Nivelage et installation du tour
Tour sur plancher
Si un tour n'est pas absolument de niveau, il n'existe pas de machiniste qui puisse en tirer un travail précis. Cette machine doit reposer sur de solides assises — un plancher en béton, de préférence.
Si le plancher est en bois, on se servira au besoin de tirants, d'entretoises ou de jambes de force pour l'empêcher de fléchir et supprimer la vibration.
Le procédé habituel, pour mettre un tour de niveau, consiste à placer sous chaque pied des cales coniques ou des coins en bois dur; frapper légèrement chaque coin avec un marteau élèvera le pied de quelques lignes.
Pour vérifier le niveau d'un tour, servez-vous d'un niveau de précision d'au moins 12" de long et assez sensible pour laisser voir distinctement un mouvement de la bulle d'air si vous placez sous une de ses extrémités une cale d'épaisseur de 0.003" (un niveau de menuisier ordinaire n'est pas assez sensible pour se prêter à cette opération).
Placez le niveau en travers du banc de tour, aussi près que possible de la poupée fixe, et enfoncez les coins sous les pattes du tour, du côté de la poupée fixe, jusqu'à ce que la bulle d'air soit au milieu du tube.
Répétez ce procédé (avec le niveau) aussi près que possible du bout du banc, côté de la poupée mobile. Plusieurs répétitions amèneront les deux extrémités du banc à un niveau parfait.
Il faut aussi niveler le tour sur la longueur.
Fixez solidement le tour au plancher à l'aide de grosses vis à bois à tête carrée que l'on appelle tire-fond, puis vérifiez-en le niveau plusieurs fois encore.
Tours d'établi
Un tour d'établi doit être monté sur un établi solide, formant Support rigide; ensuite on exécute les nivèlements décrits ci-dessus.
Le dessus de l'établi doit être en bois de 2", haut d'environ 28", et l'établi tout entier doit être boulonné au plancher pour l'empêcher de se déplacer, ce qui dénivèlerait le tour.
Si un tour ne perce pas un trou bien droit, c'est probablement parce qu'il s'est déplacé; il faut alors en rectifier le niveau.
Couture (ou laçage) et tension des courroies
La force motrice d'un tour lui étant généralement transmise par des courroies, soit à partir d'un arbre de couche soit par un moteur individuel au moyen de poulies dites étagées ou à gradins, le machiniste est souvent appelé à mesurer, couper et épisser ou assembler des courroies en cuir, pour remplacer celles qui sont devenues usées ou endommagées.
La façon la plus facile de déterminer la longueur voulue (d'une courroie) consiste à passer un galon en acier flexible pardessus les poulies à raccorder, et à y lire cette mesure.
Si vous ne disposez pas d'un de ces galons, procédez comme suit; Additionnez les diamètres des poulies, en pouces, et multipliez la somme par 1.57; puis ajoutez à ce produit deux fois la distance en pouces, entre les pointes.
On trouve habituellement la longueur des petites courroies, celles des poupées fixe de tour, par exemple, en passant la pièce qu'on veut utiliser par-dessus les poulies et en les tendant ou forçant, à la main, mais on devra choisir avec soin les étages, ou gradins, qui correspondent sur les poulies étagées.
Les trois méthodes le plus fréquemment employées pour assembler des courroies en cuir sont la couture (ou laçage), le collage, enfin l'assemblage à l'aide de griffes en fil métallique.
La fig. 33 fait voir comment on lace une courroie. On doit d'abord la couper de la longueur voulue et en équerrer les extrémités.
Fig. 33.— Joint d'une courroie lacée.
Forez ou poinçonnez des trous tout juste assez grands pour le lacet à chaque bout de la courroie, comme le fait voir la figure (il faut plus de trous dans les courroies larges, mais elles ne sont que rarement utilisées pour le tournage). Les lanières ou lacets sont en corde à boyau ou en cuir vert.
Si vous vous servez de corde à boyau, taillez des rainures droites, larges de 1/8" et profondes de 1/16", sur le côté lisse de la courroie, depuis les trous jusqu'aux extrémités, ce qui permettra à la courroie de tourner aisément sur les poulies.
Commencez de lacer à partir du côté rainure de la courroie, puis à travers les trous du centre, en tirant uniformément les deux bouts du lacet à travers les œillets; continuez de lacer jusqu'aux deux bords, revenez au centre, puis assujettissez les bouts du lacet comme le fait voir la fig. 33.
N'oubliez pas que le côté lisse
d'une courroie en cuir est celui qui touche les poulies.
La meilleure
méthode d'assemblage de courroies est peut-être l'épissure par collage, (fig.
34).
Fig. 34.— Épissure à la colle forte d'une courroie.
Pour obtenir une solide épissure collée, taillez uniformément les bouts de la courroie (après avoir veillé à donner assez de longueur au biseau lorsque vous calculiez la longueur voulue); servez-vous d'une bonne colle à courroies, et exercez une pression sur le joint, à l'aide de griffes de serrage (clamps), jusqu'à ce que la colle soit sèche.
Les griffes de courroies, en fil métallique (fig. 35), sont posées par une machine à cette fin.
Fig. 35.— Joint à griffes métalliques.
Elles font gagner du temps et sont d'emploi facile, mais elles ne conviennent pas aux courroies qui doivent passer d'une poulie à l'autre pendant qu'elles sont en mouvement.
Les tours commandés par moteur sont munis d'un dispositif qui règle la tension de la courroie de la poulie cône; elle doit être telle que la courroie soit tout juste assez serrée pour transmettre la force motrice requise.
Des courroies trop serrées s'usent trop vite, gaspillent la force motrice, et exercent sur les paliers des poulies une tension qui n'est pas nécessaire. Courroies et poulies doivent être toujours sèches, propres, et libres d'huile et de graisse.
Changement des courroies d'une poulie à une autre
Pour changer la courroie d'un tour commandé par contre-arbre ou arbre de renvoi), le novice devra toujours arrêter le tour, puis effectuer le changement à la main, en faisant glisser la courroie et en la tirant jusqu'à ce qu'elle soit dans la position voulue.
Les tours à moteur doivent toujours être arrêtés avant tout changement d'une courroie de poulie à gradins; ils sont munis d'un levier qui desserre la courroie afin d'en faciliter et accélérer le changement.
Huilage
La méthode d'huilage des tours expliquée ci-dessous en assurera le fonctionnement satisfaisant et prolongé, négligez ces précautions et la machine ne fournira qu'un travail gâché et sans précision, sans parler de la probabilité de graves détraquements.
Huilez tous les paliers, portées et roulements du tour, conformément aux indications imprimées fournies par le fabricant.
N'essayez pas d'huiler un tour pendant qu'il est en marche. Servez-vous d'une huile à machines, de bonne qualité, mais non pas d'huile à moteur d'automobile.
Huilez un tour neuf deux fois par jour, tous les jours de la première semaine, puis une fois par jour subséquemment.
Ne faites pas fonctionner un tour neuf à un régime (de broche) excédant 500 tpm avant qu'il ne soit complètement «assoupli».
Il est judicieux de toujours huiler les paliers, portées et roulements d'un tour dans le même ordre — de cette façon, vous n'oublierez aucun de ses orifices d'huilage.
Il suffit de quelques gouttes d'huile dans chaque trou; s'il y a trop d'huile autour des paliers, portées ou roulements, essuyez-la avec un chiffon ou des déchets de coton.
Chaque fois que vous huilerez le tour, huilez aussi l'arbre de renvoi; si le tour est commandé par moteur, huilez une fois par semaine les paliers et roulements du moteur.
Ne laissez pas d'huile, les copeaux, la saleté, la rouille s'y accumulera — à quelque endroit que ce soit.
