Travail manuel du bois

Les outils manuels 1957

OUTILLAGE À MARQUAGE

MAIN — MESURAGE — - ESSAIS et ÉPREUVES

Avant de commencer à travailler le bois, vous devrez savoir comment en mesurer l'épaisseur, la largeur et la longueur — à l'aide d'une règle (pied-de-roi ou, en France, mètre). Vous vous servirez sans doute d'une de celles que fait voir la fig. 130. Maniez vos règles avec soin — surtout de celles du type ((pliant)), dont les joints gauchissent ou se brisent aisément.

Fig. 130.— Règles employées pour le travail du bois.

Vous utiliserez souvent la réglette d'acier du machiniste (machinist steel rule). Notre section traitant du Dessin de machines et lecture des plans  vous en expliquera l'emploi, et les indications que vous trouverez dans cette section s'appliquent à tous les appareils mesureurs.

On peut, pour mesurer, se servir de l'équerre à chapeau (try-square) et de l'équerre de charpentier (framing square), mais leur principale destination est de tracer des angles droits, de tirer des perpendiculaires, et de vérifier l'équerrage des bouts et bords de pièces.

On se sert d'une fausse équerre (sliding T-bevel) pour tracer et vérifier les angles. Vous pourrez vous servir d'une sautetelle (level protractor) pour ajuster le T à l'angle voulu. La fig. 131 fait voir comment on se sert de la fausse équerre pour vérifier l'angle du chanfrein d'une pièce de bois.

Fig. 131.— Fausse équerre.

II faut bien comprendre la différence entre un biseau et un chanfrein (la fig. 132 vous montre l'un et l'autre).

Fig. 132.— Biseautage et chanfreinage.

Ce sont des mots fréquemment employés par ceux qui travaillent le bois. On se sert de la fausse équerre pour tracer et vérifier l'un et l'autre, c'est-à-dire, les bouts ou bords biseautés ou chanfreinés.

Dans le travail du bois, les tracés sont d'ordinaire marqués au moyen d'un crayon de charpentier aiguisé en forme de tranche. Les tracés extrêmement précis, pour la coupe des joints spéciaux, sont faits avec la pointe d'un couteau, bien affûtée. Les lignes parallèles aux bouts et bords sont tracées au trusquin (marking gauge) (fig. 133).

Fig. 133.— Trusquin de menuisier et charpentier.

Veillez à ce que la pointe du trusquin soit toujours bien aiguisée, afin d'obtenir une ligne fine et nette. Le trusquin ne marquera de façon satisfaisante que s'il est poussé avec tout juste assez de pression pour tracer une ligne distincte.

 La face de la tête du trusquin doit porter étroitement sur le bord de la pièce de bois, sinon, la ligne tracée sera «tremblée» et imprécise.

Avant d'utiliser le trusquin, vérifiez la mesure de la pointe à la tête, à l'aide d'une règle — l'échelle que vous voyez sur la règle carrée du trusquin peut être inexacte.

SCIES À MAIN — ÉGOHINE

La scie passe-partout à main (plus souvent appelée, ici, égohine à tronçonner) est celle qu'on emploie pour les travaux de sciage ordinaires, à la maison et à l'atelier (voir fig. 134).

Fig. 134.— Égohine à tronçonner et égohine à refendre.

Notez l'agencement alternatif des dents, disposées comme celles de la scie précisément appelée «alternative» (hack saw). Quand la lame d'une scie est bien ajustée et limée, une aiguille glissera dans la rainure en V formée par les pointes des dents.

L'égohine ordinaire, dite égohine à tronçonner (cross-cut hand saw), convient surtout au sciage à contre-grain. On peut s'en servir pour refendre (dans le sens du fil), mais ses dents s'engorgent vite, et la scie ne coupe plus que lentement.

L'égohine à refendre (hand rip saw), dont les dents sont en ciseau, est dessinée en vue de scier dans le sens du fil. Les dents de l'égohine à tronçonner sont des pointes triangulaires acérées, mais celles de l'égohine à refendre sont plates et droites, tout comme une rangée de ciseaux fixés angulairement. Apprenez à promptement reconnaître ces diverses scies, et par la forme de leurs dents et par leur apparence.

Fig. 135.— Scie à dossière et valets (mordaches ou griffes de serrage) d'établi.

Les dimensions d'une scie sont déterminées par la longueur de l'arête dentée et par le nombre de pointes de dents au pouce. Les scies à refendre sont d'habitude longues de 26" et les scies à tronçonner de 20 à 26". Ces dernières ont de 8 à 11 pointes au pouce, et les scies à refendre de 5 à 8 pointes au pouce.

Pour le sciage de présision, sur petites pièces, on a recours à une scie à dossière (back-saw), qui est une égohine spéciale, à dents fines (de 12 à 14 pointes au pouce), munie d'une bande d'acier rigide qui en renforce le bord supérieur. Servez-vous de mordaches d'établi (fig. 135) pour maintenir la pièce solidement.

La boîte à onglets (miter box) est une boîte en forme de canal, sur les parois de laquelle sont des entailles qui guident la scie à dossière (de 30 ou 36") quand on prépare des pièces pour l'assemblage à onglet; c'est la meilleure façon de couper des angles facilement et avec précision.

La scie à guichet, aussi dite à chantourner (compass saw), et la scie à voleur, parfois aussi appelée passe-partout (keyhole saw) sont agencées en vue de découper des orifices et rainures qui ne peuvent être forés à l'aide d'un vilebrequin et de sa mèche.

Forez d'abord un trou, dont le diamètre excédera la largeur de la scie, pour permettre à la lame d'entamer le bois. Leurs dents sont semblables à celles d'une égohine à tronçonner.

Fig. 136.— Scie à guichet et scie à voleur, dites passe-partout.

COMMENT EMPLOYER LES ÉGOHINE

Disposez votre pièce de bois de façon qu'elle soit solidement maintenue dans l'étau, ou sur la table de l'établi à l'aide des griffes de serrage ou d'un valet. Un tréteau ou chevalet à large faîte fera bien l'affaire s'il vous faut scier de grosses pièces, et surtout si vous vous servez d'une scie à refendre.

Votre tracé guidera le trait de scie — suivez-le fidèlement, sans vous en éloigner. Laissez assez d'espace pour aplanir et rectifier, subséquemment, la surface découpée.

Commencez à scier avec une égohine en la tirant légèrement vers vous, mais s'il s'agit d'une scie de long, en la poussant sans trop appuyer. Tenez d'une main la poignée de la scie et, à l'aide du pouce levé de l'autre main, guidez la lame dès que le bois sera entamé.

Ne manquez pas de tenir le pouce bien haut afin d'éviter que les dents, en sortant brusquement de l'entamure, ne vous blessent à la main.

La coupure une fois commencée, sciez largement, soigneusement, mais sans effort. Appuyez quelque peu sur le coup de scie vers l'avant, mais n'appliquez aucune pression en tirant vers vous. Évitez toutes pressions et rapidité excessives, afin de ne pas coincer ou gauchir la scie.

Et veillez à ne pas l'obliquer qui devra cependant être soulevé comme le montre la figure ci-dessus, d'un côté ni de l'autre.

Fig. 137.— Guidez la lame de l'égohine à l'aide de votre pouce

Si elle a tendance à «coller» dans l'entaille, vous pourrez caler («cointer») l'extrémité ouverte avec un tournevis ou un coin en bois. Il se peut aussi qu'elle «colle» parce que ses dents on besoin d'être limées et affûtées. Il est facile de mettre une scie au point si l'on a recours à un appareil à donner de la voie (saw set).

Demandez à un compagnon d'expérience de vous donner un coup de main au départ, puis continuez l'opération vous-même. Limer des dents de scie à la main n'est pas facile pour un novice. Demandez l'assistance d'un camarade expert.

Quand votre coupure sera presque terminée, diminuez quelque peu la pression, pour éviter de fendre le bois et de perdre le «contrôle»de la scie. Et ne coupez pas vos tables d'établis, vos chevalets ... ni des planches où il y a des clous !

Quant à la scie à découper (coping saw), c'est une de ces exceptions qui prouvent la règle. On la tire au travers du bois et ses dents sont dirigées vers le manche. Si vous la poussez, vous briserez ou gauchirez la lame. Pour le sciage ordinaire, tenez-en la lame perpendiculairement à la surface de la pièce de bois.

Fig. 138.— Scie à découper.

RABOTS

Vous avez peut-être l'avantage de disposer de «planeurs», corroyeurs, surfaceurs, toupilleuses et galères actionnés mécaniquement pour planer, dresser, doler et rectifier vos pièces de bois, mais il se présentera bien des cas où il vous faudra un rabot à main d'une espèce ou d'une autre.

Fig. 139.— Rabots divers.

Pour parer ou planer les surfaces rugueuses, et surfacer les pièces de bois auxquelles vous voulez donner certaines dimensions et un certain équerrage, vous vous servirez d'une varlope (jack plane). C'est le rabot universel, le rabot à toutes fins. Son plateau large de 2 1/2" et long de 14" environ est en fonte ou en aluminium.

Le rabot (smooth plane) est semblable à la varlope, mais il n'a que 9 ou 10" de long. On l'emploie pour le travail fin, sur de petites pièces. La colombe (fore plane) ressemble aussi à la varlope, mais elle est plus large, et longue de 18" environ.

Servez-vous-en, ainsi que de la galère (jointer plane) (longueur de 22 à 30"), pour rectifier les bords, ou arêtes, de planches longues. Quand vous saurez employer, régler et affûter tous ces rabots, les autres ne vous causeront pas d'ennuis.

La partie coupante d'un rabot s'appelle le fer double. Elle se compose d'une lame (plane iron), d'un contrefer (iron cap) et d'une vis à tête qui les réunit. Ce montage du fer double est rigidement maintenu en place par un coin (lever cap) du type à ressort (voir la fig. 140).

Fig. 140.— Dispositifs servant au réglage de la varlope.

Si le rabot coupe trop, ou s'il ne coupe pas assez, réglez la profondeur de la coupe au moyen du bouton ou vis de réglage de la profondeur, situé devant la poignée. Si le tranchant enlève plus de bois d'un côté que de l'autre, réglez le fer double latéralement au moyen du levier de réglage latéral.

AFFÛTAGE DU FER DU RABOT

Si le taillant du fer est émoussé, vous n'exécuterez qu'un travail médiocre. S'il ne l'est que modérément et sans brèches profondes, un léger aiguisage sur la pierre à l'huile lui rendra son tranchant.

Voici comment on procède:

Passez le fer de rabot sur la pierre à repasser comme le montre notre fig. 141.

Fig. 141.— Affûtage d'un fer de rabot.

Promenez le avec un mouvement va-et-vient en exerçant une légère pression. Maintenez constamment le fer au même angle afin d'éviter d'en arrondir le tranchant. Après 12 ou 15 repassages, tournez le fer et promenez-le à PLAT sur la pierre pour enlever le morfil.

Continuez d'aiguiser un côté, puis l'autre, jusqu'à ce que l'arête soit assez vive pour vous raser le poil du poignet. Si vous réussissez, raboter ne sera qu'un jeu.

Si le tranchant est très émoussé et ébréché, vous devrez le meuler à nouveau. La fig. 142A fait voir comment.

Fig. 142.— Meulage d'un fer de rabot.

L'épure B représente un meulage bien exécuté. Ne soyez pas satisfait si le tranchant ressemble à l'épure C. Vérifiez-en l'équerrage avec une équerre d'épreuve, et l'angle à l'aide d'une fausse équerre ou d'une sauterelle.

Tout en meulant, passez le fer, avec un mouvement de va-et-vient, sur la surface de la meule, et plongez-le souvent dans de l'eau, ce qui évitera de griller le métal et d'en abîmer la trempe. Il n'est pas impossible de meuler un tranchant grillé jusqu'à ce qu'il soit affûté, mais l'usage le gâtera vite.

Le meulage une fois terminé, le fer doit être soigneusement passé sur la pierre à l'huile pour en enlever le morfil et donner au tranchant un véritable «fil de rasoir».

Cela fait, assemblez le fer du rabot comme le fait voir la fig. 140, et faites un essai préliminaire sur une pièce de bois de rebut. Veillez à ce que le fer de rabot simple et son contrefer soient bien assujettis l'un sur l'autre.

MODE D'EMPLOI DU RABOT

Avant de commencer à raboter, efforcez-vous de déterminer le sens général du grain du bois. Rabotez dans le sens du fil — et non à contre-grain. Quand vous aurez décidé dans quel sens vous allez raboter, fixez solidement votre pièce de bois dans l'étau ou sur la table de l'établi.

Si vous la mettez dans un étau, protégez-la à l'aide de morceaux de bois de rebut — sinon, les mâchoires de l'étau abîmeront les surfaces.

Chaque coup de rabot doit être ferme et horizontal. Commencez à couper en exerçant un peu plus de pression sur l'avant du plateau du rabot. Poussez le rabot sur toute la longueur de la pièce, et finissez la course en exerçant un peu plus de pression sur la partie arrière de l'outil.

Cette méthode (qu'explique le diagramme de la fig. 143) empêche d'arrondir les angles.

Fig. 143.— "Contrôle" de la pression.

Les novices sont portés à ((attaquer)) la pièce de bois avec un coup rapide et brusque du rabot — un peu comme une botte d'escrimeur. On constate vite cette inexpérience, car ce sont toujours ces commençants qui s'écrient:

Ce rabot ne vaut rien ... «il ne coupe pas droit !»

Une telle excuse n'est pas valable, car un bon ouvrier veille toujours à l'entretien de ses outils. Ce que ces apprentis ne comprennent pas, c'est le «contrôle» de la pression et la technique d'attaque.

Voici un tuyau qui facilitera votre travail s'il vous faut raboter une surface très rude: obliquez le rabot en travers de la pièce de bois tout en le poussant. Cette méthode permet au tranchant de détacher les copeaux en les tranchant.

 C'est, sans doute, ce que vous faites inconsciemment quand vous donnez un certain angle à votre rasoir de sûreté. La fig. 144 fait voir un rabot dûment obliqué pour exécuter une coupure tranchante sur une surface rugueuse.

Fig. 144.— Voici comment on oblique la varlope pour dégrossir une pièce de bois.

Servez-vous de la main qui est en avant pour guider le rabot. Tenez votre pouce sur la partie supérieure afin d'exercer une pression de haut en bas, et laissez glisser vos doigts sous le rabot pour le guider.

Bien entendu, avant de guider avec vos doigts, vous devrez vous assurer que la surface du bois est bien lisse, car les échardes ne vous avertissent pas de leur présence et peuvent causer un panaris.

Quand vous raboterez le grain d'extrémité d'une planche, vous vous épargnerez bien des ennuis (par exemple, le fendage dans le sens de la longueur) en recourant à une des méthodes que fait voir la fig. 145.

Fig. 145.— Rabotage d'une extrémité de planche avec un rabot d'ébéniste.

On peut se servir d'une varlope ou d'un rabot sur le grain d'extrémité, mais mieux vaut un rabot d'ébéniste (block plane), si l'on en a un, parce qu'il est spécialement conçu et agencé à cette fin.

Son fer, ou sa lame, est ajusté au plateau à un angle très aigu, pour l'aider à couper à contre grain. On n'est censé le manier que d'une main, mais on peut se servir des deux mains, si l'on est prudent.

Quand vous aurez fini de vous servir d'un rabot, ajustez-en le fer de façon que son tranchant ne dépasse pas le fond du plateau, et, quand vous déposerez un rabot sur l'établi ou ailleurs, mettez-le sur le côté pour en protéger le tranchant. De cette façon, la lame ne s'émoussera pas et ne s'ébrèchera pas.

Les parties métalliques d'un rabot dont on ne se sert pas doivent être bien huilées. Et, surtout, ne l'échappez pas ! Il se brise facilement au collet qui est la rainure ou lumière par laquelle le tranchant dépasse.

Fig. 146.— De haut en bas: Plane à manettes, dite vastringue, et plane ordinaire.

Pour tailler des courbes irrégulières, on se sert de la plane à manettes ou vastringue (spokeshave) ou de la plane ordinaire (draw-knife). La plane à manettes fonctionne d'après le même principe que la plane ordinaire mais son plateau est extrêmement court. On emploie la plane ordinaire pour dégrossir.

CISEAUX À BOIS

Si votre scie et votre rabot ne semblent pas convenir à un certain travail, un ciseau à bois est peut-être l'outil qu'il vous faut. Pour les gros travaux, on se sert d'un ciseau à douille (socket chisel).

Frappez-le avec un maillet — ne le frappez jamais avec un marteau. Pour les travaux moins grossiers, servez-vous du ciseau à tenon (tang chisel) qui, lui, n'est pas martelé, mais poussé avec un mouvement de rognage ou de tranchage.

Poussez le ciseau d'une main, et, de l'autre, guidez-le et «contrôlez-le». La fig. 147 fait voir ces deux ciseaux.

Fig. 147.— Ciseaux à bois.

Leurs dimensions sont déterminées par la distance en travers de la lame. Pour les travaux hors de l'atelier, il vous faudra un jeu de ciseaux courts, à douille, comprenant les calibres de 1/8, 1/4, 3/8, 1/2, 3/4, et 1".

On se sert de ciseaux pour couper et ajuster des joints, pratiquer des niches ou enfoncements pour les charnières, et autres travaux que la scie et le rabot ne pourraient exécuter. La fig. 148 fait voir quelques-unes de ces destinations.

Fig. 148.— Comment se servir du ciseau à bois.

Le ciseau fonctionnant d'après le même principe que le rabot, veillez à couper dans le sens du fil (ou grain). Si vous essayez de couper à contre-grain, il est probable que le bois se fendra. Un ciseau doit toujours être aussi bien aiguisé qu'un rasoir. Vous pouvez le meuler et le passer sur la pierre à l'huile tout comme un fer de rabot.

Veillez particulièrement à ne pas «griller» le tranchant.

Les ciseaux à bois ont peut-être causé plus de blessures que n'importe quel autre outil de menuiserie. Vous vous en tirerez indemne si vous ne permettez jamais à aucune partie de votre corps d'être devant le tranchant.

Placez toujours votre travail dans un étau, ou assujettissez-le de telle façon que vos mains et votre corps soient derrière le tranchant.

LES VILEBREQUINS ET LEURS MÈCHES

On perce le bois, d'ordinaire, à l'aide de mèches de tarière (auger bits), maintenues par un vilebrequin (dont il y a plusieurs variétés) qui les fait tourner. Ce vilebrequin est muni d'un dispositif de retenue, appelé mandrin (ou manchon porte-foret), qui serre la queue carrée de la mèche.

La fig. 149 fait voir un vilebrequin à rochet, et une mèche de tarière. Comme c'est la pointe de la mèche qui coupe, nous l'avons agrandie ici pour en mieux faire comprendre les parties importantes.

Fig. 149.— Vilebrequin et mèche de tarière.

Les lèvres (lips) et les becs coupeurs (nibs) de la mèche de tarière peuvent être aiguisés avec une lime spéciale à cette fin.

Elle est mince, de façon à pouvoir limer dans l'espace étroit entre la pointe (spur) et le bec coupeur; en outre, elle a des bords ((de sûreté)) afin de ne pas endommager les parties qui ne sont pas limées. Ne limez que sur la surface intérieure des becs coupeurs et des lèvres.

La pointe, ou ergot, est une vis qui tire la mèche dans le bois. N'appuyez pas trop une fois que vous aurez entamé le bois — la vis se chargera de la besogne.

Si vous forez complètement un trou au travers d'un morceau de bois, recourez au procédé que fait voir la fig. 150. Ce double forage empêchera le bois de se fendre et de se déchirer autour de l'orifice.

Fig. 150.— Forez d'un côté et de l'autre.

Les dimensions des mèches sont étampées sur la tige.

Si, par exemple, vous y voyez le n° 6, vous saurez que cette mèche fore un trou de 6/16" (diamètre: 3/8). Une mèche de 1/2" portera le n° 8, ce qui veut dire 8/16 ou 1/2".

Il suffit de se souvenir que le numéro étampé sur la tige indique quelle mèche forera un trou dont le diamètre sera ce nombre multiplié par 1/16 de pouce.

Les trous d'un diamètre de moins de 3/16" sont généralement forés au moyen d'un foret hélicoïdal (ou mèche américaine) à queue droite, maintenu dans une perceuse à main ou une perceuse mécanique. Ces outils sont décrits dans une autre section (Les mèches torse ou mèches américaines).

Il existe aussi un foret automatique à drille (fig. 151), qu'accompagne un jeu de mèches spéciales, pyramidales, de section carrée et à deux tranchants.

Fig. 151.— Foret automatique, ou drille.

Quand on relie des pièces de bois à l'aide de vis, ou qu'on se sert de vis pour poser des charnières, gonds, pentures, agrafes, boutons, tirants ou jambes de force sur du bois il faut d'abord forer de petits trous de départ, appelés trous de guidage, trous d'ancrage ou trous directeurs (pilot holes). La fig. 152 fait comprendre leur emploi.

Fig. 152.— Façon de bien exécuter un vissage dans du bois dur.

Le diamètre des trous d'ancrage doit être d'environ moitié de celui de la tige de la vis, et celui des trous directeurs doit être le même que celui de la tige de la vis, ou un peu plus grand. Le renfoncement chanfreiné qui reçoit la vis à tête plate est pratiqué avec une fraise (countersink).

VIS À BOIS (ou DE MENUISIER)

II y a deux genres de vis à bois le plus communément employées: celles à tête plate, brillantes, et celles à tête ronde, bleuies.

Ces têtes portent soit une seule rainure (ancien modèle), soit la nouvelle rainure Phillips, en croix. Pour la construction navale, on se sert de vis en laiton ou en acier inoxydable, ou en acier ordinaire, plaqué-chrome, cadmium ou laiton (car une vis d'acier ordinaire, exposée à l'eau de mer, rouillerait bientôt).

On se sert souvent de vis à tête ovale pour tenir les gonds, pentures, charnières et autre quincaillerie. Les grosses vis à bois, à tête carrée, appelées tirefonds (lag screws), sont serrées à l'aide d'une clef anglaise ; on les utilise pour fixer des machines ou des madriers.

Dans le béton, on se sert parfois de ces grosses vis à tête carrée, munies de manchons extensibles (aussi dits: compensateurs). Évitez de visser trop à fond — trop ((serré)), ce qui pourrait manger les filets dans le bois ou tordre, ou gauchir, la vis.

La rainure d'une tête de vis s'écorche facilement — conséquemment, servez-vous d'un tournevis qui ne glissera pas. Ne passez pas le pouce, ou un doigt, sur une tête de vis. De microscopiques ébarbures, presque invisibles, pourraient s'introduire dans l'épiderme et causer de graves lésions en favorisant l'infection.

Les dimensions des vis sont déterminées par leur longueur et leur calibre. La longueur d'une vis à tête plate est sa longueur totale, mais la longueur d'une vis à tête ronde est mesurée de l'extrémité de la vis à l'embase de la tête.

 Les calibres vont du n° 0 (diamètre: 1/16") au n° 24 (diamètre: 3/8"). Les calibres le plus fréquemment employés sont le n° 7 (3/4") pour pentures et charnières, le n° 9 (1 1/4") pour joindre deux planches de 3/4", et le n° 14 (2"), pour les gros travaux.

On achète les vis en boîte d'une grosse (144 douzaines). L'étiquette fait voir la longueur, le calibre, la forme de la tête, et le matériau de la vis.

Ne vous présentez pas dans un magasin ou à la resserre d'une usine en disant, les doigts étendus: «Je veux des vis grosses de même et longues comme ça» ... on vous donnerait fort probablement celles dont vous n'avez pas besoin.

Fournisseurs et compagnons de travail auront plus de respect à votre égard si vous décrivez ce qu'il vous faut avec précision.

Fig. 153.— Vis à bois.

DIVERS OUTILS DE MENUISERIE

Le travail du bois exige, dans presque tous les cas, un étau pour serrer fortement la pièce que vous travaillez. L'étau de menuisier à action rapide (que représente la fig. 154) fait gagner du temps, mais il n'est pas aussi robuste qu'un étau à vis sans fin.

Fig. 154.— Étau, serre-joint et brides de menuisier (le mot "sergent" est une corruption de "serre-joint").

De quelque étau que vous vous serviez, revêtez toujours la surface intérieure de ses mâchoires avec du bois, pour protéger votre travail.

Si vous ne pouvez immobiliser la pièce de bois dans un étau, à cause de sa forme ou de ses dimensions, vous le pourrez peut-être en vous servant de brides (clamps).

Ne vous servez du serre-joint (handscrew) que sur du bois, car ses mâchoires en bois seraient endommagées par du métal. La bride en C (C-clamp) peut être employée pour des pièces de bois de tout genre. Les brides de serrage (bar clamps) sont agencées de façon à unir des planches qui ont été collées bord à bord, ou encore des montages collés. Veillez à ce qu'aucun effort ni aucune tension inutiles ne portent sur les étaux et les brides ; ils gauchissent facilement et peuvent même se briser si Ton use de trop de force.

La gouge est un ciseau creusé en canal et muni à son extrémité d'un taillant courbe. On s'en sert pour façonner des surfaces intérieures courbes, et pour rainer ou canneler.

Fig. 155.— Gouges.

Le biseau, qui forme le tranchant, peut être soit à l'intérieur, soit à l'extérieur. Les modeleurs et ceux qui font des gabarits ont recours à des gouges pour tailler des filets, des listels et autres parties cintrées de modèles en bois. Ce que nous avons dit de l'emploi et de l'entretien des ciseaux s'applique également aux gouges.

Les râpes ou limes à bois ont pour fonction d'aplanir les surfaces irrégulières. Les râpes, destinées au travail rude, ont des dents grossières. Les limes à bois, ou limes d'ébéniste, ou à arrondir, ou à fauteuil, sont présentées sous diverses formes, en diverses longueurs, et leurs dents sont très variées.

On s'en sert pour planer le bois, tout comme des autres limes pour aplanir le métal.

Pour rendre bien lisse une surface plate rien n'est préférable au racloir (scraper) (aussi appelé curette, grattoir ou gratte). C'est, tout bonnement, un mince feuillet d'acier à scie, d'environ 5" de long et 3" de large. Pour racler de petites superficies, on peut tenir cette lame dans la main et la pousser sur la surface.

On se sert d'un dispositif à deux poignées pour racler les grandes superficies. Servez-vous du racloir immédiatement après avoir raboté ou dégrossi une pièce de bois et immédiatement avant de la passer au papier de verre.

Raclez dans le sens du fil, en exécutant des mouvements longs, fermes et réguliers. Pour affûter cet outil, mettez-le dans un étau et tirez de long (à la lime) le tranchant dont vous voulez vous servir. Ce limage crée une bavure, ou morfil, qui coupera et aplanira le bois.

RACLOIR D'ÉBÉNISTE Fig. 156.— Racloirs à bois.

Murs, assises, fondations et planchers doivent, naturellement, être absolument droits et de niveau. Vous vous en assurerez en employant un niveau à bulle d'air (spirit level) et un fil à plomb (plumb bob).

Fig. 157.— Niveau à bulle d'air et fil à plomb.

Vous avez sans doute, quand vous étiez petit garçon, regardé avec envie les charpentiers qui se servaient de ces outils sur la charpente de maisons en voie de construction.

Les fils à plomb sont robustes — mais les niveaux sont fragiles. Evitez, conséquemment, de les échapper, et mettez-les dans un endroit sûr quand vous ne vous en servirez pas.

Vous enfoncerez vos clous et vos pointes à l'aide d'un marteau à clouer (c'est-à-dire dont la panne est fendue). La tête du marteau à clouer classique pèse 16 onces — mais il y en a bien d'autres.

Quand vous vous servez d'un marteau, tenez-le par le bout du manche — n'en diminuez pas la force en le tenant par le collet (au-dessous de la tête). Tenez-le fermement comme vous tiendriez un marteau de mécanicien à panne sphérique (tout à fait comme si vous donniez «une poignée de main»).

La face du marteau doit toujours être bien lisse et plane ; sinon, elle patinera sur la tête des clous, et les fera crochir. Ne vous servez d'un marteau à clouer ni pour travailler les métaux, ni pour marteler un ciseau à froid, ni pour enfoncer des rivets; ne vous en servez que pour cogner des clous ou des pointes.

Fig. 158.— Marteau à clouer, à panne fendue, et pointeau.

Quand vous enfoncez des pointes, ou autres clous à petite tête, faites-le de façon que la tête arrête à 1/8" ou 1/16" de la surface ; puis, enfoncez-la à fleur de surface, ou noyez-la, avec un pointeau (nail set).

De quelque genre que soient les clous que vous «plantez», évitez de laisser des marques de marteau sur la surface du bois. Ces marques sont la signature d'un travailleur négligent et maladroit.

CLOUS

Les clous ordinaires et les clous coupés sont employés pour les travaux de construction en général. Les clous de finissage ou de finition sont employés s'il est préférable d'en noyer la tête au-dessous de la surface. Les clous à boiserie (casing nails) servent à assujettir les châssis de fenêtres et les chambranles de portes.

Les clous à tête de diamant (brads) et les clous ronds, dits clous de broche (wire nails), qui sont plus petits, servent à clouer les pièces de bois contreplaqué et autres planches minces ; s'ils sont plus gros, on les utilise pour faire des caisses et claires-voies. Les attaches ondulées (corrugated fasteners) servent aux charpentes.

La fig. 159 fait voir tous les clous qu'on utilise le plus communément.

Fig. 159.— Les clous et leurs calibres.

VOICI MAINTENANT QUELQUES BONS CONSEILS:

Alternez ou échelonnez vos rangées de clous de sorte qu'ils ne soient pas en ligne avec le grain de bois — ce qui pourrait le fendre.

Quand vous cognez un clou, enfoncez-le à un certain angle, c'est-à-dire un peu obliquement. Il n'en tiendra que mieux.

Quand vous avez à river un clou, dirigez-en la pointe à contre-grain.

Si le bois est de ceux qui se fendent aisément, forez d'abord un trou pour chaque clou. Veillez à ce que ce trou soit un peu plus petit que le diamètre du clou.

CHARNIÈRES

Les portes et couvercles d'armoires, coffres, caisses, et autres meubles ont une ou des charnières, c'est-à-dire, un appareil composé de deux pièces métalliques assemblées sur un axe commun, dont Tune au moins est mobile autour de cet axe.

La fig. 160 fait voir celles qu'on emploie le plus souvent. La charnière classique, ou penture (butt hinge) est enclavée dans le bois de façon que son axe seul soit visible quand la porte est fermée.

Fig. 160.— Charnières.

Les charnières de surface sont posées à l'aide de vis, sur l'extérieur de la porte, l'axe étant directement pardessus la ligne de séparation des pièces.

La charnière de coffre, qui est désaxée, est la meilleure et la plus solide pour certains coffres, boîtes et malles de voyageur.

Le moraillon (hasp) sert à cadenasser les portes et couvercles.

Si vous vous servez de charnières sur du métal, n'essayez pas de les poser avec des vis à bois — servez-vous de vis, boulons ou rivets de tôlier. Il serait même sage, si les pièces sont massives, de souder ou de braser.

COLLE À BOIS

Les joints de bois seront collés l'un sur l'autre s'il est difficile ou peu pratique de se servir de vis, clous ou boulons.

Une colle de caséine, imperméable, est recommandée pour l'usage général, mais vous voudrez peut-être avoir recours aux nouvelles colles à la résine, dites plastiques, qu'on achète en poudre. Elles sont faciles à mélanger et à utiliser (si l'on observe à la lettre le «mode d'emploi» du fabricant).

Il y a aussi les colles faites avec des matières animales. Il faut les chauffer au bain-marie et ne jamais les porter à ébullition. En outre, elles ne sont pas imperméables.

Si les pièces de bois ne sont pas étroitement ajustées, ne vous attendez pas à ce que votre colle, quelle qu'elle soit, adhère solidement.

La colle, en elle-même, n'a pas beaucoup de force adhésive — mais elle créera un joint durable si les pièces sont bien ajustées l'une sur l'autre. On doit comprimer les pièces collées, à l'aide de happes, de serre-joint ou de poids, jusqu'à ce que la colle soit complètement sèche. Une pression de 24 heures vous donnera de bons résultats.

Questionnaire

1. Dans le travail du bois, les tracés sont d'ordinaire marqués avec un crayon. Comment seront-ils marqués s'ils doivent être extrêmement précis ?

2. Que signifie le chiffre 9 étampé sur le talon d'une égohine ?

3. Quand doit-on affûter le fer d'un rabot ?

4. Comment faut-il déposer un rabot sur un établi ?

5. Quelle est la règle de sûreté la plus importante pour ceux qui se servent d'un ciseau ?

6. Quelles sont les parties d'une mèche de tarière qui peuvent être limées ?

7. Quel chiffre est étampé sur la tige d'une mèche de tarière de 5/8" ?

8. De quel outil se sert-on pour couper le renfoncement chanfreiné qui reçoit la tête d'une vis (à bois) à tête plate ?

9. Qu'est-ce qu'une vis à bois "RHB" ?

10. Pourquoi, dans le travail du bois, les mâchoires d'un étau doivent-elles être revêtues de bois ?

11. Comment reconnaît-on, dans le travail du bois, que le travailleur est négligent ou malhabile ?

 

 

 

 

 

 

 

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