L'Abitibi-Témiscamingue est une région de contrastes où les paysages, le climat, la faune et la flore sont le reflet d'une lente transition du sud vers le nord. Cette transition est marquée par la séparation des cours d'eau de la région en deux grands bassins hydrographiques: celui du Saint-Laurent et celui de la baie d'Hudson. Au sud du Témiscamingue, le relief est accidenté; ces terres bien drainées sont peu propices au développement de milieux humides de grande superficie. Dans la majeure partie de l'Abitibi et au nord du Témiscamingue, il y a la grande plaine argileuse dont le relief est légèrement ondulé. L'imperméabilité de ces argiles lacustres, le peu de relief présent, le faible drainage de ces terres et la richesse des eaux de surface en éléments minéraux ont favorisé le développement de milieux humides importants.

Les plans d'eau de cette enclave argileuse se distinguent par leur faible profondeur, leurs eaux riches en sédiments (eaux troubles et laiteuses) ainsi que par leurs importants marais et marécages développés dans les zones abritées. Bon nombre d'entre eux sont dominés par la quenouille, le myrique baumier et le saule. Plusieurs de ces marais s'édifient également le long de ruisseaux et des petites rivières composant des "réseaux dendritiques" (en forme d'arbres) sculptés à même les sédiments argileux. Les marais de la région constituent des aires importantes pour la sauvagine, les mammifères semi-aquatiques (rats musqué...) et le grand brochet. Les plus importants se situent au lac Abitibi, au lac Duparquet, le long de la rivière Kinojévis (secteur de Rouyn-Noranda), le lac Routhier et le lac Vallet. Au Témiscamingue, dans le bassin de l'Outaouais inférieur, le lac des Fourches supporte l'un des plus vastes marais de la région.

Les tourbières sont également bien représentées dans cette région. Bon nombre appartiennent au régime ombrotrophe et supportent une végétation arbustive (éricacées) ou arborescente (épinette noire). Les tourbières minérotrophes, localisées dans les zones d'écoulement, recèlent une flore riche dont la présence est nettement associée aux riches dépôts minéraux argileux avoisinants et sous-jacent aux tourbières. L'une d'elles, la tourbière minérotrophe Desboues, a été décrétée réserve écologique en 1992 (réserve William-Baldwin).

L'activité minière, concentrée principalement entre les villes de Rouyn-Noranda et de Val-d'Or, a des incidences négatives sur certains plans d'eau de la région. Quelques sites modifiés par cette activité se sont néanmoins transformés en nouveaux habitats productifs en espèces végétales et fauniques; c'est le cas notamment de la rivière Piché, à Dubuisson, et à Rouyn-Noranda, de l'étang Stadacona.

Peu de milieux humides de l'Abitibi-Témiscamingue ont été aménagés afin de recevoir les visiteurs; cependant, la facilité d'accès à plusieurs de ces sites et leur omniprésence dans le paysage "témiscatibitien" peuvent compenser cette lacune. On retrouve aussi quelques aires protégées, dont le parc provincial d'Aiguebelle.

Jean Gagnon, botaniste
Ministère de l'Environnement du Québec

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