Les gaz et leurs contenants

L'oxygène employé pour la soudure oxyacétylénique est fabriqué au moyen de la distillation de l'air liquide. Les bouteilles (ou cylindres) servant à l'emmagasinage et au transport de ce gaz doivent être d'une construction particulièrement robuste afin de résister à la pression initiale de 2,000 lbs au pouce carré sous laquelle le gaz est comprimé.

Ces bouteilles ont généralement 50" de hauteur et un diamètre d'environ 9". A une température de 70° F. elles contiennent quelque 220 pieds cubes d'oxygène sous 2,000 lbs de pression au pouce. Il existe un format plus petit contenant 110 pieds cubes de gaz à la même température et sous la même pression; étant d'un maniement plus facile, cette petite bouteille est utilisée dans les cas d'urgence et les menus travaux. Toutes ces bouteilles sont fabriquées d'acier embouti et ne comportent aucun joint. Elles sont pourvues d'un robinet spécial et d'un capuchon fileté qui sert à protéger le robinet au cours des transports et des manutentions. (Fig. 151).


Fig. 151.— La bouteille d'oxygène et ses raccords.

Il s'agit d'un robinet à pointeau (needle valve) fabriqué d'un alliage de cuivre inoxydable et qui se visse à la bouteille d'oxygène. Le diamètre du raccord de sortie est de 29/32". Ce dernier est fileté à raison de 14 filets au pouce.

A l'opposé de ce raccord se trouve une soupape de sûreté dont l'élément essentiel est un mince diaphragme de cuivre supporté par une rondelle en alliage dont le point de fusion est d'environ 240° F.

Advenant le cas où la bouteille d'oxygène se trouve exposée à une température supérieure à ce point, la rondelle fond et le gaz s'échappe avant d'atteindre une pression trop forte.


Fig. 152.— Mécanisme interne d'une valve d'oxygène.

En effet, la pression de ce gaz varie avec la température ambiante. A 0° F. le gaz, dans une bouteille non entamée, a une pression de seulement 1,630 lbs au pouce carré — à 120° cette pression atteint 2,200 lbs au pouce carré et elle augmente à mesure que s'élève la température.

Le robinet est fabriqué en deux sections principales dont le corps et le pointeau (needle) — ce dernier en métal Monel. Le volant est assemblé de telle sorte qu'en le vissant il presse le pointeau contre son siège tout en exerçant une certaine pression sur une rondelle de caoutchouc qui assure une protection additionnelle contre toute fuite du gaz.

On peut reconnaître et identifier facilement les bouteilles d'oxygène. En effet, elles sont généralement peintes en noir avec une bande large de 6" peinte en vert à leur sommet. Elles sont aussi plus longues que les bouteilles d'acétylène. Les bouteilles d'oxygène doivent être rangées verticalement, la pointe en haut, et à un endroit différent des bouteilles d'acétylène. On évitera de les heurter, de les échapper et de s'en servir comme de rouleaux pour déplacer de lourdes charges.

On devra observer scrupuleusement ces précautions, de même que les autres recommandations que voici:

a) II faut éviter que l'oxygène vienne en contact avec de l'huile ou un corps gras quelconque; ce sont des substances qui ne font pas bon ménage et une explosion en résultera instantanément. Pour cette raison, on s'abstiendra de toucher aux bouteilles, robinets, boyaux et chalumeaux avec des mains huileuses ou des gants graisseux.

b) Ne huilez jamais les robinets et raccords. C'est dangereux et nullement nécessaire.

c) Ne vous servez pas d'oxygène en guise de substitut pour l'air comprimé afin d'action ner certains outils pneumatiques, souffler la poussière ou les boyaux. L'oxygène ne doit servir qu'à alimenter les chalumeaux soudeurs ou coupeurs. Lorsqu'on a fini du chalumeau, on doit fermer le robinet. On trouvera plus loin d'autres recommandations importantes— il faudra les retenir. Votre vie et celle de plusieurs autres peut en dépendre, car l'outillage oxyacétylénique compte parmi les plus dangereux dispositifs d'un atelier de montage ou de réparations mécaniques.

LES BOUTEILLES D'ACÉTYLÈNE

Dans la soudure dite «au gaz», l'acétylène est le principal aliment de la flamme. C'est un gaz incolore et d'une odeur caractéristique. Mêlé à l'air ou à l'oxygène, il forme un mélange extrêmement explosif qu'une étincelle peut déclencher instantanément. Comme nous l'avons dit déjà, seulement 3 pour cent d'acétylène dans l'air suffisent pour en former un mélange détonnant.

En outre, l'acétylène explose spontanément sous une pression de plus de 15 lbs au m pouce carré s'il est gardé à l'état pur. C'est pourquoi, pour en faire le transport, l'emmagasinage et la manutention sans danger, on a recours aux précautions que voici:

D'abord, les bouteilles d'acétylène sont construites et préparées spécialement. On les remplit d'une substance poreuse — par exemple des «cotons» de blé-d'inde, de la fibre de balsa ou des fibres d'amiante.


Flg. 153.— La bouteille d'acétylène et ses accessoires.

Ensuite, on place dans la bouteille de l'acétone, un liquide capable d'absorber environ 240 fois son propre volume d'acétylène à 250 lbs de pression au pouce carré. Chaque bouteille contient environ 40 pour cent d'acétone en volume, ce qui lui permet d'emmagasiner sans danger l'acétylène à une pression de 250 livres.

Bien que la forme des bouteilles d'acétylène diffère quelque peu, elles sont généralement plus courtes que les bouteilles d'oxygène et peintes en noir avec une bande bleue de 6" vers le sommet. Sous cette bande bleue se trouve une bande rouge de 3". Le capuchon protecteur du robinet est peint en noir (fig. 153).

Le boyau servant à l'acétylène est rouge. Une bouteille ordinaire d'acétylène a environ 40" de hauteur et 12 1/2" de diamètre; elle contient quelque 275 pieds cubes de gaz sous 250 livres de pression. On peut toutefois s'en procurer dont le contenu est de 110, 250 et 300 pieds cubes.

La soupape des bouteilles d'acétylène est faite d'un robuste alliage de cuivre (laiton ou bronze) et pourvue de raccords taraudés ou filetés pour le mano-détendeur. La plupart de ces robinets ou soupapes possèdent un raccord de sortie fileté (maie outlet connection) d'un demi-pouce, avec filets droits (14 au pouce). La tige du robinet ne comporte pas de volant, de sorte qu'il faut se servir d'une clef à douille pour l'ouvrir.

Le dispositif de sûreté dont sont munies les bouteilles d'acétylène est fait d'acier; un minuscule trou, percé au centre, est obturé à l'aide d'un alliage qui fond à une température relativement faible, soit entre 212° et 220°. Certaines bouteilles d'acétylène sont munies de deux ou trois de ces dispositifs, dont un au sommet et les autres au fond. Les trous dont ils sont percés ont un diamètre suffisamment petit pour permettre au gaz de s'échapper sans que le feu puisse pénétrer à l'intérieur du contenant.

Normalement, avons-nous dit, la pression de charge de ces bouteilles est 250 lbs au pouce carré. Les mano-détendeurs n'indiquent pas toujours de façon exacte, cependant, la pression ou la quantité de gaz restant dans la bouteille, et c'est pourquoi il est bon de connaître comment mesurer le contenu de celle-ci par pesage. A 70° F. 14 1/2 pieds cubes d'acétylène pèsent une livre.

En soustrayant le poids d'une bouteille vide, exactement semblable, du poids de la bouteille que vous utilisez, vous n'aurez qu'à multiplier la différence par 14 1/2 pour connaître le nombre de pieds cubes de gaz qui restent dans la vôtre. Le plus souvent, le poids de chaque bouteille vide (tare weight) est marqué à un endroit quelconque de sa surface.

PRÉCAUTIONS À PRENDRE AVEC LES BOUTEILLES DE GAZ

Le danger que comporte le maniement des bouteilles remplies de gaz oxygène et acétylène exige que tous les préposés aux postes de soudure soient au courant des précautions à prendre. Les recommandations suivantes s'ajoutent à celles que nous avons données à propos des cylindres d'oxygène.

a) On doit éviter d'approcher les bouteilles des étincelles, des flammes et de la chaleur en général.

b) Les bouteilles ou cylindres ne doivent jamais être emmagasinés près des substances très inflammables comme la gazoline, l'huile, les chiffons, etc.

c) On doit les protéger également contre toute élévation excessive de température en s'abstenant de les placer près des fournaises, radiateurs, creusets, etc.

d) Les bouteilles peuvent être placées au plein air, mais on doit veiller à les protéger contre les intempéries. Au cours de l'hiver, on fera en sorte que la glace ne s'accumule pas sur leurs parois; l'été elles devront être protégées contre les rayons directs du soleil si ceux-ci doivent les darder pendant une durée prolongée.

e) On s'abstiendra d'employer des électro aimants ou des courroies pour soulever les bouteilles de gaz. Si l'on doit se servir d'une grue, on placera les bouteilles dans une nasse appropriée.

f) Afin d'empêcher que les bouteilles ne soient renversées pendant le travail, on les assujettira comme il faut.

g) Les bouteilles ne doivent pas être placées près des ascenseurs, monte-charge ou plates- formes où des objets en mouvement pourraient les heurter ou tomber dessus.

h) Avant de raccorder les cylindres, il est important d'ouvrir le robinet un court instant afin de souffler la poussière ou les saletés du raccord de sortie — mais en ayant soin d'orienter l'ouverture du robinet du côté opposé à celui où vous êtes.

i) II faut éviter de souffler trop de gaz dans les endroits confinés.

j) On ne devra employer pour ouvrir les robinets que les clefs et autres outils fournis par le pourvoyeur des bouteilles.

k) On s'abstiendra en tout temps de réparer ou altérer de quelque façon les bouteilles contenant du gaz.

l) Afin d'exempter un supplément de frais de location, on utilisera les bouteilles dans l'ordre de leur réception. Celles qui sont vides doivent être remisées à part et marquées à la craie : «vide».

m) Lorsqu'une bouteille est vide, on doit en fermer le robinet et voir à ce que le capuchon protecteur soit vissé à sa place.

n) On doit s'arranger pour que les bouteilles chargées sur un camion ou autre véhicule soient disposées de façon que leur raccord de sortie pointe dans des directions opposées.

o) En ouvrant une bouteille de gaz acétylène pour en souffler le raccord, la clef ne doit être tournée que d'un demi-tour. Pendant la soudure, le robinet ne doit pas être ouvert à plus d'un tour.

p) Lorsqu'une bouteille d'oxygène est en usage, par contre, son robinet doit être ouvert à la grandeur.

q) Les bouteilles d'acétylène doivent être remisées et employées dans la position verticale (debout). S'il est absolument nécessaire de les coucher, on devra en hausser le sommet le plus possible en ayant soin de pointer le raccord de sortie vers le haut.

r) On ne doit jamais tenter de transvider l'acétylène d'une bouteille à l'autre.

s) On ne doit jamais non plus se servir de l'acétylène et de l'oxygène embouteillés sans intercaler le mano-détendeur qui règle la pression et le débit de ces gaz.

t) Tous les raccords de la bouteille doivent être absolument étanches afin de prévenir les fuites.

u) Pour s'assurer qu'il n'y a pas de fuites, on doit recouvrir les joints de raccordement avec de l'eau savonneuse — ne jamais employer à cette fin une allumette, un briquet ou de l'huile.

LES CANALISATIONS D'ACÉTYLÈNE ET D'OXYGÈNE

Dans les ateliers de soudure et de coupe d'une certaine importance, on utilise des installations stationnaires dont notre figure 154 donne une excellente idée.


Fig. 154.— Installation stationnaire à postes multiples, pour la soudure.

En ce cas, deux bouteilles ou plus sont raccordées à des canalisations tubulaires (manifolds) approuvées et l'on règle la soupape de chaque bouteille de façon que celle-ci fournisse un volume de gaz proportionnel à celui des autres. Un mano-détendeur est raccordé au point de départ de la tubulure comme le fait voir notre figure 156; il sert à régler la pression et le débit du gaz aux chalumeaux.

Les canalisations servant à amener l'acétylène sont d'acier, avec raccords et robinets de bronze ou de laiton. Comme on peut le voir dans notre figure 155, un clapet de retenue est placé à un endroit approprié de la canalisation afin d'empêcher tout retour de flamme (flashback) qui se produirait dans le chalumeau d'atteindre l'intérieur de la bouteille.


Fig. 155.— Raccordement des bouteilles d'acétylène dans une installation stationnaire.

Dans les grosses installations stationnaires, l'acétylène doit être canalisé comme le montre notre figure 155. Il s'agit ici d'une installation comportant quatre bouteilles. La canalisation d'amenée comporte, au départ:

un tube collecteur (D), une soupape hydraulique (F) destinée à étouffer tout retour de flamme, une soupape de dégagement (B), le tuyau d'échappement (G), le mano-détendeur (E) et les tubes servant à raccorder chaque bouteille au tuyau collecteur (H). Ce dernier est pourvu d'une soupape qui permet de fermer chaque bouteille séparément. Le mano-détendeur est raccordé au tuyau collecteur et au dispositif hydraulique de sûreté au moyen d'un tuyau d'acier qui pénètre au bas de ce diapositif par un clapet de retenu (I).

La soupape de dégagement (B) est placée au-dessus du dispositif de sûreté afin de permettre d'abaisser la pression du gaz au cas où celle-ci dépasserait une limite où il deviendrait dangereux de travailler. 

Le tuyau d'échappement (G) se trouve branché sur cette soupape et assure l'échappement du gaz dans l'atmosphère. Ce tuyau doit être en fer ou en acier et avoir un diamètre de 1 1/2"; il est replié en col de cygne à son sommet, soit à pas moins de 12 pieds du sol. Le collecteur d'acétylène doit être solidement boulonné au plancher, de préférence dans une pièce pourvue de cloisons et plafond à l'épreuve du feu.

En tout cas, l'installation des bouteilles et de leurs raccords doit être à une bonne distance du lieu où s'effectuent les opérations de soudure ou de coupe. Avant d'envoyer l'acétylène dans la canalisation, on veillera à remplir d'eau le dispositif hydraulique de sûreté jusqu'à l'embouchure du tuyau de remplissage (C).

Au moins deux fois par semaine — et plus fréquemment si la consommation de gaz est considérable — on doit s'assurer que ce dispositif contient suffisamment d'eau. De même, on doit s'assurer au moins une fois par semaine que le clapet de retenue (I) fonctionne comme il faut. Lorsque la canalisation doit rester inemployée pendant une assez longue période, on verra à fermer les bouteilles de gaz et toutes les soupapes; on dévissera la vis de réglage du mano-détendeur et on ouvrira la soupape de dégagement (relief valve).

LE COLLECTEUR DE LA CANALISATION D'OXYGÈNE

Le collecteur tubulaire servant à canaliser l'oxygène contenu dans les bouteilles ressemble à celui de l'acétylène, sauf que les clapets de retenue y sont omis. Des collecteurs tubulaires, ayant une capacité de 6 à 40 bouteilles, peuvent exister sur une ou deux rangées pour les installations stationnaires.


Fig. 156.— Raccordement des bouteilles d'oxygène, dans une installation stationnaire.

Les collecteurs sur deux rangées sont munis de deux mano-détendeurs de façon que chaque rangée de bouteilles puisse être utilisée indépendamment de l'autre.

La figure 156 nous donne une idée de la manière dont ces canalisations sont généralement installées. Sur chacune des branches du collecteur se trouve une soupape qui permet de couper l'amenée de l'oxygène et d'enlever le mano-détendeur sans qu'il soit nécessaire de fermer les robinets de chaque bouteille. On doit installer les bouteilles d'oxygène et leurs raccordements dans une pièce séparée de l'endroit où sont placés les mêmes dispositifs servant aux canalisations d'acétylène. Toutes les canalisations d'oxygène doivent être ainsi agencées qu'une soupape maîtresse judicieusement située puisse les fermer entièrement. Ces canalisations permanentes doivent être solidement assujetties au plancher ou aux murs au moyen de tire-fonds ou de boulons. Comme pour les canalisations d'acétylène, si l'installation doit rester inactive pendant une période de plusieurs heures, on devra fermer toutes les soupapes et dévisser la vis de réglage du mano-détendeur.

Les canalisations servant à amener l'oxygène sont installées parallèlement aux canalisations d'acétylène (fig. 154). Dans les deux cas, on se sert de tuyaux en fer noir ou en acier. Alors que les tuyaux d'amenée de l'acétylène sont pourvus à chacune de leurs extrémités d'un dispositif de sûreté, cette précaution n'est pas requise pour les canalisations d'oxygène. Ces dispositifs de sûreté sont faits de disques minces susceptibles de se rompre sous une pression de 50 lbs au pouce carré ; un tuyau d'évent, raccordé à l'ouverture où se trouve le disque en question, se dirige vers l'atmosphère extérieure.

Les tuyaux d'amenée de l'acétylène et de l'oxygène doivent avoir une pente de 1/8" au pied allant des extrémités vers le centre de façon que l'eau qui se condense à l'intérieur puisse être recueillie dans le récipient de la soupape hydraulique (F). Si les canalisations d'amenée sont placées au plafond, le tuyau qui les reliera au raccord de chaque chalumeau devra préférablement être branché en décrivant un demi-cercle à partir du dessus, comme le fait voir notre figure 157.


Fig. 157.— Branchement en demi-cercle des conduites pour empêcher les condensations d'eau d'atteindre le chalumeau.

On peut raccorder toutes ces canalisations en les soudant, mais s'il faut les fileter, on aura soin de sceller tous les joints au moyen de glycérine ou de litharge (minium) en veillant bien à ce qu'il ne s'y loge aucun résidu d'huile.

NETTOYAGE ET TEST DES CANALISATIONS

Une fois que l'installation des conduites d'amenée est finie, il importe, avant d'y faire pénétrer les gaz, d'en nettoyer l'intérieur avec soin et d'en faire l'épreuve afin de s'assurer qu'il ne s'y trouve aucune fuite.

Avant de poser les tubes et tuyaux, on aura pris la précaution de les débarrasser de toute écaille ou saleté; en se combinant avec les gaz, ces matières étrangères peuvent ou s'enflammer ou accélérer la corrosion des parois internes des tuyaux. On peut les chasser par un puissant jet de vapeur, en employant une lotion de tétrachlorure de carbone, ou encore à l'aide d'une solution d'eau chaude additionnée de soude caustique. Cette solution s'obtient en jetant une livre de soude caustique dans un gallon d'eau. Si les raccordements sont effectués au moyen de la soudure, on devra les marteler légèrement afin d'en faire tomber les écailles qui seront ensuite chassées par un jet d'air comprimé ou de vapeur.

Le meilleur moyen de s'assurer qu'il n'existe aucune fuite dans les canalisations d'acétylène consiste à utiliser, aux mêmes pressions qu'elles seront appelées à subir, de l'air comprimé très sec ou de l'azote sous pression. Quelle que soit la substance employée pour cette épreuve, elle doit être envoyée dans la canalisation sous une pression de 40 lbs au pouce carré; l'écoulement doit continuer jusqu'à ce que le mano-détendeur marque la pression de régime normale à l'extrémité de la section à l'épreuve. Les canalisations d'oxygène sont «testées» de la même manière, mais à une pression une fois et demie supérieure à la pression de régime.

En appliquant au pinceau sur les joints des raccords une solution d'eau savonneuse, on se rendra compte, par la formation des bulles, à quel endroit existent des fuites. Lorsqu'on s'est servi de l'air pour vérifier l'étanchéité des conduites d'acétylène, on devra les purger de cet air en y insufflant de l'anhydride carbonique (carbon dioxyde).

PROTECTION DES YEUX

Si vous prenez la peine d'examiner une paire de lunettes de soudeur (goggles), vous remarquerez qu'après quelques semaines d'usage, les verres en sont remplis de points et de rayures. Ces marques ont été causées par la multitude des particules de métal en fusion qui ont atteint la surface du verre et qui, sans la protection qu'il assure, auraient causé de graves blessures aux yeux de celui qui portait ces verres.


Fig. 158.— Lunettes de soudeur au gaz.

Les lunettes de soudeur ne protègent pas seulement contre les étincelles — leurs verres sont colorés ou teintés de telle sorte que les rayons infrarouges et ultra-violets se dégageant de la flamme ne peuvent les pénétrer. Certaines lunettes sont pourvues de verres tirant sur le bleu, d'autres de verres tirant sur le vert; ces verres teintés se trouvent généralement placés derrière un verre à vitre ordinaire qui sert d'écran contre les étincelles et flammèches.

Voici un tableau qui vous aidera à choisir les lunettes appropriées au travail et à l'appareil de soudure dont vous aurez à vous servir:

Il est assez difficile de recommander l'un ou l'autre de ces types de lunettes. La meilleure procédure à suivre, pour le soudeur, est d'essayer celles qu'il croit le mieux convenir au travail à faire et de procéder à son travail pendant quelques minutes. S'il lui faut le moindrement se forcer les yeux, les lentilles sont trop foncées et il devra essayer un numéro plus faible. Par ailleurs, si après quelques minutes d'essai, il aperçoit des taches blanches au moment où il ôte ses lunettes, les lentilles en sont trop claires; il devra essayer un numéro plus fort.

De toute façon, on devra se procurer des lunettes de soudeur bien ventilées et construites d'un matériel léger. Celles dont certaines parties sont en métal doivent être construites de telle sorte qu'aucune pièce métallique ne vienne en contact avec la peau. Pour la soudure à l'arc, les lentilles sont montées dans un casque ou cagoule (helmet), fait de fibre, et qui assure ample protection pour la figure et la tête. Ce dispositif est nécessaire du fait que les rayons ultra-violets produits par l'arc causeraient rapidement de douloureuses brûlures à la peau.

Les lunettes et cagoules doivent être placées de telle sorte que leurs courroies puissent les maintenir fermement en place sans exercer de pression trop forte. On doit veiller à tenir propres les lentilles afin que les yeux n'éprouvent aucune fatigue et qu'ils puissent voir clairement le travail en marche.

Si les lunettes font bien et ont été choisies judicieusement, on devra consulter un médecin ou un oculiste du moment qu'on éprouvera aux yeux une fatigue continuelle. Il faudra s'abstenir de changer de lunettes avec d'autres soudeurs et il est recommandé d'en faire faire la stérilisation après usage si elles doivent être portées par d'autre?

PROTECTION CONTRE LE FEU

On devra faire bien attention de ne pas souder ou couper au chalumeau dans les endroits où le feu est interdit, non plus qu'à proximité des matières inflammables — à moins que ne soient prises des précautions spéciales contre tout danger d'incendie ou d'explosion. Lorsqu'on soude ou qu'on coupe au chalumeau, des flammèches, des scories et du métal en fusion volent à des distances parfois considérables. On devra donc, là où la chose est possible, éloigner des pièces à souder, à couper ou à braser tout matériel susceptible de prendre feu.

Si un déplacement est impossible, il faudra entourer ces matières inflammables d'un écran fait d'amiante ou d'un autre matériau à l'épreuve du feu. Il sera également prudent de stationner un apprenti ou un copain tout près avec un extincteur chimique immédiatement à sa portée.

On dit qu'un chat a sept vies — mais le soudeur n'en a qu'une et il doit y faire attention. L'un des plus grands dangers qui le guettent est celui des explosions — surtout lorsqu'il s'agit de réparer des réservoirs ou autres contenants ayant servi aux substances inflammables ou explosives. De plus, certaines précautions s'imposent dans le maniement même des dispositifs de soudure. On sera donc bien avisé de suivre scrupuleusement les recommandations que voici :

ABSTENEZ-VOUS:

— d'enflammer le chalumeau lorsque les DEUX pointeaux sont ouverts;

— d'employer des appareils où existent des fuites ;

— de souder sans porter vos lunettes protectrices ;

— de suspendre votre chalumeau sur le mano-détendeur ;

— de souder quelque contenant à carburant que ce soit ;

— de vous servir d'outils de fortune;

— de dérégler ou manœuvrer la soupape de sûreté des bouteilles remplies de gaz;

— d'essayer de réparer les soupapes et mano-détendeurs; remplacez immédiatement tout outillage défectueux;

— de déplacer les bouteilles de gaz en les suspendant par leur soupape ou mano-détendeur — servez-vous d'un chariot;

— de souder des pièces coulées où se trouvent des espaces enclos sans vous assurer d'une sortie pour l'air ou les vapeurs qui pourraient s'y former. Appliquer une forte chaleur contre un objet creux non ajouré peut provoquer une explosion;

— de prendre quoi que ce soit pour acquis.

ASSUREZ-VOUS de TOUT AVANT de COMMENCER à SOUDER.

En outre, le soudeur devra veiller aux émanations qui se dégagent du matériel sur lequel il travaille. La calcination de la peinture, par exemple, produit des fumées qui sont chargées de particules de plomb ou de zinc; ces émanations sont toxiques de même que celles que produisent la soudure, le brasage et la coupe du laiton, du zinc et des métaux galvanisés. On prendra bien garde d'aspirer ces émanations en trop forte dose, ce qui pourrait avoir des conséquences fatales.

Lorsqu'on soude en des endroits insuffisamment ventilés, l'absorption de l'oxygène de l'air par la flamme du chalumeau peut à ce point le raréfier que le soudeur risquerait d'y perdre conscience. Pour cette raison, il faudra s'abstenir de travailler en de tels milieux à moins d'y assurer mécaniquement une ventilation suffisante ou que le soudeur soit en mesure de signaler promptement à un assistant stationné tout près qu'il a besoin de secours.

La flamme du chalumeau doit être constamment tenue dans le champ visuel du soudeur qui veillera à ce qu'elle ne soit pas accidentellement dirigée là ou elle pourrait mettre le feu ou causer des brûlures. De même, il faudra surveiller les alentours pour que les flammèches ne causent pas les mêmes accidents.

Au cas où se produirait un retour de flamme (flashback), on fermera immédiatement les deux pointeaux ou valves du chalumeau — celui de l'acétylène d'abord; celui de l'oxygène ensuite. Si l'un des boyaux crève ou est perforé, ou encore lorsqu'en s'échappant le gaz s'enflamme autour du mano-détendeur ou des bouteilles, on devra immédiatement fermer la soupape placée sur ces dernières.

Lorsque possible, le chalumeau doit être allumé à l'aide d'un briquet spécial (fig. 159), d'un bec de gaz d'éclairage ou d'un dispositif semblable. S'il faut absolument employer une allumette, on la placera sur un morceau de métal après l'avoir enflammée et, ensuite, on dirigera le bec du chalumeau vers le feu qui s'en dégage.


Fig. 159.— Briquet spécial, servant à l'allumage du chalumeau.

En coupant des barres et feuilles de métal, le soudeur devra veiller à ce que la partie sectionnée ne tombe pas sur ses pieds ou ne blesse personne d'autre dans sa chute.

De même, on ne devra jamais laisser sans surveillance une pièce de métal fraîchement coupée et dont, en y mettant la main ou quelqu'autre partie du corps, quelqu'un pourrait recevoir de graves brûlures. S'il est impossible de déplacer cette pièce ou de la surveiller, il faudra y mettre une marque — à la craie ou autrement — pour avertir du danger qu'elle présente.

 

 

 

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