Traitement du bois

Charpente et Menuiserie (1950)

Bois non flotté. L'emploi de l'eau chaude peut suppléer au défaut de flottage. Il suffit de laisser séjourner les pièces de bois dans l'eau chaude durant dix jours ou plus. On utilise d'ordinaire des auges métalliques reliés à un réchauffeur d'eau.

Les bois susceptibles de pourriture sèche peuvent être immergés dans de l'eau salée durant quelque temps.
Les bois atteints de vermoulure doivent être injectés de térébenthine, de benzine ou de pétrole; l'on mastique les petits trous lorsqu'ils sont secs.

Fig. 28.— Installation servant à chlorer et à créosoter le bois.

 

Pour plier et courber les bois qui sont plus ou moins flexibles, on les passe à la vapeur (Fig. 29) ou on les laisse tremper quelque temps dans de l'eau bouillante, puis on les plie sur un gabarit et on les fixe pour qu'ils gardent leur forme.

Fig. 29.— Chaufferie à vapeur pour faire sécher le bois plus rapidement. (Kiln).

Si le bois est employé en billes, pour la construction des camps ou des maisons en bois rond, la créosote, ou encore un produit connu sous le nom d'Osmose, appliqué sur leur surface extérieure, les feront se conserver indéfiniment.

Afin d'éviter la carie des pièces qui reposent directement sur la terre, ou y sont enfouies, on les enduit d'une couche d'émulsion d'asphalte ou de bitume.

S'il s'agit de changer l'aspect du bois, différentes substances chimiques sont employées à cet effet: le chlore blanchit le bois, l'acide azotique le rougit; l'acide sulfurique le noircit et le rend gommeux; la potasse le dissout.

LES BOIS DE STRUCTURE

Quoique nous ayons une très grande variété de bois dans la Province de Québec, il en est comparativement peu qui soient employés dans la construction. Parmi ces bois un certain nombre diffèrent entre eux par leurs caractéristiques et selon l'usage qu'on veut en faire.

Pour les pièces de bois qui doivent reposer directement sur le sol ou y être enfouies telles que les soles et les pilotis, il faut un bois comme le cèdre, qui résiste au contact de la terre et de l'humidité.

Les œuvres qui sont exposées à l'eau, telles que les pilotis et les palplanches, exigent un bois qui résiste à i'eau, d'une certaine rigidité et offrant assez de résistance pour qu'on puisse les enfoncer dans le sol sans les détériorer; l'orme, la pruche sont tout désignés pour ces travaux.

Pour les pièces de charpente telles que poteaux, colonnes, poutres, solives, entraits et fermes, qui nécessitent de bonnes dimensions et une certaine résistance, on emploie l'épinette et le sapin de Colombie. Dans les charpentes communes et petites, le sapin peut être employé s'il est de bonne qualité.

Pour les boiseries extérieures, qui exigent un bois qui se travaille facilement et qui peut résister aux alternances de sècheresse et d'humidité (ouvertures, portes et fenêtres) le pin, ou encore le cyprès, offrent un très bon matériel.
Pour les lambris extérieurs en planches "à clin" (clapboard), l'épinette est le bois tout désigné. Jl se conserve très bien lorsqu'il est peinturé et offre un bel aspect.

Pour les couvertures de bâtisses, les bardeaux de cèdre sont les plus durables. Ceux de pin jaune sont de moindre durée.

Quant aux menuiseries intérieures, nous verrons plus loin les bois qui sont ordinairement employés pour leur mise en œuvre.

MESURAGE DU BOIS

Le bois abattu se vend souvent sur les lieux où il est mesuré avant qu'il soit flotté ou expédié pour le sciage, la pulpe ou le chauffage.

Le bois de pulpe est coupé en grumes de 4 pieds de longueur et que l'on vend à la corde. Le bois de chauffage est coupé en grumes de 2 pieds; il se vend à la corde et souvent sectionné en deux, c'est-à-dire en bûches d'un pied de longueur puis fendu avant d'être livré au consommateur.

La corde de bois mesure 8 pieds de longueur par 4 pieds de hauteur et 4 pieds de largeur. La demi-corde est de 2 pieds de largeur ou 4 pieds par 4 pieds de hauteur et 4 pieds de largeur.

Pour le bois de charpente, le madrier et la planche se mesurent au pied de surface courante (board measure) de 1" d'épaisseur, et se vendent au mille pieds.

Le madrier est un plançon de 2" à 3" d'épaisseur par 6" à 12" de largeur et de 10 à 12 pieds ou 14 à lô pieds de longueur, en pin, épinette ou sapin.

La planche est une pièce de bois sciée en long d'un pouce d'épaisseur, de 4" à 12" de largeur et 12 pieds de longueur; elle se mesure au pied courant d'un pouce d'épaisseur et se vend au mille pieds.

Le bois blanchi est une planche dégrossie et redressée au rabot ou corroyée à la machine; son épaisseur varie de 3-4, 7-8 à 1¼" avec languette et rainure.

La planche délignée n'est pas blanchie mais tirée de largeur exacte sur ses petites faces.

DÉBITAGE ET SCIAGE DU BOIS

Nous avons vu que l'abatage du bois se fait au moyen de la hache, puis que les troncs sont ensuite coupés de la longueur voulue au moyen de la scie à tronçonner, ou godendard.

Les scies

Les scies ne sont que des lames d'acier longues et étroites pourvues de dents, montées dans une armature de bois ou de fer, et dont on se sert pour partager les pièces de bois en plusieurs morceaux. (Fig. 30).

Fig. 30.— Scie montée sur un cadre d'acier.

Voie de scie

On appelle voie ou chemin de scie l'épaisseur de la scie comptée en dehors des dents, qui sont légèrement dévoyées alternativement de chaque côté. La voie doit toujours être plus large que l'épaisseur de la lame, afin d'éviter les frottements latéraux qui causeraient réchauffement de l'outil.

Fig. 31.— Voie et angle des dents d'une scie de long.

La voie ne doit cependant pas dépasser le double de l'épaisseur des dents; cela risquerait de produire un vide pendant le sciage. Un certain jeu entre la lame et le trait de scie est nécessaire; il permet à la sciure de bois logée dans l'espace qui se trouve entre les dents d'être entraînée hors du trait de scie.

La voie doit être plus large pour les bois tendres et humides, parce que la sciure y est plus abondante. Toutes les dents d'une scie, pour travailler également, doivent avoir même forme et même voie.

La scie à tronçonner coupe le bois perpendiculairement aux fibres dans une forte épaisseur. Ses arêtes latérales travaillent sur toute la longueur et agissent dans les deux sens. Ses dents doivent avoir un profil symétrique et être alternativement affilées d'un côté sur les deux faces de la lame. Les dents sont dévoyées de façon que leur tranchant soit placé à l'extérieur. (Fie. 32).

Fig. 32.— Voie et angle des dents d'une scie à tronçonner.

Pour les bois tendres, l'intervalle entre les dents doit être augmenté afin de pouvoir loger la sciure de bois, qui est plus abondante, et lui permettre de se dégager. (Fig. 33).

Fig. 33.—Lames de scies à tronçonner.

La scie à tronçonner qu'on appelle godendard est manœuvrée par deux hommes. Cet outil se compose d'une lame plus haute au centre, car les dents s'usent vite au milieu et demandent à être aiguisées plus souvent. Il est muni à ses deux extrémités d'un manche vertical en bois. Pour la commodité de ceux qui s'en servent les manches peuvent cependant se placer à différents angles par rapport à la lame. (Fig. 34a et 34b).

Fig. 34a.— Le godendard à main.

Fig. 34b.— Godendard mécanique.

La scie en long débite les bois suivant la direction des fibres, ou selon le sens du bois. Le «travail» interne du bois étant peu considérable, c'est l'arête du sommet des dents de la scie qui vient en contact avec les fibres et les coupe. Cette scie ne travaille que dans un sens, c'est par la pression de la pesanteur, en poussant ou en pressant du bras qu'on attaque le bois à chaque descente de l'outil. (Fig. 31 et 36).

Pour les bois tendres, l'angle des dents d'une scie en long doit être assez aigu; l'une des faces reste normale par rapport au trait de scie, l'autre est inclinée sur ce trait. (Fig. 35b et 37).

Pour les bois durs, l'angle du sommet doit être encore plus accentué; en aiguisant les dents, on leur donne un biseau plus ou moins aigu, selon que le bois est plus ou moins dur. (Fig. 35a et 38).

Fig. 35a Fig. 35b
Angles des dents d'une scie.

Fig. 36.— Scie en long.

Fig. 37, 38 et 39.— Diverses lames de scies.

Afin de mieux loger la sciure entre les dents des scies en long, il arrive souvent qu'on en courbe les dents en bec de perroquet. (Fig. 39). Comme pour toutes les scies, les dents d'une scie en long doivent être plus ou moins dévoyées selon qu'on les destine à des bois plus ou moins durs.

Pour scier les grosses pièces en long, surtout celles d'une certaine longueur, on emploie la scie à cran ou à cadre. La scie à cran se manœuvre par deux hommes. Sa lame est plus large dans le haut que dans le bas. Elle ne travaille que

La scie à cadre est plutôt employée dans les sciages en long qui exigent des traits courbés et elle ne travaille que verticalement. La hauteur de la lame est uniformément de 3-8 à 7-8 de pouce, et la voie varie de 1-32 à 1-16 de pouce environ.

Elle est montée sur un cadre formé de deux pièces transversales, sur le centre desquelles elle est fixée et tendue par le jeu de coins de bois. Les montants, de chaque côté, servent de manche que l'on tient par le milieu. Cette scie travaille dans la descente et se manœuvre à deux mains par un seul homme, quelquefois par deux hommes, dans le cas de très grosses pièces.

SCIAGE MÉCANIQUE

Les scies circulaires rendent de grands services pour le débitage du bois dont le diamètre dépasse 12 pouces. Elles se prêtent très bien au tronçonnage rapide et coupent le bois dans les deux directions, c'est-à-dire sur le long et le travers. Elles produisent un travail énorme, s'usent uniformément à leur circonférence. Leur installation est très économique, surtout lorsqu'on peut les actionner par l'eau, par un moteur électrique, un moteur au gaz de bois (gazogène) ou un diésel. (Fig. 40 et 41).

Fig. 40.— Scie circulaire servant à débiter le bois dans le sens de sa longueur.

Fig. 41.— Scie circulaire servant à tronçonner le bois.

Les scies circulaires sont composées d'un disque d'acier muni de dents. Comme elles tendent à gauchir et à osciller sous la résistance du bois, elles doivent être assez épaisses. Le diamètre du disque doit égaler deux fois et demi l'épaisseur des pièces à scier.

Fig. 42.— Banc de scie pour débiter le bois de chauffage et le bois à pulpe.

Dans les grandes scieries on installe des scies circulaires munies de dents interchangeables, (Fig. 43) et qui permettent au besoin de remplacer, sans avoir à enlever la scie de son arbre de couche, les dents dont la tranche est émoussée.

Fig. 43.— Scie circulaire munie de dents interchangeables.

Ces dents permettent au diamètre de la scie de rester constant en dépit d'aiguisages répétés.
Les scies circulaires sont plutôt dangereuses à manœuvrier et demandent relativement beaucoup d'énergie motrice, de «pouvoir». Aussi est-il nécessaire de guider le bois par rapport à la lame.

On emploie en conséquence un guide ayant la forme d'une nageoire de requin. Ce guide se rapproche à volonté de la scie au moyen d'un pas de vis ou d'un autre dispositif.

Quelquefois l'axe horizontal de la scie, au lieu d'être fixe, est mobile, ce qui donne l'avantage de scier toute sorte de bois en long et en travers, d'équerre ou d'onglet.

Pour le débitage, on utilise un charriot (carnage) mobile, et mu, soit par un engrenage, soit par un piston à vapeur dont la longueur peut atteindre jusqu'à 30 pieds. (Fig. 19).

Les petites scies à ruban sont employées pour le découpage du bois, qui s'effectue suivant les contours d'un dessin tracé. Leur emploi exige des ouvriers habiles. Elles donnent un travail continu. Pour les bois tendres on adoptera une denture à crochet, et pour les bois durs une denture à gencives. On se sert également des grandes scies à ruban (band saws) pour débiter le bois en planches comme nous l'avons (Fig. 17).

RABOTAGE MÉCANIQUE

Le bois, une fois scié en planches, est passé sur la machine à corroyer (sur le «planeur») qui le dégrossit. Ce travail s'effectue le plus souvent à la machine. C'est ainsi que le planeur (Fig. 44), sert à polir la surface des planches. L'embouveteuse (Fig. 45), découpe dans les côtés (les petites faces) les languettes et les rainures qui faciliteront l'assemblage, tandis que le planeur-embouveteur (Fig. 46) effectue ces deux opérations simultanément.

Fig. 44.— Planeur.

Fig. 45.— Corroyeur-embouveteur.

Fig. 46.— Planeur-embouveteur.

Le corroyeur (Fig. 47) polit les petites faces de la planche ou du madrier qu'on lui présente.

Fig. 47.— Corroyeur.

Ces appareils accomplissent leur travail au moyen de couteaux rotatifs à grande vitesse. La qualité du bois ouvré au moyen de ces machines dépend, dans une large mesure, du bon affûtage et de l'alignement parfait des couteaux. L'outil qui fait le rabotage est monté sur un arbre animé d'un mouvement de rotation rapide.

La pièce de bois se déplace sur un convoyeur et est entraînée par des rouleaux à fine denture vers les fers à raboter. Les couteaux rectilignes, montés sur un porte-outil, se présentent sur la surface à raboter à un angle de 45 °. Les fers à raboter se fixent sur le porte-outil à l'aide de boulons. Le bois est plané, puis ensuite blanchi; s'il doit être appareillé, la machine est munie de bouvets latéraux à languettes et à rainures, ou autres fers susceptibles de produire des moulures.

RÉCAPITULATION

1 — Quels avantages assure le traitement du bois à la créosote ?

2 — Pour les soles, les pilotis et autres pièces qui doivent reposer sur le sol où y être enfouies, quelles essences de bois sont particulièrement recommandées ?

3 — Quelles essences conviennent le mieux:

a) pour les œuvres exposées à l'eau ?
b) pour les colonnes, poutres, solives, entraits et fermes ?
c) pour les boiseries extérieures ?

4 — Que signifient les expressions:

a) «bois blanchi»?
b) «tiré de largeur» ?

5 — Quelle différence doit-il y avoir entre les dents d'une scie à tronçonner et celles d'une scie de long ?

 

 

 

 

 

 

 

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