Les toits

Charpente et Menuiserie (1950)

Charpente des toitures

L'édifice, une fois monté, doit être recouvert. La couverture le protègera contre les intempéries, la pluie et la neige. L'un des problèmes les plus difficiles est de rejeter le plus rapidement possible l'eau à l'extérieur, ou de la faire évacuer par un égout dans le drainage intérieur et, de là, à l'égout public. Il faut prévoir les amoncellements de neige.

La construction d'un toit est plus ou moins influencée par l'apparence que devra avoir l'édifice une fois terminé, son appropriation et le style de son architecture. Il faut tenir compte également de la nature des matériaux employés pour la couverture et du climat.

L'apparence générale d'une résidence, d'un édifice commercial, d'une église, détermine généralement la pente du toit.
Quant aux toits de magasins, entrepôts, usines, etc., la nature et le coût des matériaux en déterminent souvent la forme. Il y a deux sortes de toits:

1 ° Les toits plats dont la pente est inférieure à 10 degrés comme les appentis, les toits à deux versants et les toitures à bassin.

2° Les toits avec pignons et les toitures avec combles.

LES TOITS PLATS

De toutes les toitures, la plus simple est l'appentis. C'est un toit à une seule pente ou versant, dont on recouvre par exemple, une véranda, ou le bas-côté d'une église.

Ce genre de toiture était largement employé dans nos constructions d'avant 1900; pour les bâtisses d'une certaine profondeur elle avait pour inconvénient de favoriser l'accumulation, à sa partie basse, de la glace qui, sous l'effet des gels, formait des glaçons.

Ceux-ci, se détachant au moindre dégel, offrent toujours un danger sérieux pour les piétons. Cette accumulation a encore pour inconvénient de garder l'eau sous la neige à quelques pieds du bord. (Fig. 128).

Fig. 128.— Appentis.

Toitures à bassin. Le toit plat est celui qui répond le plus aux exigences du style moderne que l'on appelle «architecture en plate-bande». Il ne convient toutefois que pour les résidences habitées à l'année, en tout cas, qui sont chauffées en hiver.

Autrement il s'ensuit de graves inconvénients du fait que l'eau, qui gèle à l'intérieur de l'égout du toit, obstrue le drainage. Celui-ci une fois fissuré occasionne des dégâts au premier dégel. (Fig. 129).

Fig. 129.— Toiture à bassin.

La charpente de ces toits repose sur les solives supportant le plafond du dernier étage. Ces solives deviennent de véritables en traits si elles supportent les chevrons qui, dans ce cas, seront de plus petites dimensions.

Si les solives portent directement le toit plat tel que dans le cas d'un appentis, elles deviennent comme des chevrons et doivent avoir les sections aux dimensions requises, et le plafond en dessous peut être suspendu.

PORTÉE MAXIMUM DES ENTRAITS OU CHEVRONS
pour toiture en appentis ou pour entraits supportant une couverture à bassin.

Les pannes sont des pièces de bois posées horizontalement sur la charpente d'un comble; elles reposent sur les fermes, peuvent porter les chevrons ou recevoir la couverture.

Les toitures à bassin se composent de quatre arêtiers posés en diagonale et dont la pente incline vers le centre où commence l'égout du toit.

Les arêtiers peuvent avoir 2" de largeur par 5" ou 6" de hauteur selon qu'ils doivent être supportés par les entraits au moyen de petits poteaux ou jambettes de 2" x 2". Les chevrons dont les dimensions varient de 3" de largeur par 5" ou 6" de hauteur reposent à tous les 24" de centre en centre sur les arêtiers.

La pente, pour une toiture à bassin, ne peut être de plus de 3/4 de pouce et de moins de 1/2 pouce au pied. La même pente est de rigueur pour les toits en appentis recouverts en papier à couverture.

CHARPENTE DES COMBLES

Le plus souvent les bâtisses sont couvertes par des toits à deux versants dont le sommet prend le nom de faîte. Si la maison est plus longue que large la couverture se profile sur la petite dimension et les murs aux deux extrémités se terminent par les pignons, que nous appelons toit français. (Fig. 130).

Fig. 130.—Toit français.

Une maison carrée se couvre d'ordinaire par quatre versants et leurs intersections s'appellent arêtiers; on dit alors qu'elle est couverte en pavillon. (Fig. 131).

Fig. 131.— Toiture à quatre versants avec arêtiers.

Lorsque le bâtiment a la forme d'un rectangle, et si la différence entre les côtés n'est pas très grande, il peut être couvert à quatre versants, dont les pentes seront différentes.

Si l'on veut que les quatre pentes soient les mêmes, deux formeront des trapèzes qui prendront le non de longs-pans et les deux autres des triangles que l'on nomme la croupe. (Fig. 132).

Fig. 132.—Toiture à quatre versants, en croupe.

Lorsque le plan représente le croisement de deux corps de bâtisse d'une hauteur égale leur rencontre ou intersection prend le nom de noue. (Fig. 133).

Fig. 133.— Noue ou intersection de deux combles.

Toit de mansarde. C'est un comble brisé dont le sommet est à deux versants, ou en croupe ; sa partie antérieure oblique et s'amortit au bas. Le plus souvent une lucarne complète la mansarde. (Fig. 134).

Fig. 134,— Charpente de toit à mansarde.

a) Assemblage des chevrons et du faîtage: b) Renvoi d'eau.

a) A noter l'agencement de l'entrait, du chevron et de la sablière. La gouttière est de bois.
b) Autre agencement permettant l'installation d'une gouttière recouverte de cuivre ou de tôle.

ÉLÉMENTS DES COMBLES

La toiture en appentis se compose de trois éléments:

1° une sablière, qui est placée au sommet du mur ou du pan charpenté, ou encore sur des colonnes;

2° une lambourde posée au haut du toit, scellée au mur, puis

3° les chevrons, sur lesquels repose la couverture.

Il peut y avoir des entraits qui ne travaillent qu'à la compression, car l'appentis n'a pas de poussée c'est-à-dire qu'il n'est pas porté à s'écarter du mur. Ses entraits ne servent donc que pour le plafonnage.

Fermes

Dans les toitures à deux versants ou à plusieurs pentes il y a une combinaison de charpente de bois et de tiges de fer qui supportent le faîtage et que l'on appelle fermes. Sur ces fermes sont placées les pannes posées horizontalement et qui reçoivent les chevrons.

Les arêtiers et les noues donnent lieu à des fermes d'arêtiers et fermes de noues. Sur cet ensemble de charpente vient reposer la couverture.

INCLINAISON DES TOITS

La pente la plus éhonomique pour les bâtisses ordinaires est de 9" à 10" au pied; pour les toitures à charpente avec fermes triangulaires, de 7" au pied.

Une couverture en bardeau doit avoir une pente de 6" au pied, tandis que pour les porches extérieurs ou véranda la pente doit se limiter à 4" au pied.

Une couverture en ardoises peut avoir 5" au pied mais une pente plus accentuée est préférable.

On entend par pente aux 2/3 une toiture dont la pente est de 16" au pied ou à 53 degrés; pente à la demi, 13" au pied ou 45 degrés; pente au 1/3, 8" ou 22 degrés; pente au 1/4, 6" au pied ou 20 degrés.

ÉQUERRAGE DES COMBLES

Pour la construction des combles l'équerre est indispensable au charpentier, d'abord pour tracer les abouts des chevrons sur le faîte et à leur base sur la sablière, ensuite pour la construction des fermes et arêtiers.

L'équerrage est l'ouverture de l'angle formé par deux plans adjacents d'une pièce de bois.

L'équerre, en plus de son utilité pour tracer des angles droits, tirer des perpendiculaires, vérifier les aplombs d'après une horizontale, sert encore comme nous le verrons plus loin à déterminer les différents angles pour les pentes des toitures, pour tracer les abouts des chevrons et autres pièces de charpente, et surtout dans le tracé des escaliers pour délimiter le pas, obtenir la pente voulue, tracer les entailles des limons et dessiner les rampes.

Il se fabrique des équerres en fer graduées en pouces, en 8es et en 16es de pouces, ce qui permet d'établir les différents angles.

Un angle se mesure et se détermine par le degré qui est une des 360 parties de la circonférence.

Certains angles sont d'usage courant dans la pratique de la construction, tel, par exemple, l'angle droit ou à 90°, qui correspond à l'équerre.

L'angle de 45° correspond aux onglets des cadres et encadrements. Tout angle peut être obtenu à l'aide d'une équerre graduée en pouces en rapportant sur une lame la longueur appropriée ou en joignant ces points par une oblique de longueur donnée.

Ainsi l'angle de 45° correspond à l'oblique joignant une distance égale sur l'arête de chaque lame. (Fig. 135).

Fig. 135.— Comment trouver un angle de 45 ° grâce à l'équerre.

Pour tracer des angles de 30° et 60° respectivement l'on prend une distance de 7 1/2" sur une des lames d'où l'on mène une oblique de 15 pouces de longueur, le point de rencontre sur l'autre lame (B) correspondant à 30°.

 Réciproquement, un angle de 60° est obtenu à l'autre point (A) de rencontre avec l'équerre. (Fig. 136).

Fig. 136.— Angles de 60 et 70° respectivement, repérés sur l'équerre.

On obtient un angle de 20° en prenant une distance de 8 1/2 pouces et en traçant une oblique de 24 pouces. (Fig. 137).

Fig. 137.— Comment obtenir l'angle de 20° sur l'équerre.

L'angle de coupe d'un chevron reposant sur le faîtage s'obtient facilement par l'équerrage. Après avoir déterminé le degré de la pente du toit, la coupe de la base du chevron (B) s'obtient en traçant une perpendiculaire sur la ligne de coupe du haut (A). (Fig. 138).

Fig. 138.— Angle de coupe d'un chevron obtenu par l'équerrage.

Il en sera de même pour la coupe des abouts de l'arêtier (A), ainsi que l'écharpe taillée au sommet des petits chevrons reposant sur l'arêtier qui aurait un angle de coupe correspondant à l'équerrage de la sablière (B). (Fig. 139).

Fig. 139.— Coupe des abouts et de l'écharpe des chevrons.

Portée maximum des chevrons pour une couverture en bardeau avec pente de 30° et charge de 48 lbs par pied (avec 24" de neige).

La couverture se fait d'ordinaire en planches d'épinette de 1 1/4" d'épaisseur blanchie et embouvetées, posée à coupe perdue sur les chevrons. Le bois doit être de bonne qualité, «saisonné», exempt de pourriture sèche ou autres défauts.

PESANTEUR DES COUVERTURES

Une couverture en planches recouverte de bardeaux pèse de 6 à 8 lbs au pied carré.
Une couverture en tôle sur planches de 1¾" et chevrons 6 à 8 lbs au pied carré.
Une couverture d'ardoise ou bardeau d'amiante 10 à 15 lbs au pied carré.
Une couverture en papier goudronné ou asphalté (built-up roofing) 8 à 10 lbs au pied carré.
Une couverture goudronnée et gravois sur planches de 1¼" : 4 lbs au pied carré.
Si le plafond est latte et crépi en dessous de la couverture on ajoute 6 lbs par pied carré.

COUVERTURES EN BARDEAUX

II y a 500 bardeaux au paquet; 2 paquets donnent donc 1,000 bardeaux.
1,000 bardeaux avec 4" échantillon couvrent 118 pds carrés. Autrement dit, il faut 847 bardeaux par toise.
1,000 bardeaux avec 4½" échantillon couvrent 125 pds carrés. Autrement dit, il faut 800 bardeaux par toise.
1,000 bardeaux avec 5" échantillon couvrent 138 pds carrés. Autrement dit, il faut 720 bardeaux par toise.
1,000 dans un lambris, 5½" d'échantillon couvrent 152 pds carrés. Autrement dit, il faut 655 bardeaux par toise.
1,000 dans un lambris, 6" d'échantillon couvrent 166 pds carrés. Autrement dit, il faut 600 bardeaux par toise.

COUVERTURE EN PAPIER (Ready roofing)

1 rouleau de 12 verges couvre 36 pieds. 3 rouleaux de 36 pieds rouvrent une toise ou 100 pieds carrés.

LES FERMES et leur CONSTRUCTION

Une ferme est une charpente de forme triangulaire, polygonale ou courbe, supportée à ses extrémités par des murs et dessinée de manière que les pièces qui la composent s'opposent à sa déformation. (Fig. 140).

Fig. 140.— Ferme simple.

Une ferme bien construite ne doit pas dépendre, pour sa stabilité, de la rigidité de ses assemblages aux joints, et doit seulement imposer une pression verticale sur les murs.

Le joint d'une ferme est l'intersection de deux ou plusieurs de ses membres.

Par membre d'une ferme on entend toute pièce droite ou courbe qui relie deux joints adjacents. Les membres d'une ferme travaillent sous l'effet soit de la tension, soit de la compression et peuvent être faits de bois de toute section, ou de métal.

Dans le cas d'une ferme droite la pièce joignant le sommet prend le nom de membre supérieur. (Fig. 158).

L'entrait, ou tirant, est une pièce de charpente horizontale solidement fixée aux murs et qui sert à empêcher l'écartement d'une ferme. Il travaille toujours à la tension. (Fig. 141).

Fig. 141.— Position de l'arbalétrier, de l'entrait et du poinçon.

Les arbalétriers sont des pièces de charpente formant le triangle d'une ferme, fixées aux deux extrémités de l'entrait et supportant le faîte d'une toiture (ou le poinçon d'une ferme dans le cas d'un pont). Ces pièces travaillent toujours à la compression. (Fig. 141).

Le poinçon est une pièce verticale reliant dans une ferme le sommet des arbalétriers et le centre de l'entrait. Il travaille toujours à la tension. Les joints entre les arbalétriers sont faits à tenon et à mortaise et sont placés en épaulement sur le poinçon.

L'aiguille pendante est une pièce de fer verticale reliant le sommet des arbalétriers à l'entrait. Elle travaille à la tension. (Fig. 148).

Les jambettes sont des pièces posées verticalement entre l'entrait et les arbalétriers au-dessous d'une panne. Elles agissent toujours à la compression. (Fig. 142).

Fig. 142.— Position des jambettes.

Les contrefiches sont des pièces de bois posées obliquement en partant du pied du poinçon ou de l'aiguille pendante. Leur objet est de soulager l'arbalétrier aux endroits d'une panne. Elles travaillent toujours à la compression. (Fig. 143).

Fig. 143.— Contrefiches servant à renforcir une ferme.

Les moises sont des pièces doubles, fixées verticalement ou obliquement de chaque côté de l'arbalétrier, et qui servent à soutenir l'entrait. Elles travaillent toujours à la tension. (Fig. 144).

Fig. 144.— Position des moises et contrefiches. Ferme belge.

CATÉGORIES DE FERMES

La ferme la plus simple est formée par deux arbalétriers et un entrait, auxquels on ajoute un poinçon. Cette ferme peut convenir à un écartement de 20 pieds. (Fig. 140).

Pour une portée de 20 à 30 pieds on peut supporter l'arbalétrier aux endroits des pannes par une jambette. Lorsque la couverture est légère et n'exige qu'une faible pente on se sert de deux jambettes pour supporter la charge des pannes et de l'arbalétrier sur l'entrait. (Fig. 145).

Fig. 145.— Ferme pour portées de 20 à 30 pieds.

Si l'on veut rendre ces fermes parfaitement indéformables il faut compléter la triangulation et soulager l'entrait par des moises obliques, qui se placent sur le côté de la ferme. (Fig. 146).

Fig. 146.— Jambettes et moises obliques qui rendent la ferme indéformable.

Pour les fermes dont la portée varie de 40 à 50 pieds, l'arbalétrier supportant 3 ou 4 pannes doit représenter une dimension suffisante pour résister à la flexion. Si l'on place des jambettes vis-à-vis les pannes, on pourra soulager l'arbalétrier et rendre la ferme indéformable par des moises obliques soutenant le pied de chacune des jambettes.

Ces fermes, avec poinçon et moises obliques, peuvent être classées comme type de fermes françaises. (Fig. 147).
On peut aussi soutenir l'arbalétrier par une contrefiche placée entre sa partie supérieure et le pied du poinçon et par une jambette à sa partie inférieure.

On complètera cette ferme en disposant la jambette de façon qu'elle joue le rôle d'une contrefiche, et soutenir le pied par des moises verticales ou moises pendantes. On obtient alors le type de la ferme belge. (Fig. 144).

Si, dans une ferme, on place obliquement la jambette en la disposant perpendiculairement à l'arbalétrier, celui-ci deviendra une véritable poutre renforcée. Cette ferme rappellera celle du type Polonceau à une seule bielle, le poinçon pouvant être supprimé. (Fig. 147).

Fig. 147.— Ferme française.

Si, au lieu des moises comme nous l'avons vu pour la ferme belge, on se sert d'une aiguille pendante, on aura une ferme américaine. Prenant comme point de départ une ferme composée de son entrait, de ses deux arbalétriers et d'une aiguille pendante (tige en fer remplaçant le poinçon), nous avons une ferme qui peut convenir à un écartement de 20 pieds.

Si l'écartement doit dépasser une portée de 30 pieds il devient nécessaire de supporter les arbalétriers par des contrefiches qui joignent le centre de l'arbalétrier au pied du poinçon. Les joints des contrefiches sur l'entrait se feront sur un étai. (Fig. 148).

Fig. 148.— Ferme américaine.

Lorsque l'entrait supporte un plafond ou une charge quelconque il faut y ajouter des aiguilles pendantes joignant le haut de la contrefiche à l'entrait sous l'arbalétrier. (Fig. 149).

Fig. 149.— Type de ferme avec aiguille pendante. Ferme américaine.

Cette dernière ferme est du type "King rod truss" et peut couvrir des écartements variant de 40, 50 et 60 pieds. Il suffit, selon le cas, de multiplier le nombre des contrefiches et des aiguilles pendantes. Une ferme à deux contre-fiches de chaque côté du poinçon est pratique pour une portée de 35 à 40 pieds.

Une ferme à trois contrefiches de chaque côté, donnant huit panneaux, peut avoir une portée de 45 à 60 pieds en ayant soin de contrebuter la dernière contre-fiche tout en renforcissant le bas des arbalétriers. (Fig. 150).

Fig. 150.— Ferme non symétrique.

L'assemblage des arbalétriers sur l'entrait se fait par embrèvement dont la résistance ne dépend que des boulons. L'about de l'arbalétrier est taillé en biseau pour abuter sur un épaulement ou entaille à quelques pouces de l'extrémité de l'entrait, sur lequel il est boulonné.

Si la ferme a une portée de plus de 20 pieds on insère un bloc triangulaire dans l'angle inférieur de l'arbalétrier pour soulager l'entrait. (Fig. 151).

Fig. 151.— Assemblage de l'arbalétrier et de l'entrait.

Ce sabot en bois est réuni aux deux pièces avec deux boulons et ancré dans le mur.

Fig. 152.— Assemblage de l'aiguille pendante et des contrefiches.

Les arbalétriers viennent s'appuyer en embrèvement, au sommet de la ferme, sur le poinçon. L'assemblage des arbalétriers peut se faire au moyen de ferrures, boulons et platines, ou encore avec des étriers en fer. (Fig. 153).

Fig. 153.— Assemblage au sommet de la ferme, du poinçon avec les arbalétriers.

FERMES sans ENTRAITS

II est souvent utile, lorsque l'on établit un comble, de supprimer l'entrait de la ferme pour augmenter la hauteur libre dont on dispose. Les fermes doivent alors être constituées de manière à ne pas exercer de poussée contre les murs ou poteaux qui les supportent.

II suffit de relier le pied de chaque arbalétrier au poinçon par une pièce jouant le rôle de tirant. On prolonge chacune de ces pièces jusqu'à la rencontre de l'autre arbalétrier au-dessous de la première panne. Cette ferme sans entrait, qui est la plus simple, peut convenir à une portée de 20 pieds. (Fig. 154).

Fig. 154.— Ferme sans entrait d'une portée de 20 pieds.

Pour une portée de 25 à 30 pieds, la pièce qui supplée à l'entrait, et que l'on appelle entrait brisé, est supportée directement en-dessous de la première panne par une aiguille pendante et une contrefiche. (Fig. 152-155).

Fig. 155.— Disposition de l'entrait brisé et des aiguilles pendantes.

Jusqu'à 50 pieds de portée, les fermes à tirant brisé sont assez simples et de construction facile. Une jambe-de-force servant de contreventement remplacera la dernière aiguille-pendante, reliant ainsi la ferme au poteau ou colonne qui la supporte. (Fig. 156).

Fig. 156.— Ferme portant chevrons.

FERMES MIXTES, CHARPENTÉES DE BOIS ET D'ACIER

La ferme à tirant brisé peut se composer de deux arbalétriers en bois, avec jambette de bois et tirant-brisé en fer. Cette ferme a une apparence légère et est très pratique comme construction. On peut l'utiliser pour les toits en bois d'une portée variant de 25 à 36 pieds.

Elle est plus économique qu'une ferme entièrement en fer. Ses joints sont faits au moyen de bielles et boulons avec vis-en-lanterne au centre. La bielle est une tige de fer avec, à ses extrémités, des œillets assemblés par une goupille. (Fig. 157).

Fig. 157.— Ferme mixte: bois et acier avec vls-en-lanterne.

FERMES PORTANT CHEVRONS

Parfois il est plus économique — surtout lorsqu'il y a un plafond — de poser la couverture de bois directement sur les fermes, qui servent à la fois de chevrons en ce cas et sont espacées de 24" à 30" de centre en centre. Cette méthode offre l'avantage de distribuer la charge également sur les murs et sans aucune poussée.

Le plafond (ou la voûte) peut être cloué directement en dessous, comme dans le cas d'une chapelle ou salle d'assemblée. Les fermes portant chevrons peuvent avoir une portée allant jusqu'à 35 et 40 pieds selon l'épaisseur du bois qui les compose. Les arbalétriers de ces fermes sont, d'ordinaire, faits en planches clouées en deux épaisseurs. (Fig. 156).

FERMES HORIZONTALES OU DROITES

Pour les toits plats, avec ou sans plafond, la ferme droite est tout indiquée si la portée ne doit pas dépasser 60 à 80 pieds. Cette ferme est connue sous le nom de ferme "Howe", ou "Howe truss". Elle se compose de six panneaux ou plus.

Les panneaux sont les espaces compris entre les aiguilles pendantes avec contrefiche.

La hauteur d'une ferme droite doit être prise au centre des membrures parallèles et ne doit jamais être moindre du 1/9 de sa longueur pour une portée de 35 pieds et de 1/10 pour une longueur de 40 à 80 pieds. Comme règle générale 1/6 à 1/7 de la portée est plus économique.

Le nombre des panneaux doit être tel que les contrefiches aient une inclinaison de 45 degrés et qu'elles soient de nombre pair.

PRINCIPE DE LA FERME DROITE

Lorsque les membrures d'une ferme et ses aiguilles pendantes sont chargées symétriquement de chaque côté du centre, la contrefiche C (Fig. 158) supporte la moitié du poids, la contrefiche B le poids P2 + P1 et le membre extérieur oblique supporte la charge P2 + P1 + P. Ainsi la résistance des aiguilles pendantes en tension sera augmentée proportionnellement à la distance verticale du centre de la ferme aux extrémités, comme pour les contrefiches en compression.

Lorsqu'il n'y a sur l'entrait aucune charge (plafond ou autre chose) l'aiguille pendante du centre et les deux voisines n'ont pour ainsi dire qu'à supporter l'entrait; elles doivent, dans ce cas, avoir de 3/4" à 7/8" de section. Les sections des membrures du haut et de l'entrait doivent être proportionnelles à leur charge et à leur longueur. Il en est ainsi des contrefiches qui doivent augmenter d'épaisseur en s'approchant des extrémités.

Les fermes droites sont généralement espacées de 12 pieds de centre en centre pour les portées allant jusqu'à 60' en les rapprochant de 2' par 5' additionnels de portée. Le point de raccordement de la dernière contrefiche et l'embrèvement de l'entrait doivent toujours se faire sur le point d'appui et préférablement à 6" de la face intérieure du mur. (Fig. 158).

Fig. 158.— Ferme droite d'une portée de 35 à 40 pds.

Comme exemple prenons les dimensions d'une ferme droite à 6 panneaux qui répond le plus à la demande. (Fig. 158).

Portée: 35 à 40 pieds.

Distance des fermes: 12 pieds. Hauteur: 6 pieds. Section de la membrure supérieure: 6" x 7". Entrait: 6" x 8". Membres obliques aux extrémités: 6" x 6". Contrefiche B: 6" x 4". Contrefiche C: 6" x 3".

Aiguille pendante du centre: 3/4"; la voisine 7/8" et la dernière à l'extrémité: 1" avec platines au bas et au sommet d'un quart de pouce ou 1/2" d'épaisseur et de 5" > 5" percées pour convenir à la tige.

CONTREVENTEMENT

Une ferme est pour ainsi dire un pan de charpente et ne présente par elle-même aucune stabilité transversale. Les fermes doivent donc être maintenues en place par une pièce horizontale que l'on dispose parallèlement au faîtage sur l'entrait.

Pour plus de solidité, on peut ajouter, dans le rectangle formé par le faîtage, cette pièce horizontale et deux poinçons avec une ou deux pièces en diagonale formant une croix de Saint André. Ceci constitue le contreventement pour les fermes triangulaires. Il en est de même pour les fermes droites que l'on contrevente au centre, ou aux deux tiers de chaque côté, selon la longueur de la ferme. (Fig. 161). 

Fig. 159.— Fermes de longue portée érigées sur les poteaux.

Fig. 160.— Comble de grange sans entraits, avec "brisls".

Fig. 161.— Contreventement des fermes.

Fig. 162.— Aspect des fermes d'un toit avec lucarne.

Fig. 163.— Deux styles populaires de lucarnes.

RÉCAPITULATION

1 — Qu'est-ce qu'un toit en appentis ? Un toit français ? Un toit à quatre versants ?

2 — A quoi servent les arêtiers ?

3 — Dans quelle pièce de charpenterie entrent: a) les arbalétriers; b) les entraits; c) les poinçons ?

4 — Comment peut-on obtenir des angles de 30 et 60 degrés respectivement sur l'équerre ?

5 — Pourquoi et comment contrevente-t-on les fermes ?

 

 

 

 

 

 

 

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