Les escaliers et les parquets

Charpente et Menuiserie (1950)

Un escalier est un ensemble de marches servant à faire communiquer entre eux les divers étages d'une maison, d'un édifice.

Il est assez difficile de construire un escalier de manière qu'il soit non seulement un ornement de menuiserie, mais aussi pour qu'il soit commode, accessible et facile à monter.

Dans les conditions les plus ordinaires, on fait souvent des escaliers qui sont plus ou moins raides. On arrive parfois à des pentes qui atteignent 45 degrés, lorsqu'on ne peut faire autrement et que l'on connaît pas mieux. Toutefois ces escaliers seront toujours pénibles à monter et dangereux.

Il en est de même des escaliers de service et escaliers de cave que l'on fait souvent beaucoup trop raides, malgré qu'ils soient destinés à servir plusieurs fois par jour et qu'on doive les monter, le plus souvent, les bras chargés.

L'escalier n'est pas le moindre problème pour l'architecte, pour celui qui le dessine ou fait les plans d'une bâtisse. Celui-ci doit être capable, en effet, de calculer la course d'un escalier aussi bien que de décrire les méthodes de le construire.

La course est la partie d'un escalier qui relie directement un plancher à un autre ou à un palier. (Fig. 210).

Fig. 210.— Course d'un escalier.

Le palier est une surface de plein-pied, ménagée de distance en distance, à chaque étage d'un escalier. (Fig. 211).

Fig. 211.— Escalier à deux courses avec palier.

On entend par cage l'escalier entier, comprenant les courses et paliers qui conduisent d'un étage à l'autre, ou les séries de courses reliant les divers étages.

On entend par marche chaque degré ou pas d'un escalier. La contremarche est une pièce verticale qui ferme le devant d'une marche. Le pas est la surface plane sur laquelle on pose le pied. (Fig. 212).

Fig. 212.— Limon entaillé, marches, nez et contremarches.

L'entaille constitue la hauteur, d'une marche à une autre, et la profondeur d'une marche sur le limon de l'escalier.
Le limon est la pièce de bois posée obliquement dans laquelle sont engagées les marches et contremarches.

La rampe est l'ensemble du limon et de la balustrade à hauteur d'appui, du côté du vide d'un escalier. (Fig. 213).

Fig. 213.— Poteau de départ et rampe d'escalier. (Rampe anglaise).

Le faux-limon est la pièce de bois découpée ou entaillée que l'on fixe contre un mur pour recevoir les marches d'un escalier. ( Fig. 214).

Fig. 214.— Faux-limon, marches et contremarches.

Le nez de la marche est constitué par le bord de la marche légèrement arrondi et qui excède la contremarche de 1 1/4" à 1 1/2" ordinairement avec une légère moulure ou gorge en dessous. (Fig. 212).

CONSTRUCTION DES ESCALIERS

L'entaille ou hauteur d'une contremarche est déterminée par le nombre de marches de l'escalier; on l'obtient en divisant la hauteur totale de l'étage d'un plancher à l'autre.

Ainsi un étage de 10 pieds d'un plancher à l'autre donne 120 pouces. En divisant par 6" (la hauteur d'une contremarche) nous aurons 20 marches.

Ce problème paraît facile au premier aspect mais si la hauteur de la contremarche est 6 1/4", 6 1/2", 6 3/4", 7" ou 7 1/4", le nombre des contremarches peut varier de 19, 18 ou 17 marches avec profondeur en proportion.

La longueur de la course peut être fixée à volonté si l'espace le permet, mais pour que l'escalier soit facile à monter, la course doit être proportionnelle à l'entaille.

Le nombre des marches d'un escalier doit toujours être indiqué sur le plan d'un étage d'une bâtisse. Quant à la hauteur exacte des contremarches en fractions de pouces, elle sera vérifiée sur les lieux avant d'entailler les limons et d'ériger l'escalier.

Les marches ne doivent pas avoir moins de 6" de hauteur et plus de 7 1/2"; un escalier dont les marches ont plus de 7 1/2" est considéré comme un escalier raide.

Plus la contremarche est haute, moins longue doit être la marche; et vice-versa: plus la marche est profonde, moins haute sera l'entaille.

La proportion courante de l'entaille est de 24 pouces, comprenant la somme de la profondeur d'une marche et la hauteur des deux contremarches avoisinantes.

Ainsi si les contremarches ont 6 pouces, la marche aura 12". Si la marche a 11" les contremarches auront 6 1/2". Avec une entaille de 6 3/4" la marche sera de 10 1/2" sans le nez. (Fig. 215).

Fig. 215.— Relations qui doivent exister entre la profondeur des marches et la hauteur des contremarches.

On peut aussi se baser sur la méthode qui consiste à tenir compte de la somme d'une marche et contremarche. Cette "somme" ne doit guère s'éloigner de 17" et 18", le nez de la marche compris. Pour les escaliers extérieurs, le nez ne doit pas être compris.

L'emmarchement embrasse la disposition des marches d'un escalier et aussi la distance entre le mur et la rampe ou entre les deux limons. (Fig. 211).

Aucun escalier ne doit avoir moins de 2 pieds 9" ou 33 pouces de largeur. Pour l'escalier principal, à l'intérieur d'une résidence, une largeur de 3 pieds peut convenir, mais 3 pieds 3" ou 3 pieds 6" sont préférables.

Pour les édifices, les escaliers intérieurs doivent avoir 4 pieds, abstraction faite de l'escalier monumental qui est du domaine de l'architecture.

Marches d'angle. Lorsque l'espace ne permet pas de faire l'escalier d'une seule course ou même avec palier, on a recours aux marches d'angle. Ce ne sont que des marches en forme de triangle dont la partie la plus large est engagée dans le faux-limon qui contourne l'angle du mur. Il ne doit pas y avoir plus de trois marches d'angle droit, et ce afin de laisser un espace pour poser le pied à 12" de distance du poteau de contour. (Fig. 216).

Fig. 216.— Escalier avec marches d'angle.

Aucune marche d'angle ne doit être tolérée dans un édifice public, où les courses ne doivent pas avoir plus de douze marches et où l'on a recours aux paliers ou aux escaliers balancés. (Voir p. 291).

LES ESCALIERS ET LEURS CATÉGORIES

Un escalier peut se faire d'une seule course droite, ou avec marches d'angle. (Fig. 210-216).

L'escalier peut être fait en deux courses avec marches d'angle ou d'équerre avec un palier rectangulaire, ou carré. (Fig. 217). Certains escaliers peuvent être faits à deux courses parallèles, avec paliers, ou contournés avec des marches d'angle. (Fig. 211-216).

Fig. 217.— Escalier avec marches d'équerre et palier.

Si le pan à l'extrémité d'une course se termine par un quart de cercle où un demi-cercle, le faux-limon sera en courbe pour recevoir les marches d'angle.

Escalier fermé. Il arrive souvent que l'escalier monte entre deux murs. Dans ce cas il n'y aura pas de rampes et l'escalier sera constitué par deux faux-limons.

CONSTRUCTION DES ESCALIERS

Les limons des escaliers peuvent être découpés ou entaillés à mortaises pour recevoir les marches ou contremarches — ou les deux à la fois pour la rampe et le faux-limon — et prennent respectivement le nom de rampe anglaise ou rampe française.

Les marches sont d'ordinaire faites en pin ou en merisier selon que l'escalier doit être peinturé ou verni. Elles ont 1 1/2" d'épaisseur, le bord arrondi formant le nez, et sont embrevées dans le faux-limon et le limon extérieur dans le cas d'une rampe française. (.Fig. 218).

Fig. 218.— Rampe française.

Par ailleurs si la marche repose sur le limon de la rampe, qui est découpé, passe par-dessus et se profile à l'extérieur, elle constitue la rampe anglaise. (Fig. 213). 

Les limons sont généralement taillés à l'aide de l'équerre dans des madriers de pin de 2" à 3" d'épaisseur et de 12" de largeur.

Dans le cas d'une rampe à la française, si les limons sont en bois dur, les entailles seront à mortaise et légèrement ébrasées pour recevoir la marche, sous laquelle sera assujetti un coin de bois pour la serrer contre le limou. Il en sera ainsi pour la contremarche dont le coin devra être posé verticalement. Le limon sera donc saillant au-dessus des marches à la façon des escaliers meuniers, portant directement la rampe en bois. (Fig. 212).

Dans la rampe anglaise le limon sera découpé pour recevoir la marche qui passe pardessus et se profile en dehors du limon. La contremarche est posée d'onglet sur le limon, et les barreautins de la balustrade reposent directement sur les marches. (Fig. 213).

La construction des escaliers en bois se prête facilement à des dispositions variées de poteaux, sur la première marche de l'escalier, de même qu'à chaque angle de paliers et de retour dans la direction des emmarchements.

La main courante est une moulure de 3" de largeur par 2" de hauteur qui se prête à la main sur la balustrade à hauteur d'appui, soit à 2 pieds 6" de distance de la marche et, pour les escaliers raides, à des hauteurs variant de 2' 7" à 2' 9". (Fig. 218).

La main courante doit être surélevée sur les poteaux au tournant des escaliers. Sur les paliers, la balustrade doit être à 2' 8" où 2' 10" de hauteur du plancher.

Les balustres sont d'ordinaire en bois dur de 1 3/4" de diamètre et tournées dans leur partie du centre. Elles prennent le nom de barreautins si elles sont de plus petit diamètre et rectangulaires. (Fig. 218).

Le poteau de départ de l'escalier peut avoir en général de 6" à 7" de diamètre, s'il est tourné, ou de 4" à 5" s'il est rectangulaire. On le munit d'une plinthe au bas; une moulure profilée forme le couronnement. (Fig. 213).

Dans les escaliers tournants, le poteau sur lequel porte l'extrémité des marches prend le nom de noyau. (Fig. 216-219).

Fig. 219.— Escalier tournant.

L'échappée est la hauteur comprise entre le dessous du plafond d'un escalier et ses premières marches ; l'échappée ne doit pas avoir moins de 7 pieds de hauteur.

Pour les escaliers anglais une plinthe découpée sur les marches complète le faux-limon et fait suite aux plinthes au bas des murs.

Dans les édifices publics, pour éviter les marches d'angle trop étroites, on a recours aux escaliers dits balancés. La profondeur de la marche de ces escaliers varie de 9" à 18" laissant un pas moyen de 10" à une distance de 18" de la rampe.

LES PARQUETS

La parqueterie est l'art de faire les parquets, qui sont des assemblages de lames de bois à rainures et languettes sur le plancher d'une chambre.

Les planchers des habitations sont faits d'ordinaire en deux épaisseurs: le plancher proprement dit et le parquet.
Le plancher, qui recouvre les solives et entrevous, est fait de bois de seconde qualité.

On utilise à cette fin de la planche d'épinette, de sapin ou de pruche, exempte de pourriture sèche — ou autres défauts susceptibles d'entraîner une rapide détérioration — blanchie sur une face et embouvetée.

Le parquet ne doit se faire qu'une fois les enduits terminés, c'est-à-dire lorsqu'ils sont secs et deviennent absolument blancs.

L'aire du plancher doit être tringlée, surtout si elle n'est pas absolument de niveau. Des

lambourdes de 1"x2 1/2" sont posées parallèlement dans les sens transversal, et bien de niveau, tous les 12" de centre en centre, si le parquet est de 7/8" d'épaisseur; et à tous les 8" de centre en centre, s'il est de 3/4" d'épaisseur, ceci afin d'éviter le craquètement, c'est-à-dire pour l'empêcher de "craquer" sous les pas.

Lorsque le plancher est de niveau on peut employer des tringles de 3/8" d'épaisseur par 2" de hauteur que l'on pose dans le sens de la largeur de la pièce.

On pose souvent un gros papier à construction, à base de bitume ou de paraffine, en dessous des tringles afin de rendre le plancher plus sourd ou pour absorber l'eau qui pourrait être répandue sur le parquet.

Le bois le plus employé pour les parquets, c'est-à-dire pour les planchers apparents d'une résidence, est le merisier. Il est préparé pour cet usage en planches de 2 1/2" et 2 1/4" par 7/8" d'épaisseur et aussi 2 1/4" et 2" x 3/4" d'épaisseur. (Fig. 220).

Fig. 220.— Embouvetage de bois à parquet et façon de clouer les planches entre elles.

Si le parquet est susceptible d'être recouvert de tapis, comme c'est le cas, par exemple, pour les chambres à coucher, le sapin de Colombie, scié transversalement aux "âges" du bois, offre une belle surface, lorsqu'il est préparé en lames de 2 1/2" de largeur par 7/8" d'épaisseur.

On peut aussi employer l'épinette en planches de 3" à 4" de largeur par 7/8" d'épaisseur, blanchies et embouvetées.

Pour les parquets construits directement sur les dalles en béton dont la surface a été nivelée à la règle, on emploie des carrelages en chêne ou en érable de 9" x 9" embrevés les uns dans les autres en sens contraire, d'équerre avec les pans ou en diagonale.

Ces carrelages sont posés sur une couche plastique à base d'asphalte, après que la surface du ciment a été enduite d'une émulsion d'asphalte. (Fig. 221).

Fig. 221.— Carrelage.

Le parquet de merisier doit être fait en commençant par un côté de la chambre. Chevauchant les planches, on les cloue obliquement dans la languette afin de les serrer l'une contre l'autre. De manière que les clous ne paraissent pas à la surface on enfonce les têtes à l'intérieur du bois en les poinçonnant. (Fig. 220).

En approchant les planches pour les emberver, on doit se servir de bouts de planches. On applique ces pièces sur la languette pour frapper avec le marteau ou la hache afin de ne pas laisser de marques sur les arêtes du bois.
Les planchers ou le carrelage sont ensuite sablés.

Cette opération consiste à les aplanir en les frottant avec un gros papier sablé d'abord, puis avec un papier plus fin. Ensuite les parquets sont huilés ou recouverts d'une couche d'apprêt ou vernis pour conserver la teinte du bois.

RÉCAPITULATION

1 — Dans un escalier, où se placent: a) la marche ; b) la contremarche ?

2 — Qu'est-ce qu'un «palier d'angle )) ? Un «escalier à double course » ?

3 — Qu'est-ce qu'on entend par un «escalier raide » et pourquoi faut-il en éviter la construction ?

4 — Décrivez comment on assemble un «carrelage » simple ?

5 — Quelles sont les essences de bois plus généralement utilisées dans la confection des parquets ?

 

 

 

 

 

 

 

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