autres mésanges, elle niche dans les chicots, les arbres morts et dans les cavités creusées par des pics. Elle garnit son nid de poils, de mousse et de plumes.

Utilité

Il importe de protéger cet oiseau, non seulement parce qu'il extermine les insectes nuisibles, mais aussi parce qu'il égaye nos forêts par son chant et son vol gracieux, et cela, même en hiver.

Ouvrages à consulter

  • Austin, O. fils. 1962. Oiseaux. Les éditions du Livre d'Or. Flammarion. Paris.
  • Cayouette, R. et Grondin, J. L. 1972. Les oiseaux du Québec. Société zoologique de Québec. Orsainville.
  • Godfrey, W. E. 1957. Quelques oiseaux du Canada. Musée national du Canada. Ottawa.
  • Godfrey, W. E. 1986. Les oiseaux du Canada. Édition révisée. Éditions Marcel Broquet en coll. avec le Musée national des sciences naturelles, La Prairie (Québec), 650 p.

 

Publication autorisé par l'honourable Jack Davis, CP, député, Ministre de l'Environnement
© Information Canada, Ottawa, 1973
N° de catalogue CW 69-4/25F
Texte: Louise de Kirline Lawrence
Photo: Robert McCaw

 

 

 

 

 

 

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