Préparation de la peinture

Peinture, Vitrerie, Isolation 1966

Composition des peintures

Les peintures sont principalement composées des pigments suivants:

Blanc de plomb: Oxyde de zinc.

Oxyde de Titane: Blanc d'Espagne, Blanc de Meudon.

Lithopone: Pigments de diverses couleurs.

Tous ces pigments sont vendus sous forme de poudres finement broyées et spécialement préparées. Elles sont soit blanches soit colorées; on les extrait de certains produits minéraux ou on les fabrique d'après un procédé chimique quelconque en utilisant divers métaux, végétaux, etc. Nous en donnons la provenance à la section Composition des couleurs - Les pigments.

Les principaux agents qui permettent aux pigments de rester en suspension dans la peinture sont:

l'huile de lin, l'huile de tung ou bois de Chine, l'huile de fèves soya, l'huile de ricin déshydratée spécialement manufacturée.

Les trois principaux diluants de la peinture sont:

L'esprit de térébenthine ; Les huiles minérales ; Le naphte.

On ne devrait jamais employer de succédanés comme délayeurs des peintures qui doivent servir à l'extérieur. Les huiles minérales ou le naphte peuvent être employés comme diluants des peintures d'intérieur, lorsque spécifiés par le manufacturier.

Avant que la peinture soit employée il faut lui donner la consistance nécessaire par l'addition d'huile de lin ou de térébenthine si c'est une peinture d'extérieur.

Pour une peinture d'intérieur on évitera d'employer l'huile de lin qui fait jaunir la peinture. Par ailleurs si c'est une peinture luisante on emploiera une huile minérale de préférence à la térébenthine qui diminue le lustre.

Avant de diluer une peinture il est cependant très important de s'assurer qu'elle est d'une température d'au moins 65° F. et de pas plus de 85° F.

Si on achète le blanc de plomb préparé en mastic, on doit le diluer avec de l'huile de lin ou de la térébenthine pour lui permettre de sécher plus rapidement.

Il est préférable de tamiser la peinture à travers un morceau de canevas ou mieux de coton à fromage — afin d'en enlever toute saleté, peau ou dépôts.

La peinture devra avoir la consistance de la crème afin de pouvoir s'appliquer facilement si elle est trop épaisse elle ne s'étendra pas d'elle-même et aura une apparence pâteuse. Au contraire si elle est trop claire elle sera coulante et plusieurs couches seront nécessaires pour bien couvrir la surface.

LES DILUANTS et les SICCATIFS

L'huile de lin est une huile siccative extraite de la graine de lin et qui, en se solidifiant, fait sécher les couleurs que l'on y mêle. L'huile de lin généralement employée pour la peinture est tout ce qu'il faut pour répondre au besoin du peintre. Elle est employée avec plus d'avantage pour l'extérieur.

La térébenthine, résine semi-liquide qui provient de certains arbres, est très employée pour les peintures — surtout à l'intérieur. L'esprit de térébenthine est obtenu de la distillation de la térébenthine crue qui provient de l'écorce du sapin rouge.

Peinture mate

Comme la térébenthine est très volatile et s'évapore, elle donne à la peinture une apparence mate, c'est-à-dire sans éclat (flat). Elle est aussi employée lorsque la peinture doit s'appliquer dans un endroit où elle sèchera difficilement, comme par exemple, sur une surface graisseuse.

Siccatif brillant

Sorte d'encaustique employé pour les parquets.

L'encaustique est un mélange de cire et de térébenthine dont on enduit les parquets avant de les rendre brillants en les frottant avec de la cire.

L'huile de tung

Avant la guerre, il se faisait une très grande importation d'huile provenant du tung qui se cultive en abondance en Chine où on le regarde comme un emblème national. Dans le commerce on appelle le tung bois de Chine.

Son écorce ressemble à celle du bouleau merisier. La fleur de cet arbre ressemble à celle de notre iris, mais vient en plus grand nombre sur la même tige ; les noix qu'il produit ont 21 pouces de diamètre et leurs amandes' donnent l'huile de tung.

Cette huile est très employée en Chine comme préservatif pour les bois ; en la faisant brûler on obtient le carbone qui est la base de l'encre de Chine. Mais le plus grand usage de cette huile lui vient de la facilité de faire sécher et durcir la peinture.

Les laboratoires de recherches de notre continent ont fait un grand effort pour obvier à cette pénurie. Approximativement 10 millions de livres d'huile de tung ont été produites en Amérique du Nord entre 1943 et 1944, et maintenant l'on dépasse probablement ce chiffre.

L'huile de tung américaine est de haute qualité, de couleur plus claire et plus uniforme que l'huile importée de Chine et dont les méthodes de production sont plus primitives.

L'huile de ricin déshydratée

Avec l'addition de l'huile de ricin à certaines formules de peinture, un grand essort a été donné à la culture du ricin. La plupart des jardiniers connaissent cette plante qui produit des graines dont on extrait une huile purgative connue sous le nom d'huile de castor. Il faut absolument, toutefois, que cette huile soit déshydratée pour être employée dans la peinture.

Dans les latitudes où est situé le Canada, cette plante doit être considérée comme une plante annuelle dont les graines mûrissent avant les gelées.

Originaire de l'Asie, le ricin a une meilleure croissance sous les climats tropicaux. On cherche néanmoins à intensifier sa culture sur notre continent.

Le ricin atteint jusqu'à huit pieds de hauteur, dans les meilleures conditions, et donne une très grande quantité de fèves très riches en huile végétale.

Autrefois, cette huile n'était employée que comme médicament. Elle le fut ensuite comme lubrifiant pour les autos de courses, tel les huiles Castrol, sa viscosité ne permettant pas de l'employer comme huile pour la peinture.

Il y a quelques années les chimistes trouvèrent le moyen de déshydrater l'huile de ricin et de la reconstituer de manière à lui donner toutes les propriétés d'une huile séchant rapidement.

L'huile de ricin déshydratée est largement employée dans plusieurs formules pour la peinture et les vernis où elle rend des services équivalents à ceux de l'huile de tung, de l'huile de lin, enfin de l'huile provenant de la fève soya.

L'huile de Soya

Le soja ou soya est, comme nous le savons, un genre de légumineuse connue sous le nom de pois chinois. C'est une plante originaire des régions chaudes de l'Asie et qui donne une graine très riche en matières grasses.

L'huile de lin

 Un grand effort a été fait aux États-Unis et au Canada — surtout dans la province de Québec — pour intensifier la culture du lin, afin d'augmenter la production de l'huile de lin. La graine de lin a été produite au pays depuis les tout débuts de la colonie.

Le lin est un genre de linacée des régions tempérées et chaudes. La tige fibreuse de la plante est employée comme textile.

La graine de lin est surtout employée pour fabriquer l'huile de lin qui est très siccative et que l'on incorpore aux peintures de qualité.

Le lin s'acclimate très bien à notre latitude. On prétend même que c'est sous un climat comme le nôtre que la plante atteint sa pleine croissance.

PIGMENTATION DE LA PEINTURE

Plusieurs ingrédients essentiels pour la fabrication de la peinture, provenant des pigments de la terre, étaient naguère importés d'Europe. Parmi ces pigments nous citerons: l'ocre jaune, provenant de France, de l'Espagne et du Golfe Persique ainsi que les terres de Sienne provenant de l'Italie.

On a obvié à la rareté causée par l'absence de communications durant la guerre en instaurant l'extraction des pigments similaires des mines canadiennes.

Les procédés modernes appliqués à l'extraction de nos pigments du pays sont arrivés à produire des ingrédients de qualités supérieures aux pigments importés.

Les nouvelles méthodes ont permis d'obtenir des oxydes de fers rouges, les couleurs brun Van Dyke et la terre de Sienne par le traitement chimique du fer de rebut. On a obtenu par ce procédé, entre autres, un oxyde de fer jaune qui a été en très grande demande dans les travaux de camouflages de guerre.

Afin d'obvier à la demande du fer de rebut qui était devenu un matériel essentiel, un chimiste a su tirer parti de la calcination de la glaise sulfureuse extraite de l'eau des puits de mines.

Le blanc extrait du noir

Du Titane, un corps métallique simple de couleur noire, qui par ses propriétés se rapproche de l'étain, on extrait le bioxyde de Titane. C'est l'une des substances les plus blanches connues des manufacturiers de peinture, et avant la guerre la plus grande partie de la matière première pour la produire était importée des Indes.

De nouvelles recherches ont permis d'extraire le bioxyde de titane — le plus blanc des blancs — des particules de l'ilménite, qui se trouve dans les sables ou les minerais. Ayant été séparées, après avoir été calcinées, ces particules émergent en bioxydes de titane que l'on emploie dans la peinture et, jusqu'à un certain point, dans la fabrication des cosmétiques.

Nous parlerons au long plus loin (Composition des couleurs) des divers pigments à peinture et de leur origine.

ÉPREUVE PRATIQUE DE LA PEINTURE

II est bon de faire l'essai d'une petite quantité de toute peinture avant de s'en servir afin de déterminer si elle possède les qualités requises.

On réalise l'essai — le test — en appliquant une couche de cette peinture sur une petite étendue de la surface qui doit être couverte, ce qui permet d'observer comment elle cache les surfaces, sa facilité d'application et quelle étendue elle peut couvrir.

Si elle «couvre» bien la surface, si elle s'applique facilement à l'aide du pinceau et si elle s'étend bien, elle devrait répondre aux exigences de la bonne peinture pourvu, toutefois, qu'elle sèche sans craqueler, sans boursouffler, sans trop s'écailler, ni s'effriter non plus, ou devenir trop crayeuse après une période de temps raisonnable.

Les peintres se fient ordinairement aux mélanges de peintures vendus par les manufacturiers réputés. Par ailleurs, un grand nombre mélangent leur propre peinture.

MÉLANGE DES INGRÉDIENTS

Technique du mélange de la peinture.

 Si possible, les ingrédients doivent être mélangés dans l'atelier même ou dans une chambre spécifiquement affectée aux opérations de mélange. Le travail s'accomplit avec une palette en bois forte et souple, ou un agitateur mécanique.

Si l'on utilise une palette, on devra manœuvrer de telle sorte que les pigments qui séjournent au fond du contenant puissent remonter vers le haut, et ce en brassant jusqu'à ce qu'ils soient intimement mélangés au liquide.

Si les pigments se sont déposés au fond du récipient pour y former une masse compacte, on emploiera un malaxeur motorisé afin d'agiter le mélange et de lui donner une consistance uniforme. Lorsqu'aucun dispositif mécanisé n'est disponible on devra faire le mélange à la main. Pour cela, on verse le liquide dans un autre contenant et on brasse la masse de pigment en se servant d'une palette.

Le liquide est ensuite versé par petites quantités dans son contenant original jusqu'à ce que le mélange ait atteint une consistance uniforme. Enfin, on complète l'opération en transvidant la peinture mélangée d'une boîte à l'autre jusqu'à ce qu'elle soit devenue bien lisse et bien souple.

Une peinture qui ne se délaye pas assez facilement en un mélange souple devrait être retournée au fournisseur.

Pour conserver souples et sans peaux les restants de blanc de plomb ou de couleurs à l'huile, on devra racler la couleur ou le blanc de plomb qui adhère aux parois du contenant et déposer sur la surface de la peinture, à l'intérieur, une rondelle de papier découpée du format exact de l'intérieur de la boîte; cette précaution aura pour résultat de sceller le contenu et de le rendre à l'épreuve de l'air.

Procédés de mélange

 Les procédés employés pour obtenir un bon mélange varient suivant les ingrédients dont est formée la peinture. Les vernis et le «shellac» ne contiennent pas de pigments et, pour cette raison, ils sont très faciles à mélanger.

Peinture à l'huile en pâte

 Après avoir ouvert le contenant on devra s'efforcer d'incorporer à la pâte toute l'huile qui se trouve à la surface et on agitera le tout jusqu'à ce que le mélange devienne souple et filant. Puis on versera dans la canistre ou le bidon à mélange la quantité de pâte spécifiée ; ensuite on mesurera la quantité d'huile de lin, de diluant et de siccatif requis par la formule que l'on veut obtenir.

On ajoutera en premier lieu l'huile par petites quantités, puis le diluant et le siccatif. Cette préparation sera filtrée en la passant dans un coton à fromage ou dans un filtre ou couloir en fil métallique à mailles très fines pour enlever les grumeaux ou toute matière étrangère.

Cela améliorera ses qualités et facilitera son application au pinceau. Pour incorporer les couleurs à l'huile aux pâtes à pigments blancs, on devra:

1 ° Éclaircir la pâte épaisse avec un diluant à l'huile afin de l'amener à une consistance semi-pâteuse;

2° A moins qu'elles ne soient déjà en pâte claire, on diluera les couleurs à l'huile en se servant de térébenthine ou d'essence minérale jusqu'à ce que le mélange atteigne la consistance du lait condensé;

3° Ajouter graduellement la couleur à la pâte, en agitant le mélange à mesure avec une palette en bois ou un agitateur à hélices jusqu'à ce qu'on obtienne la couleur désirée;

4° Enfin on ajoute ce qui reste de l'huile, du diluant et du siccatif.

Les peintures préparées

Pour mélanger ou éclaircir les peintures préparées qui se vendent dans le commerce en bidons d'un gallon ou moins, on place leurs contenants — sans les ouvrir — dans un malaxeur-vibrateur pendant une période de 3 à 10 minutes. Il faudra agiter la peinture contenue dans de plus grands bidons en la plaçant dans un malaxeur à hélices.

On ajoutera ensuite au mélange la quantité requise d'huile, de diluant et de colorant. Ensuite on éclaircira les couleurs à l'huile avec de la térébenthine ou de l'essence minérale jusqu'à obtention d'une consistance de crème épaisse.

On obtient un mélange très complet de la peinture en la transvidant plusieurs fois d'un contenant à un autre ou en la passant au malaxeur. La couleur doit être ajoutée par petites quantités en brassant après chaque addition jusqu'à ce que la teinte désirée ait été obtenue.

L'émail

Pour mélanger de l'émail, on se sert d'un petit agitateur à hélices ou on brasse à la main. Les malaxeurs font naître dans le liquide d'innombrables bulles (ou de l'écume) qui prennent de 6 à 8 heures à disparaître, exigeant de ce fait un repos de même durée pour le mélange.

Coloration de la peinture

 Des couleurs à l'huile sont employées pour colorer ou donner aux peintures à l'huile les teintes désirées. Pour un émail on emploie des couleurs au vernis. Ces couleurs sont formées de pigments concentrés extraits du sol ou de certains composés chimiques ; on les mélange à des huiles spéciales ou à des vernis pour former une pâte.

Les teintures à l'huile de couleurs employées sur le bois sont quelquefois obtenues en diluant des pigments dans de l'huile. Pour connaître les proportions à employer afin d'obtenir les teintes désirées on voudra bien se reporterà la section Mélange des couleurs.

Peintures à la caséine ou à la résine synthétique émulsifiée

 Les pigments à l'eau, manufacturés spécialement pour teinter ces peintures, doivent être légèrement dilués dans de l'eau et brassés à fond afin qu'ils puissent s'incorporer dans la peinture pâteuse. On mélange la poudre de caséine avec de l'eau pour former une pâte avant d'y ajouter la matière colorante diluée.

Les couleurs à l'huile diluées à la térébenthine ou à l'essence minérale peuvent être employées pour obtenir des tons pastels, mais le colorant doit être ajouté par petites quantités et assez bien mélangé à chaque addition pour que la séparation de l'eau et de l'huile ne soit plus possible.

Ce procédé est très délicat et à moins d'être un expert, on risque, en l'employant, de gâter complètement la peinture.

Peintures à l'eau et au ciment

On obtient directement du manufacturier la teinte désirée de peinture au ciment et à l'eau. Lorsque cette peinture est colorée sur les lieux, elle donne rarement satisfaction, car elle devient tachetée ou bariolée après son application.

Filtrage de la peinture

Toute peinture doit être filtrée dans un tamis fin ou du coton à fromage afin d'en enlever les grumeaux, les peaux ou les résidus. Quoiqu'il ne soit pas toujours nécessaire de couler la peinture devant être appliquée au pinceau, celle qui doit servir à la vaporisation au pistolet doit l'être très minutieusement.

 

 

 

 

 

 

 

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