Les machines complexes - Introduction
Les machines couplées ou complexes
Examinez soigneusement le dessin humoristique de la fig. 97 et lisez bien le mode de fonctionnement de cette machine complexe, inventée par un marin pas trop "vaillant" nommé Oscar.
L'eau de mer qui s'engouffre dans le hublot est captée par le casque "1" suspendu à une bande élastique. A mesure que l'eau s'accumule dans le casque, le caoutchouc de la bande s'étire, avec le résultat que le poids du casque fait pivoter la lance "2", dont la pointe provoque la culbute d'une boîte de graines d'oiseau "3". Les graines tombent dans -la cage "4" du perroquet qui se penche pour les manger. En ce faisant, le perroquet actionne le levier "5" assujetti à son corps; le levier exerce sur la ficelle «6» une traction qui amène le déclic de l'arc "7" dont la flèche, en se projetant violemment contre la porte du hublot, amène la fermeture de celle-ci. En se fermant, la porte du hublot produit suffisamment d'air pour tourner la page du calendrier "8" sans que l'équipage ait à s'en occuper!
Dans l'intervalle, l'eau qui pénétrait par le hublot a mis en mouvement les aubes du moulinet "9" relié par un axe à des engrenages "10". L'un de ces engrenages provoque l'enroulement de la ficelle "11" autour du tambour "12" et, en ce faisant, tire la couverture sur l'inventeur de la machine. En même temps, la manivelle "13" tire sur la corde "14" qui, soulevant la planchette sur laquelle repose le réveille-matin "15" fait culbuter celui-ci dans un seau rempli d'eau ...
Mais au cas où il se produirait à un point ou l'autre de cette mécanique une défectuosité quelconque, l'inventeur a eu soin de placer sous le casque une cheville "16" qui le ferait basculer de manière que son contenu se déverse dans l'entonnoir "17". Cet entonnoir est agencé de telle sorte que l'eau, en y pénétrant, inondera le visage d'Horace, copain de l'inventeur, qui dort au-dessous de lui. De toute façon, si la patente d'Oscar refuse de fonctionner comme il l'espère, Horace va certainement s'apercevoir que le hublot est ouvert et il ira le fermer, à moins qu'il ne s'aperçoive du truc et qu'il ne fasse passer un mauvais quart d'heure à son astucieux compagnon . . .
Pour revenir aux choses sérieuses, on peut dire que l'invention d'Oscar est assurément une machine complexe. Mais en y regardant d'assez près, on se rend vite compte qu'il a fait usage de plusieurs machines élémentaires pour mettre au point son invention. Il s'est servi de deux ou trois leviers, de plusieurs palans, d'un train d'engrenages et du plan incliné.
Par son absurdité même, ce croquis humoristique attire l'attention sur le fait qu'une machine complexe est tout simplement une combinaison de deux machines simples ou plus, agencées de manière à pouvoir accomplir le travail qu'on veut lui faire faire. Peu importe que la machine soit grosse ou compliquée, vous pouvez toujours trouver comment elle fonctionne si vous saisissez bien le principe de toutes les machines simples dont elle est constituée. Comme nous l'avons fait tout à l'heure avec la patente d'Oscar, ce qui importe, c'est de commencer toujours par le point où l'énergie est appliquée, puis de procéder ensuite, étape par étape, vers le point où l'effet se produit.
L'un des principaux secrets pour réussir dans ce genre de recherche, c'est d'apprendre tôt à reconnaître les machines simples qui servent à réaliser une machine complexe. En observant et en réfléchissant comme il faut, on arrive à prévoir ce qui se produira du moment qu'une force sera appliquée à un point quelconque d'une machine simple. Si Ton procède par étape dans cette analyse on se rend vite compte que les machines complexes n'offrent rien d'insurmontable ou de mystérieux.